Diane 35 : gynécologue, pourquoi je refuse de prescrire cette pilule<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Depuis quelques mois, la pilule contraceptive est de nouveau sur le banc des accusés.
Depuis quelques mois, la pilule contraceptive est de nouveau sur le banc des accusés.
©Reuters

Bonnes feuilles

Plus de 5 millions de Françaises prennent la pilule. Fin 2012, ce contraceptif est accusé de leur faire courir un risque mortel : embolie pulmonaire, accident vasculaire cérébral... Y a-t-il ou non un risque ? Quels sont les profils concernés ? Quelles précautions prendre ? Le Dr. Rozenbaum répond à ces questions. Extrait de "La vérité sur la pilule" (1/2).

Henri Rozenbaum

Henri Rozenbaum

Gynécologue et endocrinologue, le docteur Rozenbaum est l'auteur de la première thèse consacrée à la pilule en France. Il a dirigé la première étude épidémiologique française sur le risque vasculaire sous pilule. il est aussi président de l'Association française pour l'étude de la ménopause (AFEM).

Voir la bio »

J’utilise une pilule de deuxième génération. Mon gynécologue me propose de changer au profit d’une pilule de troisième génération. Que dois-je en penser ?

Il est actuellement recommandé de commencer toute prise de pilule par une pilule de deuxième génération pour réduire le risque de phlébite. Mais un relais avec une pilule de troisième génération est possible si vous ne la supportez pas, puisqu’en raison de la fixation partielle du progestatif sur le récepteur de l’hormone mâle, elle peut favoriser l’apparition d’une acné, de la tension ou de douleurs aux seins.

En revanche, sachez que le risque de phlébite est légèrement plus élevé avec les pilules de troisième génération. Toutefois, cet accident survient essentiellement si une contre-indication n’a pas été respectée ou si vous êtes porteuse, sans le savoir, d’une prédisposition aux phlébites. Mais dans ce cas, vous auriez déjà été victime de cet accident en prenant la pilule de deuxième génération, les accidents observés survenant le plus souvent dès les premiers mois d’utilisation. Par conséquent, si vous ne supportiez pas une pilule de deuxième génération, votre gynécologue a eu raison de vous en proposer une de troisième génération.

Pourquoi n’ai-je jamais prescrit Diane 35® ?

Cette pilule de troisième génération a été particulièrement incriminée lors de la polémique récente sur le risque de phlébite car elle a été présentée en France comme un médicament pour traiter l’acné et non comme un contraceptif. Les autorités de santé ont donc estimé que l’utilisation de ce produit en tant que contraceptif constituait un abus de prescription.

Diane 35®, souvent proposée pour traiter l’acné, possède 35 μg d’éthinyl-estradiol associé à de l’acétate de cyprotérone, un progestatif doué d’une propriété particulière – il s’oppose aux effets de l’hormone mâle. Dans certains pays, il est même administré seul, à fortes doses, à des hommes, délinquants sexuels, pour inhiber leur libido.

Combien Diane 35® contient-elle d’acétate de cyprotérone ? 2 mg. C’est peu, mais c’est suffisant pour empêcher l’ovulation. En revanche, cette dose suffit rarement à lutter contre l’acné. Si vous cherchez à lutter contre l’acné, sachez que l’acétate de cyprotérone existe en France en comprimés dosés à 50 mg (Androcur®). À titre personnel, j’associe un demi ou un quart de comprimé, c’est-à-dire 25 ou 12,5 mg d’acétate de cyprotérone, à un estrogène naturel, et j’obtiens en général d’excellents résultats pour traiter l’acné, les chutes de cheveux liées à une séborrhée ou encore un excès de pilosité.

À mon avis, Diane 35® contient trop peu d’acétate de cyprotérone et trop d’estrogènes. Si vous souffrez d’acné, l’association que j’utilise sera non seulement efficace, mais également contraceptive. Si vous n’avez pas d’acné, vous avez encore moins de raisons d’utiliser Diane 35® : des minipilules dosées à 30, 20 ou 15 μg d’estrogènes vous conviendront mieux.

-----------------------------------------------------------------------------

"La vérité sur la pilule, Comment la prendre sans risque" (Librio), Docteur Henri Rozenbaum

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !