Débat LR : ni alliance, ni union (des droites)<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
De gauche à droite, Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau. Tous les trois sont candidats à la présidence des Républicains.
De gauche à droite, Éric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau. Tous les trois sont candidats à la présidence des Républicains.
©JOEL SAGET / AFP

Débat LR

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est essayiste et auteur de nombreux ouvrages historiques, dont Histoire des présidents de la République Perrin 2013, et  André Tardieu, l'Incompris, Perrin 2019. 

Voir la bio »

Atlantico : Ce lundi avait lieu le débat des candidats à la présidence de LR. Qui vous semble avoir pris l’ascendant dans ce débat ? 

Maxime Tandonnet : Il est difficile de parler vraiment d’ascendant de l’un ou de l’autre car ce débat ne ressemblait pas à un affrontement direct entre adversaires mais à un échange d’idées sur un ton plutôt courtois. Chacun était dans son rôle. Eric Ciotti jouait sur la fibre populaire (pour ne pas dire « populiste ») à invoquant la figure du « chef » à plusieurs reprises et en affichant des propositions destinées à séduire l’opinion, notamment sur la priorité absolue donnée à la baisse des impôts. Bruno Retailleau était dans une posture axée sur le sérieux – volonté de lutter contre les déficits et la dette – et la souveraineté, mettant l’accent sur le patriotisme et parlant sans complexe de la France. Aurélien Pradié jouait sur l’image du renouvellement, d’audace et de jeunesse. Il m’a semblé un cran en dessous des deux autres candidats, avec des propositions assez aventureuses et irréalistes sinon démagogiques comme l’uniforme à l’université ou le rejet a priori de toute réforme des retraites même si elle devait aller dans un sens correspondant aux thèses traditionnelles du parti. Bruno Retailleau avait l’avantage de la position centrale et celle d’être le dernier à parler. Il m’a paru être le plus clair dans ses réponses (y compris sur la question piège pour lui de l’inscription du droit à l’avortement dans le Constitution, sur laquelle Eric Ciotti évitait de se prononcer).  

Qu’est ce que ce débat nous apprend de l’état idéologique du parti ? 

Ce débat était plutôt d’un bon niveau sur la forme comme sur le fond. Il nous apprend que quel que soit son futur président, l’hypothèse d’un ralliement à la présidence Macron ou d’un accord de gouvernement avec Renaissance sera écartée. Les trois candidats l’ont exclue avec la même fermeté – refusant ainsi catégoriquement la ligne défendue par Nicolas Sarkozy. Tous les trois ont eu des mots très hostiles au chef de l’Etat excluant toute perspective de rapprochement. La ligne à venir sera, quel que soit le vainqueur : « ni Macron, ni le Pen ». Le parti est donc appelé à se reconstruire sur un double rejet, celui des deux finalistes aux deux dernières présidentielles. Les trois font le pari qu’il existe un espace pour une troisième voie, et que les prochaines élections seront marquées par un rejet populaire du macronisme. Ils expriment la volonté d’offrir aux électeur une alternative à l’accession à l’Elysée de Marine le Pen. Pour autant, les trois candidats ont aussi marqué leur volonté de rompre avec le principe de diabolisation qui assimile toute fermeté sur le régalien – immigration et sécurité – avec « l’extrémisme de droite ». Sur l’immigration notamment, ils étaient en plein accord quant à la nécessité de restaurer la maîtrise des flux migratoires rivalisant de propositions musclées contre les passeurs criminels et l’immigration clandestine. C’est une autre certitude : quel que soit le vainqueur, le futur parti sera orienté sur une ligne nettement plus à droite, avec l’objectif de récupérer une partie du vote passé chez Eric Zemmour ou Marine le Pen. La difficulté dès lors sera d’éviter une rupture avec le centre non macroniste, dont l’apport électoral est vital pour la droite. 

Quelle peut être l’utilité et l’importance de ce débat dans le choix du prochain président du parti ? 

Concernant l’avenir du parti – qui pourrait changer de nom – deux lignes étaient en présence : d’une part celle d’Eric Ciotti qui souhaite désigner sans tarder le « chef » comme il dit ou le futur candidat à l’élection présidentielle de 2027, Laurent Wauquiez ; d’autre part celle de Bruno Retailleau et d’Aurélien Pradié, estimant que la priorité est de rebâtir le parti sur les idées et le choix d’une ligne avant de désigner son candidat. En réalité, malgré les nuances idéologiques entre les uns et les autres, ils sont d’accord sur l’essentiel notamment le refus de toute compromission avec l’actuel chef de l’Etat et sa majorité. C’est donc sur cette question stratégique que les adhérents vont être amenés à se prononcer : l’incarnation ou les idées d’abord ? Autrement dit, l’homme providentiel ou le projet politique ? De ce point de vue, la ligne Ciotti semble assez fragile : elle consacre une personnalisation à outrance de la vie politique donnant le sentiment aux électeurs que les responsables publics privilégient leur destin personnel sur l’intérêt général. Elle tend à raviver les guerres d’ambition tout en surexposant le candidat pré-désigné… Eric Ciotti parle de la « tradition gaulliste » mais de Gaulle ne fut jamais désigné par un parti, ni le 18 juin 1940 ni le 30 mai 1958. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !