Dans les coulisses de la machine à sélectionner les candidats FN<!-- --> | Atlantico.fr
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Vendredi, le Front national a écarté une de ses candidates après des propos racistes visant Christiane Taubira.
Vendredi, le Front national a écarté une de ses candidates après des propos racistes visant Christiane Taubira.
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Plouf plouf

Anne-Sophie Leclere, candidate FN pour les municipales à Rethel (Ardennes), a été suspendue vendredi par son parti pour avoir comparé la ministre de la Justice Christiane Taubira à un singe.

David Doucet

David Doucet

David Doucet est journaliste et l'auteur de "Histoire du Front National" aux éditions Tallandier.

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Atlantico : Le Front national a été contraint d'écarter une de ses candidates aux élections municipales. Dans un reportage d'Envoyé spécial, celle-ci avait comparé la garde des Sceaux à un singe. Comment le FN choisit-il ses candidats ?

David Doucet : Ce sont les responsables locaux et, en premier lieu, les secrétaires départementaux du FN, qui ont la charge de recruter des candidats en vue des élections municipales. Parmi les militants et les éventuelles candidatures, ils déterminent les mieux habilités à représenter le parti. Ce sont souvent les militants les plus âgés (et donc les plus expérimentés) qui sont privilégiés.

Le choix des candidats se fait-il à l'échelon local ou est-il rigoureusement encadré par la direction nationale ? 

Le choix des candidats se fait à l’échelon local mais il doit être confirmé par la direction nationale. La prescription des secrétaires départementaux doit être ensuite confirmée par la commission nationale d'investiture (CNI). La sélection se fait donc en deux temps.

Florian Philippot, vice-président du FN, a assuré qu’une "erreur de casting" était toujours possible, mais que le FN la corrigeait avec une réactivité exemplaire. Peut-on néanmoins parler d'échec de la dédiabolisation ?

La déclaration d’Anne-Sophie Leclere, candidate FN aux élections municipales à Rethel (Ardennes), a immédiatement été sanctionnée par le FN. Steeve Briois, secrétaire général du parti, a rapidement suspendu cette candidate. Néanmoins, ce n’est pas le premier dérapage raciste. Il vient s’ajouter à celui de François Chatelain, qui devait être investi par le Front national à Neuville-en-Ferrain en septembre dernier et qui avait publié sur sa page Facebook un drapeau israélien en train de brûler, faisant resurgir le spectre d’un FN qui n’aurait pas changé.

En vérité, Marine Le Pen a purgé le FN d’une grande partie de ses théoriciens radicaux lors de son accession à la présidence du mouvement en 2011. Une grande partie de l’extrême droite radicale évolue désormais en périphérie du Front national et non en son sein. Mais le FN est rattrapé par sa base militante qui est plus radicale que la ligne prônée dans les médias par Marine Le Pen…

Le FN est-il rattrapé par ses vieux démons ?

Le FN n’a jamais réussi à échapper à ses vieux démons car depuis sa création en 1972, le parti cherche à se dédiaboliser. Au début de son image fasciste. Rebelote dans les années 80 avant que Jean-Marie Le Pen ne prononce sa phrase malheureuse sur "le détail". En 1998 enfin, le désir d’alliance et de rénovation de l’image entreprise par Bruno Mégret se heurte au caractère velléitaire de son chef et aboutit à une violente scission…

Plus prosaïquement, ne s'agit-il pas tout simplement d'un manque de moyens et d'organisation ? Ce type de dérapage est-il possible dans d'autres partis ?

Ces dérapages sont sans doute moins fréquents dans d’autres partis mais ils existent. On pourrait citer le cas de Gilles Bourdouleix (ex-UDI) qui a déclaré qu’"Hitler n’avait pas tué assez de tziganes" ou bien encore Jean Bourdeau, assistant du sénateur PS Jean-Pierre Michel qui a qualifié sur Twitter Marion-Maréchal Le Pen de "conne" et de "salope".

Maintenant, il est vrai que le FN manque de moyens. Le parti sera présent dans à peine une ville sur six comme l’a récemment révélé Le Monde. Le Front national ne s’est pas encore remis de la scission avec Bruno Mégret en 1998. Lors de l’implosion du parti, 140 conseillers régionaux sur 275 et 62 secrétaires fédéraux sur 102 avaient fait le choix de quitter Jean-Marie Le Pen. Il faudra du temps pour que le FN regagne sa puissance militante de la fin des années 90…

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