Denis Le Bossé - Cabinet Arc : "Le nombre d’entreprises qui ne respectent pas les délais de paiement est en train de doubler"<!-- --> | Atlantico.fr
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Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc
Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc
©Cabinet Arc

L'interview Atlantico Business

Les entreprises sont moins pessimistes que l'an dernier mais constatent une détérioration de leurs délais de paiement. C'est ce qu'il ressort du baromètre annuel Ifop - Cabinet Arc présenté mardi par les juristes d’affaires en présence de Louis Gallois. Pour Denis Le Bossé, président du Cabinet Arc, il est impératif que chacun respecte les délais de paiement prévu par la LME afin de garantir les liquidités des entreprises.

Atlantico Business : Selon votre sondage, les entreprises sont plus optimistes mais les délais de paiement s'allongent en un an. Pourquoi ce paradoxe ?

Denis Le Bossé : Les entreprises sont moins pessimistes parce qu'au niveau mondial la crise semble s'estomper. Elles peuvent donc, à moyen terme, entrevoir une reprise économique. Néanmoins, elles ne sentent pas d'amélioration de leur activité ou de leur trésorerie, donc c'est un optimisme assez mesuré. Sur la question des délais de paiement, on constate au quotidien un doublement des litiges où des entreprises ne respectent pas les délais de paiement imposés par la LME (Loi de Modernisation de l’Économie). C'est ce qu'indique notre sondage, 59% des PME et 69% des grandes entreprises paient leurs factures avec un retard supplémentaire de 1 à 10 jours, un tiers des PME allongent ces derniers pour combler leur manque de trésorerie : c'est la clé du problème.

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Pourquoi les entreprises ne font pas respecter davantage ces délais de paiement ?

Il faut bien comprendre qu'un grand nombre d'entreprises sont totalement tétanisées à l'idée d'aller réclamer le paiement de leur facture à leur client de peur de perdre des marchés, c'est cela la réalité. Elles sont donc contraintes de rentrer dans la spirale d'un financement qui coûte cher parce qu'elles manquent de trésorerie. Ce financement à prix élevé altère leur marge et, in fine, certaines entreprises sont obligées de déposer le bilan engendrant donc des pertes d'emplois. On voit bien qu'apporter de la trésorerie aux entreprises, c'est sauvegarder l'emploi. On doit donc avoir entre les entreprises, un reflexe de solidarité économique, où les entreprises peuvent garantir leur paiement, les échelonner dans le temps par le biais de protocole d'accord par exemple.

Le préfinancement du CICE par la BPI a-t-il joué un rôle positif dans cet apport de trésorerie ? Le gouvernement doit-il aller plus loin ?

En effet, la mise en œuvre du préfinancement du CICE par la BPI est un point très positif. Cela a permis d'accorder plus de 720 millions d'euros de cash aux entreprises. Elles peuvent ainsi bénéficier d'une avance de trésorerie qu'elles n'auraient pas eu dans leur banque ou avec un autre organisme, sauf à le payer très cher. Pour le reste, attendons d'abord que le nouveau texte sur les délais de paiement soit définitivement adopté par l'Assemblée et commençons par faire respecter la loi. Au Cabinet Arc, nous plaidons en faveur des amendes administratives quand les entreprises ne respectent pas la législation en vigueur. Et puis, nous pensons que les commissaires aux comptes doivent sensibiliser les entreprises à développer la culture du paiement rapide, tout cela ne peut qu'améliorer le respect des délais de paiement et donc la vie de l'entreprise.

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