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Le complot, la théorie et la pratique
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Editorial

De l'affaire DSK à celle concernant Georges Tron, s’interdire toute réflexion sur l’éventualité d’une machination servant des intérêts politiques ou économiques tient d’un insupportable terrorisme intellectuel.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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Le complot existe-t-il ? A-t-on seulement le droit d’en prononcer le mot ? Il est désormais permis d’en douter depuis qu’ont éclaté l’affaire DSK et sa sœur cadette, l’affaire Tron. Face à ces deux histoires hors norme, il semble impossible d’esquisser un début de trouble sur des coïncidences d’événements, une surprenante chronologie, des relations inattendues entre des personnalités qu’apparemment tout devrait éloigner, sans se voir opposer un ironisant : « Ah, ça y est, la théorie du complot ! ». Avec cette phrase prononcée mécaniquement, on jette un discrédit définitif sur ceux qui cherchent, qui doutent, en réalité, essayent de faire leur travail. Comme si les complots ne jalonnaient pas l’histoire de France et d’ailleurs et que de l’assassinat de Jules César à l’affaire Clearstream, nous n’avions connu que théories du complot.

En vérité, les complots sont partout. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, les conseils d’administration d’entreprises, au sein des familles. Dès la cour d’école, les enfants apprennent à se réunir en secret pour décider de mettre en quarantaine l’un de leurs petits camarades parce qu’il est roux, parce qu’il est pauvre, qu’il s’habille trop mal ou trop bien. Ceci étant posé, il est vrai qu’on a accusé parfois, à dessein, tel responsable politique d’avoir organisé un complot pour mieux le déstabiliser. Il s’avère par ailleurs que de plus en plus de gens qui ne croient plus en la parole des élites font du complot le socle d’une nouvelle idéologie appelée conspirationnisme. « On ne nous dit pas tout », répète dans ses sketches Anne Roumanoff, traduisant avec humour cette suspicion largement partagée qui nourrit les discours des partis extrêmes, de droite comme de gauche.

Avancer une hypothèse de complot nécessite donc de l’étayer avec des informations solides, un raisonnement inattaquable, de ne pas écarter a priori les éléments d’enquête susceptibles de l’ébranler comme savent si bien le faire nos complocrates médiatiques, de Dieudonné à Alain Soral. Dans l’affaire DSK par exemple, il ne suffit pas de constater que la neutralisation de l’ex directeur du FMI arrange Nicolas Sarkozy ou François Hollande pour les désigner comme possibles comploteurs. Mais s’interdire, au préalable, toute réflexion sur l’éventualité d’une machination servant des intérêts politiques ou économiques tient d’un insupportable terrorisme intellectuel qui fait peu de cas de l’exigence de vérité requise face à de tels drames humains.
Ce n’est pas parce que les complotistes prospèrent que le complot n’existe plus.

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