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Dette américaine : 
apocalypse now ?
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Bras de fer

A un an de l'élection présidentielle américaine, Obama et les républicains n'arrivent toujours pas à trouver de compromis sur le déplafonnement de la dette. Si aucun accord n'est trouvé avant le 2 août, les États-Unis pourraient se retrouver en défaut de paiement et le monde entier en subir les conséquences...

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Il est courant de comparer la situation grecque et celle des États-Unis. En fait, les problèmes sont différents puisque, si dans le cas grec, l’État a du mal à trouver des prêteurs, dans le cas américain, les prêteurs se heurtent au refus de l’emprunteur de se tourner vers eux.

Depuis le printemps, l’administration Obama a joué avec la trésorerie pour rester sous le célèbre plafond d’endettement instauré dans son principe en 1917. Ce temps gagné n’a guère servi qu’à l’exaspération du problème. Une des raisons est que la tension créée correspond d’abord à des préoccupations politiques de court terme.

Obama vs. républicains : un match pré-électoral

Quand Obama affirme que "compromis" et "impôts" sont pour les républicains des "grossièretés", c’est autant le candidat à sa réélection que le président qui parle. Quant à John Boehner, le leader républicain, il ne se cache pas de vouloir montrer qu’Obama n’est pas à la hauteur.

Si on prend du recul, ce qui frappe est le fait que les États-Unis n'ont jamais autant dépensé mais que les impôts continuent à y être régulièrement réduits au point que le taux de prélèvement obligatoire est descendu à 24%. Les déficits publics ont explosé avec la crise (au moins  9% du PIB en 2011) sans que cette politique outrageusement expansionniste n’ait les résultats attendus. La croissance qui était de 3,5% au dernier trimestre 2010 en rythme annualisé, est retombée à 2% au premier trimestre 2011. Dans ces conditions, les républicains, notamment les extrémistes du Tea Party, estiment que le mandat qu’ils ont reçu des électeurs en novembre 2010 est clair : il s’agit de réduire le déficit en taillant dans les dépenses tout en refusant une hausse des impôts.

Dans leur combat, ils s’acharnent  à court terme sur les dépenses les plus symboliques (Pentagone, FBI, recherche, NASA…) mais poursuivent sur le fond une lutte de longue haleine tendant à réduire le périmètre de l’action publique en excluant les dépenses de santé et de retraites.

Les États-Unis n'ont jamais autant dépensé et les impôts continuent à y être régulièrement réduits

Leur position appelle trois réflexions :

  • L’impasse actuelle est née des dynamiques de baisse des impôts initiées en Californie dans les années 1970 sans contrepartie réelle sur les dépenses. Si « trop d’impôt tue l’impôt », pas assez d’impôt ou trop de dépenses étouffent l’État sous sa dette ;
  • L’édifice financier conçu par les Anglais au XIXe siècle, où une banque centrale instaurée « prêteur en dernier ressort », évite la banqueroute des États, moyennant un engagement de leur part de limiter leur déficit ne fait plus l’unanimité. Quand Ron Paul, un des leaders du Tea Party, veut supprimer la Réserve fédérale afin que l’État ne puisse s’appuyer sur une institution achetant systématiquement sa dette, il rejoint ceux en Europe, notamment à Berlin, qui insistent sur l’idée que la Banque centrale est là pour lutter contre l’inflation et non pour financer les États dispendieux ;
  • La politique économique fondée sur une expansion de la demande entretenue par le déficit budgétaire est en train d’échouer. Keynes, présenté comme le sauveur en 2009, n’en finit pas de mourir dans les rues d’Athènes ou dans les couloirs du Congrès.

Conclusion ultime : reprenons celle de la dernière note de l’OCDE sur les perspectives américaines :

« Compte tenu de l’ampleur très marquée des déficits budgétaires et du gonflement rapide de la dette fédérale, la poursuite de la reprise économique va rendre de plus en plus urgente la conclusion d’un accord sur un programme crédible d’assainissement budgétaire à moyen terme »

Qu’en termes galants…

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