Ecrire que le colonel Beltrame est mort "lors d'un attentat terroriste" c'est à peu près aussi bas que d'écrire que les enfants juifs gazés à Auschwitz sont morts "lors de la Deuxième Guerre mondiale"<!-- --> | Atlantico.fr
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Terrorisme
mairie de Paris plaque Arnaud Beltrame
mairie de Paris plaque Arnaud Beltrame
©DR / Mairie de Paris

A côté de la plaque…

Les scribouillards de la mairie de Paris sont d'une absolue médiocrité. Toutefois ils savent quels mots il faut éviter.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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A Paris, sur les murs de nombreuses écoles, il y a des plaques avec des noms d'enfants juifs. Ils sont assortis de la mention "assassinés par les nazis avec la complicité du pouvoir de Vichy". D'autres plaques figurent sur des immeubles parisiens avec les noms de résistants fusillés par l'occupant. Avec ces mentions, "tué par l'occupant nazi" ou "victime de la barbarie nazie".

Le colonel Beltrame était un résistant. Et il a payé de sa vie son acte de résistance. Une plaque lui est dédiée au square des Minimes à Paris dans le troisième arrondissement. Elle a été placée là-bas par Anne Hidalgo qui - soyons charitables - n'a peut-être pas eu le temps de lire les mots qui s'y trouvent et qui ont été rédigés par ses services.

On lit que le colonel Beltrame est mort "victime de son héroïsme". Une phrase qui soulève un concert d'indignations de toutes parts. "Victime de son héroïsme" cela voudrait dire, selon nombre de protestataires, que si ce courageux soldat avait été un peu plus réfléchi et timoré, rien ne lui serait arrivé. Il l'aurait en quelque sorte bien cherché.

Cette querelle est une mauvaise querelle. La phrase utilisée relève d'un banal poncif dont l'autre version encore plus connue est "victime de son courage". Les employés de Mme Hidalgo n'ont pas été choisis pour leur connaissance du français. Ils enfilent les poncifs comme d'autres enfilent les perles.

Le scandale - car scandale il y a - se trouve une ligne en dessous. Il y est dit que le colonel Beltrame est mort "lors d'un attentat terroriste". Une formule honteuse et lâche. Quel attentat terroriste ? Un attentat de terroristes basques, irlandais, d'extrême gauche, d'extrême droite ? Le terrorisme contre lequel Beltrame s'est dressé n'est pas nommé. La mairie de Paris a ses pudeurs.

Plusieurs autres rédactions auraient été possibles. "Le colonel Beltrame est mort en héros en affrontant un assassin islamiste", "le colonel Beltrame a été victime de la barbarie islamiste". Ces options n'ont pas été retenues et même pas envisagées. Car à la mairie de Paris on pense bien. Il se pourrait qu'Anne Hidalgo ait appliqué un principe de précaution : si le mot "islamiste" avait figuré sur la plaque peut-être que des voyous de banlieue seraient venus la vandaliser. 

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