Dans les limbes : ces rares Français à qui leurs médecins déconseillent encore la vaccination (et à juste titre) <!-- --> | Atlantico.fr
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Un homme primo-vacciné reçoit une deuxième dose de vaccin à Sarrola-Carcopino, Corse, le 8 janvier 2022.
Un homme primo-vacciné reçoit une deuxième dose de vaccin à Sarrola-Carcopino, Corse, le 8 janvier 2022.
©PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

De rares exceptions

Une grande majorité de la population éligible est maintenant vaccinée contre la Covid-19. Mais une petite partie de français, qui souhaiteraient pourtant l'être, ne le peuvent toujours pas pour raisons médicales

Franck Clarot

Franck Clarot

Le Dr Franck Clarot est médecin légiste, radiologue, vice-président de la Fédération nationale des médecins radiologues et membre du Collectif Du Côté de la Science .

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Atlantico : Actuellement environ 92 % de la population éligible (12 ans et plus) est vaccinée. Parmi ceux qui ne le sont pas, une partie d’entre eux se voit recommandée de ne pas se faire vacciner. Quelles sont les contre-indications identifiées ? Combien de personnes sont concernées par ces contre-indications ?

Dr Franck Clarot : Les contre-indications sont prévues par un décret publié au JO du 8 août 2021. La liste est courte. L’essentiel de ces contre-indications est de type allergique, notamment à l’un des composants du vaccin, en particulier le polyéthylène-glycol et par risque croisé aux polysorbates (cette allergie doit être documentée). 

L’existence d’une grave réaction allergique après une première injection de vaccin peut aussi contre indiquer la poursuite du schéma vaccinal.

La présence de certaines maladies rares, un PIMS (Syndrome inflammatoire multi systémique pédiatrique post vaccination), des effets secondaires graves après vaccin, certaines anomalies sanguines ou cardiaques temporaires, un traitement transitoire par anticorps monoclonaux peuvent aussi être retenus, s’ils sont documentés et attestés.

Un vaccin par Janssen ou VaxZevria peut alors parfois être proposé en cas de contre-indication à un vaccin ARN messager. 

Il n’existe pas d’évaluation précise de l’ensemble de cette population, l’étude se fait au cas par cas, les chiffres évoluent au fil des déclarations et le lien de causalité n’est pas toujours avéré ; néanmoins les cas sont rares. Les allergiques seraient par exemple au nombre de 500 environ en France. 

Si les médecins sont pour la grande majorité vaccinés et convaincus de l’intérêt de la vaccination. Est-il néanmoins possible que des médecins déconseillent la vaccination pour des “mauvaises raisons”, par exemple au nom de l’incertitude qui a plané sur les femmes enceintes pendant le début de la pandémie ? Y-a-t-il des excès de prudence de la part de certains soignants ?

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La Covid-19 n’est toujours pas un simple rhume même chez les enfants. Vacciner les enfants fragiles sur la base de leur propre intérêt

L’obligation vaccinale s’impose désormais à tout médecin, et à compter du 30 janvier 2022, une troisième dose sera nécessaire au schéma vaccinal complet afin de poursuivre une activité professionnelle et protéger les patients. Si la nécessité de cette vaccination a rapidement été comprise et adoptée par les médecins, son application et sa diffusion à certaines populations plus fragiles ou particulières a connu plus d’hésitations ; l’exemple des femmes enceintes en est très représentatif.

Initialement exclues des essais thérapeutiques, comme toujours, par principe de précaution, la vaccination des femmes enceintes a rapidement été discutée, dès l’été 2020, compte tenu d’un risque accru de décès pendant la grossesse et le post-partum, des patientes ayant été infectées par le SarsCov2. 

En janvier 2021, l’OMS déconseillait encore la vaccination aux femmes enceintes, à l’exception de celles qui étaient les plus à risque de développer des formes graves de Covid-19

En France, à compter du 3 avril 2021, les femmes enceintes ont pu accéder aux vaccins à ARNm (Pfizer et Moderna) à partir du 2ème trimestre de grossesse.

Cette apparente discordance temporelle a désorienté de nombreux professionnels, une nouvelle fois débordés par un flot ininterrompu de données évoluant à un rythme effréné. 

Ensuite, la communication sur la vaccination dès le premier trimestre (qui s’applique désormais) a suscité encore plus de remous et d’inquiétude, chez les médecins et leurs patientes, lorsqu’Olivier Véran a annoncé par surprise, le 20 juillet, à l’Assemblée nationale, que les futures mamans pourraient bénéficier des vaccins dès "le premier trimestre", avec application le lendemain… 

Même les sociétés savantes de gynécologie ont été surprises, et par ricochet un grand nombre de médecins ; car sauf à lire les études et rapports internationaux tous les jours, tout allait probablement trop vite… ce qui a parfois fait préférer aux médecins une attitude de précaution excessive, plus facile à expliquer aux patientes, qu’une communication scientifique suraiguë de crise. 


En cas de contre-indication à la vaccination, est-il possible de demander à son médecin un certificat médical faisant office de passe sanitaire (vaccinal). Existe-t-il des possibilités de certificats pour des motifs autres que ceux définis officiellement ? Quid de cette zone grise ?

Le projet de loi actuel sur le pass vaccinal ne modifie pas les règles applicables aux contre-indications médicales à la vaccination, et les rares personnes ayant des contre-indications médicales à la vaccination pourront bénéficier d’un pass, sur présentation d’un certificat dûment  réalisé sur le formulaire spécifique (cerfa n° 16183*02). 

Ce document est susceptible d’être contrôlé par le médecin-conseil de la caisse, en tenant compte des antécédents médicaux, de l'évolution de la situation médicale et du motif de contre-indication, au regard des recommandations formulées par les autorités sanitaires (certaines contre-indications ne sont que temporaires). 

Seuls les motifs du décret du 8 aout 2021 sont désormais retenus, ce qui rend cette « zone grise » quasi inexistante, à moins de faire un faux certificat, pénalement et déontologiquement répréhensible…


Dans quelle proportion les non-vaccinés sont aussi, en partie, des gens à qui on a déconseillé la vaccination et pas seulement des gens inquiets ou méfiants voir complotistes ? Quelle stratégie avoir pour les ramener à la vaccination ?

Une récente étude (SLAVACO) a cherché à dresser le profil type des non-vaccinés. 

Tout d’abord, elle a confirmé le paradoxe féminin, c’est-à-dire la moindre vaccination des femmes, qui s’expliquerait dans le contexte actuel par une recherche plus importante que celle des hommes, d’informations sur la vaccination, les effets indésirables, les risques pour la grossesse et les enfants ; ainsi qu’à une plus grande exposition à la désinformation des réseaux sociaux.

Cette étude pointe aussi l’existence d’un groupe représentant environ 10% de la population, dont les deux tiers sont « certains de ne pas se faire vacciner », qui constitue le noyau dur de l’antivaccination, et au-delà, un mouvement anti-vax très politisé, et d’accès difficile, voire impossible, aux arguments rationnels sanitaires.

Après presque deux ans de pédagogie et de contraintes graduées, il ne reste plus guère, selon de nombreux spécialistes, que l’obligation vaccinale comme ultime moyen de gagner quelques points de vaccination…

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