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Communication non verbale : la maîtrise de DSK (et sa souffrance)
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Gestuelle

Analyse de la communication non verbale de DSK par un comportementaliste.

Maxence Brulard

Maxence Brulard

Maxence Brulard comportementaliste, spécialiste de la communication non-verbale. Il exerce en Suisse et a notamment écrit Une caractérologie universelle (Dunod, 1998).

 

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Les “maîtres gestes” que Dominique Strauss-Kahn conserve pour toute la partie personnelle de l'interview sont ceux des bras solidement tendus pour que les mains collent littéralement à plat sur le bureau qui symboliquement correspond au territoire de l'exercice de l'offensive, de la défensive ou de la tactique sur le micro champ de bataille sur lequel se joue les guerriers de l'intellection en présence. Ce geste est celui de la prise de la terre, de la terre symbolique à témoin pour montrer qu'il se réfère aux faits observables et seulement strictement aux faits formellement démontrés.

Mais tout l'entretien révèle cependant aussi le deuxième “maître  geste” de réassurance, combiné avec celui de la protection de sa sphère privée qui - visiblement - est de façon subliminale comprise par son  interlocutrice, puisqu'aucune vérité informelle sur la véridicité du rapport sexuel et son style n'est évoqué. Les deux mains se rejoignent l'une sur l'autre à chaque question vécue comme intrusive. Un code subtil que Claire Chazal respecte durant tout l'entretien.

Pourquoi réassurance ? La main gauche est sous la main droite quand elles se lient : la vertu de la raison doit maîtriser l'émotion. Mais en même temps, il réprime toute communication non parfaitement et tactiquement organisée justement sur le sujet épineux de la sensation et de l'impulsion émotionnelle qui le caractérise, objet majeur du débat. On en déduit l'intelligence stratégique qui sait que la faim des médias sur le croustillant érotique signerait un deuxième arrêt de mort sociale  française après l'américain.

Claire Chazal n'aura donc qu'un instant extraordinaire où DSK est submergé par l'émotion d'une revisualisation qu'elle lui impose : à l'évocation de l'humiliation vécue de l'incarcération. L'expression faciale opère un ralenti inattendu, une sorte d'immobilisation non voulue par la reviviscence des scènes vécues encore insoutenables pour opérer cette sorte de paralysie de quelques secondes des muscles peauciers en situation de souffrance. C'est sans doute le moment non verbal le plus révélateur du sentiment vécu d'injustice et de peur authentique qu'il ne cherche pas à cacher. La souffrance n'est pas illusoire ; ce qui engendre d'ailleurs une série de gestes et expressions offensives destinées à l'invasivité journalistique.

Bien-sûr, dès que les questions personnelles s'arrêtent pour des considérations politiques, la gestuelle de DSK sort de l'introversion et les gestes d'argumentation succèdent à ceux des gestes tranchoirs qui ressemblent à ceux de Chirac avant son élection. Bras et mains fendent l'espace de haut en bas indiquant une synergie des potentiels à s'affirmer quoiqu'il arrive quitte à trancher moralement le cou aux opposants .

Si on lie ce geste avec la pugnacité du boxeur que son corps massif peut soutenir avec efficacité, on en déduit une force authentique qui sait avec hauteur surmonter l'épreuve. Peu de ressemblance dans ce contexte rassurant et puissant d'une constitution dense et introvertie émotionnellement avec d'autres politiques hyper excitables et anxiogènes.  Qu'il soit entravé, en butte à la vindicte américaine ou sur le plateau français, la posture corporelle de DSK n'a globalement pas changée. La cohérence, et plus la cohésion comportementale entre la posture, le geste, l'expression faciale et même la respiration inspire la confiance en la sincérité de ce qu'il exprime par le rapport harmonique existant entre son langage non verbal et le contenu de sa communication.  

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