Pourquoi il faut faire table rase de la décentralisation menée depuis 30 ans<!-- --> | Atlantico.fr
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Après trente ans, la France reste un pays bien plus centralisé que tous ses voisins.
Après trente ans, la France reste un pays bien plus centralisé que tous ses voisins.
©DR

Le nettoyeur

Cette semaine, Pascal Emmanuel Gobry, le "nettoyeur", revient sur les 30 ans des lois Defferre. S'il constate l'échec de la décentralisation, il fait voler en éclat l'idée reçue selon laquelle il faudrait revenir au jacobinisme du XIXe.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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La décentralisation a échoué parce qu'elle a multiplié les échelons sans leur donner de réel pouvoir, assurant ainsi leur paralysie perpétuelle. Faisons la liste : commune, intercommunalité, département, région, et au-dessus l'Etat et l'Union européenne. En Suisse, pays très décentralisé, il y a tout simplement les communes, les cantons et la Confédération. Après trente ans, la France reste un pays bien plus centralisé que tous ses voisins.

Et après tout, c'était prévisible : on le répète avec raison, l'histoire de France la rend unique à cet égard. La France s'est construite par l'émergence d'un pouvoir central, au point qu'on puisse presque dire que l'histoire de France est l'histoire de la centralisation.

Si la décentralisation ne marche pas, au fond, c'est parce que les Français n'en veulent pas. Si je n'aime pas l'école de ma fille, on aura beau m'expliquer que les murs sont à la commune, les chaises au conseil général et les craies au conseil régional, j'irai me plaindre à mon député et au ministre. Et mon député et mon ministre, politiciens qu'ils sont, réagiront en conséquence, et donc j'aurai eu raison... et donc la décentralisation ne marchera jamais.

Alors, que faire ? Revenir au jacobinisme du XIXe siècle ? Illusion. Il faut plutôt prendre acte de l'histoire de France tout en s'adaptant au XXIe siècle.

Au XXIe siècle, l'unité de vie en commun est la ville. Le XXIe siècle est urbain : c'est la première fois que la majorité de la population vit dans des villes. Ce sont elles qui créent l'activité économique et culturelle. Or, avant la décentralisation, selon le bon mot de Jacques Julliard, les Français vivaient sous une double dictature : celle du maire et celle du président.

La ville est donc à la fois l'échelon local historique français, et l'échelon local de l'avenir !

Pour repenser la décentralisation pour le XXIe siècle, il faudrait alors fusionner les communes des agglomérations, et transférer à cet échelon les compétences des départements et régions (les grandes villes de Paris, Lyon et Marseille regroupent déjà les compétences communales et départementales et s'en sortent très bien). Les milieux ruraux resteraient gérés comme aujourd'hui, avec fusion des intercommunalités et transfert des compétences régionales aux départements, les régions étant supprimées.

Nos villes seraient alors armées pour avoir de vraies politiques, à l'échelon local mais à l'ambition globale. Les citoyens urbains — c'est-à-dire la plupart — auraient face à eux un échelon décentralisé parfaitement logique et donc légitime. Nous aurions une décentralisation compatible avec l'histoire et la mentalité française, et surtout avec l'avenir.

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