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Édito - Dans la rubrique couac, Montebourg prend le relais
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La situation va devenir insupportable, irrespirable et humiliante. Après une semaine de couacs au plus haut niveau de l’État, semaine pendant laquelle le gouvernement s’est effondré et le pouvoir présidentiel s’est ridiculisé, voilà que l'on démarre une nouvelle semaine avec Arnaud Montebourg… et sa baguette magique.

Le ministre du Redressement Productif a annoncé hier après-midi que le fabricant de pneus Titan  International avait fait une offre de reprise partielle pour le site de Goodyear à Amiens. Enfin ça c’est la version de Montebourg. En effet, le problème c’est que le PDG de Titan, Maurice Taylor, refuse de confirmer et Goodyear, qui devrait être le premier intéressé, assure n’être au courant de rien.

En clair, on est en plein imbroglio. On pourrait en rire sauf qu'il y a des centaines d’emplois qui sont en jeu. Goodyear à Amiens Nord emploie 1200 salariés. La fermeture de cette usine avait  été annoncée en Janvier. La proposition qu’Arnaud Montebourg prétend avoir reçu mais que personne n’a encore vue porterait sur une reprise de 333 salariés sur le site d’Amiens pour développer une activité de pneus agricole. Ces emplois seraient garantis plus de 4 ans et ils seraient assortis d’un investissement de 100 millions environ dont 40 sur le site. On rêve.

Maurice Taylor a dit hier soir qu'il n’était pas au courant. Pour lui, la France reste un pays où le vin est excellent et les femmes très belles. On rêve encore. La direction de Goodyear a confirmé qu'elle n’avait rien reçu. On rêve toujours.  En réalité, le dénouement de cette affaire serait surprenant quand on se souvient de la façon dont Titan et le gouvernement français ont discuté. C’était violent et sans appel possible. C’est à ce moment-là que Mr Taylor s’était plaint que « les salariés français touchaient des salaires très -trop- élevés alors qu'ils ne travaillaient que trois heures par jour ». Arnaud Montebourg lui avait répliqué qu'il pouvait rester chez lui étant donné qu'il ne connaissait rien de la réalité française.

Le dialogue surréaliste ne pouvait pas déboucher sur une négociation. La proposition existerait-elle qu'elle arriverait trop tard. Tout est bloqué et tout le monde se prépare à l’arrêt. Cette affaire soulève trois commentaires.

Un, le gouvernement français n’a décidément rien compris à la communication économique et industrielle. On ne plaisante pas avec l’emploi des salariés de l’industrie. On ne leur raconte pas d’histoire pour occuper les écrans de télévision ; on leur dit la vérité. On ne ment pas. Le mensonge en politique économique permet d’aller très loin. Il ne permet jamais de revenir, ou alors en très mauvais état. Arnaud Montebourg est très mal revenu de Florange.

Deux, que le gouvernement s’occupe d’accompagner les salariés dont les usines ferment. C’est la moindre des choses. Qu'il se mette à gérer la destruction créatrice comme disait Schumpeter, ce serait mieux mais s’il passait le maximum de temps à arroser les jeunes pousses plutôt que de rêver aux vieux arbres ce serait plus que parfait, mais il ne sait pas faire.

Trois, les salariés ont le sentiment qu' « on se fout du monde » et ils ont raison. Ils ont besoin d’équité et de vérités. Ça s’appelle la formation. Théoriquement on dépense chaque année 32 milliards en formation. Pour qui, pourquoi ? Nul ne le sait. Perdre son job parce que l’activité a vieilli et que l’entreprise obsolète disparait c’est une déchirure. Mais savoir que rien n’a été préparé pour faire émerger des entreprises nouvelles  et des emplois, c’est une tragédie surtout quand, en plus, les entreprises innovantes s’en vont à l’étranger. La situation est toujours humiliante pour ceux qui restent à regarder le train partir. C’est un peu ce qui se passe aujourd’hui.

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