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La finance internationale
pour les nuls (et les pinces sans rire)
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Dictionnaire révolté d'économie

Que nous cachent les institutions financières internationales ? Dans un extrait de son "Dictionnaire révolté d'économie", Raphaël Didier, livre une analyse décapante de l'état du système financier mondial. Premier épisode avec deux mots commençant par la lettre A.

Raphaël Didier

Raphaël Didier

Raphaël Didier, ingénieur de l’INT d’Evry spécialisé en économie internationale, il est également conférencier à l’Université du Temps Libre (Metz, Saint-Avold, Sarreguemines, et Thionville) et à l’Université Populaire de Forbach.

Il est l'auteur du Dictionnaire révolté d'économie (Editions Bréal, mai 2011).

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Agence de notation

Membre de l’oligopole des maîtres du monde. Ce sont des sociétés commerciales qui attribuent, à la demande ou non des émetteurs, des notes (rating) sur des titres de dettes émis par des entreprises, par des banques ou même par des États. Leur rôle étant de mesurer le risque de non-remboursement des dettes que présente l’emprunteur (on appelle souvent cette note la « qualité de la signature »), on comprend immédiatement le pouvoir qu’elles détiennent, sachant que plus la note sera élevée et plus l’emprunteur trouvera des fonds bon marché, c’est-à-dire à des taux d’intérêt faibles. Or, ces agences tirent aujourd’hui l’essentiel de leurs revenus des émetteurs de titres, alors qu’elles étaient jadis rémunérées exclusivement par les investisseurs. D’où l’existence d’un conflit d’intérêts potentiel pour celles qui participent souvent à l’élaboration du produit, sont rémunérées par son émetteur, mais doivent néanmoins lui attribuer une note objective. Serait-ce la quadrature du cercle ?

L’Union européenne souhaite rendre obligatoire l’enregistrement des agences de notation et améliorer leur supervision. Car n’oublions pas qu’elles ont une part importante de responsabilité dans la crise des subprimes, notamment parce qu’elles ont sous-estimé les risques que représentaient certains instruments financiers, en donnant une note maximale à des produits en réalité très risqués !

Dictionnaire révolté d'économie

Aide publique au développement (APD)

Hypocrisie internationale, l’aide publique au développement comprend, selon la définition du Comité d’aide au développement de l’OCDE, les dons et les prêts préférentiels prévus au budget et transférés des pays développés vers les pays en voie de développement. Ces aides peuvent transiter par les organisations multilatérales ou sous la forme d’aides bilatérales créant de facto une relation asymétrique (le pays donateur exigera souvent de réaliser les projets avec des entreprises de son pays…).

Depuis que l’aide publique au développement a cessé d’être une arme dans l’affrontement géostratégique entre blocs, les pays développés respectent de moins en moins leurs engagements en matière d’aide financière au développement. Par exemple, les chiffres de 2007 indiquent que la part de l’aide publique au développement de l’Union européenne relative au revenu national brut a diminué de 0,41 % à 0,38 %, alors que la cible fixée dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement est de 0,7 %. Pourtant, sur le site de la diplomatie française, on peut lire ces quelques lignes pleines d’entrain : « Avec 7 562 millions d’euros d’aide publique au développement (APD) nette, en 2008, la France est le quatrième pays donateur mondial, en volume. Elle est le deuxième des pays du G8 en termes d’effort d’aide ramené à sa richesse nationale, avec 0,39 % de son revenu national brut (RNB) consacré à l’APD, en baisse constante depuis 15 ans ! […] L’Agence française de développement est l’opérateur pivot de la mise en œuvre de l’aide bilatérale française. »

En 2009, les apports nets d’aide publique au développement (APD) consentis par les membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE ont légèrement augmenté en termes réels (+0,7 %) pour totaliser 119,6 milliards de dollars, représentant 0,31 % de leur revenu national brut (RNB) cumulé. Mais il faut rester prudent avec ces chiffres, car ils incluent également au titre de l’aide des allégements de dette. Or, on se souvient des montants particulièrement élevés de l’APD en 2005 et 2006, précisément en raison des allégements de dette pris dans le cadre du Club de Paris en faveur de l’Irak et du Nigeria. L’allégement de dette s’apparente ainsi plus à un jeu d’écritures comptables – légal au demeurant –, qui a pour finalité de gonfler l’aide publique au développement, tout en ne rapportant aucun flux positif (= argent frais) aux pays pauvres.

Extraits du Dictionnaire révolté d'économie (éditions Bréal, 2011) de Raphaël Didier.
Pour en savoir plus, un groupe Facebook est consacré à l'ouvrage.

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