Dr Jérôme Marty : "le gouvernement revient à une forme d’opacité sur les chiffres de l’épidémie"<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre, Jean Castex, s'exprime lors d'une nouvelle conférence de presse sur la situation sanitaire et sur la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Le Premier ministre, Jean Castex, s'exprime lors d'une nouvelle conférence de presse sur la situation sanitaire et sur la lutte contre la pandémie de Covid-19.
©Alain JOCARD / POOL / AFP

Conférence de presse

Jean Castex a fait un point sur l'épidémie en France ce jeudi lors d'une nouvelle conférence de presse. 23 départements sont désormais sous surveillance renforcée. Un confinement sera instauré le week-end dans le Pas-de-Calais. Le Dr Jérôme Marty revient sur les annonces de Jean Castex et d'Olivier Véran et décrypte les enjeux de la lutte contre la pandémie et de la stratégie vaccinale.

Jérôme Marty

Jérôme Marty

Président de l'Union française pour une médecine libre, Jérôme Marty, est médecin généraliste et gériatre à Fronton, près de Toulouse.

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Atlantico : Jean Castex et Olivier Véran se sont exprimés jeudi 4 mars lors d’une nouvelle conférence de presse afin d’annoncer de nouvelles mesures. Que retenir de cette intervention ?

Jérôme Marty : Cette conférence de presse n’a pas amené de nouveaux éléments. Si on fait le bilan de ce qui a été annoncé, il annonce un semi-confinement dans le Pas-de-Calais ainsi qu’une augmentation de la vaccination. Cela va passer par la mise en place de nouveaux centres de vaccination, leur ouverture le week-end, on appelle les pompiers à la rescousse. Néanmoins, personne ne se rend compte que la vaccination n’atteint son efficacité qu’au bout de quatre à six semaines. Les nouveaux vaccinés ne le seront qu’à partir de cette période. Si l’on ne prend pas d’action durant ce laps de temps, le danger est là et il augmente.

Le gouvernement semble-t-il prendre les bonnes dispositions pour la stratégie vaccinale ?

Nous avions investi dans le vaccin Pfizer, cher, pour viser les populations à risque, les plus de 75 ans et nous nous glorifions d’avoir vacciné 86% des personnes dans les maisons de retraite et EHPAD. Mais, nous n’avons vacciné que 28 % des plus de 80 ans après deux mois révolus, l’Angleterre a elle vacciné 94% de cette tranche d'âge. Après deux mois de vaccination, nous n’avons pas encore commencé la campagne sur les 65-75 ans qui devaient être vaccinés avec le Pfizer. Cette tranche d’âge sera vaccinée avec le AstraZeneca alors qu’ils devaient être vaccinés avec le Pfizer.

Le problème étant qu’en mai nous aurons une nouvelle arrivée de doses du vaccin Pfizer. Le vaccin le plus cher avec le plus grand prisme d’utilisation sera donc utilisé pour les jeunes… Pendant ce temps, le gouvernement ose lancer un doute sur les médecins en se demandant s'il ne leur reste pas des doses d’AstraZenaca dans leur frigo. Ils se trompent de discours, ils devraient dire aux médecins de vacciner sans plus d’indication, c’est une mission que les praticiens savent faire. Ils vaccineront leurs patients à risque qu’ils connaissent car ils les suivent.

Face à la réaction de certains soignants de ne pas vouloir se faire vacciner, Olivier Véran souhaite leur écrire une lettre. Une réaction étonnante, quand on sait que le ministre n’a pas tout fait pour protéger les soignants lors de la première vague, il y a eu 200 morts. Il n’a pas la confiance des soignants, un sondage publié dans Le Généraliste et dans Le Quotidien du Médecin montre que son taux de confiance parmi les médecins est minoritaire. Pour rétablir la confiance, on demande que le ministère et la Direction générale de la santé organise des réunions obligatoires autour de la vaccination avec les soignants, les chefs de service, les cadres et les représentants du personnel. Ce serait une manière de mettre les choses à plat et ensuite nous pourrions vacciner.

Le Premier Ministre a-t-il oublié de faire des mesures supplémentaires pour améliorer le traçage ?

On nous annonce une campagne de tests massifs ce week-end avec 24h de préparation… Il faut rappeler que chaque organisation de tests massif s’est soldée par un échec. Ils imaginent que les personnes confinées vont sortir de chez elles pour aller se faire tester, ce que je ne pense pas. Aucune annonce n’est vraiment probante avec encore une fois des interdictions de rassemblements dans les lieux extérieurs. Ils n’ont pas compris comment cette maladie fonctionnait et contaminait. On a l’impression de revenir au mois de mars dernier.

Le gouvernement doit-il aller au-delà de ces quelques mesures ?

Certaines vont dans le bon sens mais il faut aller plus vite. Nous devrions faire des vaccinations 24h/24 comme ils le font en Israël. Il faut que ça tourne jour et nuit, mais le problème est que nous n’avons pas les doses. La vraie question est de savoir où elles sont. Nous sommes dans la même problématique que pour les masques à l’époque. Le gouvernement revient à une forme d’opacité sur les chiffres de l’épidémie. Nous n’avions pas les chiffres sur les masques présents dans les stocks et c’est la même chose pour les vaccins. Il faut retenir que Jean Castex a annoncé que la campagne de vaccination suivrait son cours si les livraisons annoncées étaient faites en temps et en heure. Il n’a définitivement pas la main dessus.

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