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D'une gauche morale, l'autre : des ravages de la libération sexuelle sur les enfants à ceux des excès des études de genre
©DR / Shutterstock

Influence sur la jeunesse

Les "gender studies" sont un champ d'étude né aux Etats-Unis qui s’inscrit dans une démarche militante. Quels dégâts peuvent causer les excès de l'étude de genre dans le développement d'un enfant ? Que peut-on retenir des pays anglo-saxons ou de la Suède qui ont institutionnalisé les études de genre ?

Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou

Jean-Sébastien Ferjou est l'un des fondateurs d'Atlantico dont il est aussi le directeur de la publication. Il a notamment travaillé à LCI, pour TF1 et fait de la production télévisuelle.

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Drieu Godefridi

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est docteur en philosophie (Sorbonne), juriste, et dirigeant d'entreprise. Il est notamment l'auteur de Le GIEC est mort, vive la science ! (Texquis, 2010), La réalité augmentée (Texquis, 2011) et De la violence de genre à la négation du droit (Texquis, 2013).

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Jean-Sébastien Ferjou : Une certaine gauche théorise et discourt sur les violences sexuelles ou genrées que produiraient la morale « blanche » ou bourgeoise, le patriarcat, les religions (sauf une...)... mais il serait indigne d’évoquer le contexte social et politique de l’affaire Duhamel ?

Des dizaines de témoignages et de livres ont été publiés sur la pédophilie et l’inceste.
Quels que soient le courage et les mérités du livre de Camille Kouchner -et ils sont grands- son retentissement est intimement lié à l’identité et au statut de ceux qu’elle y évoque.
Peut-être même est-ce passer à côté de l’originalité du livre que de ne pas voir qu’elle décrit plus l’impact des abus sexuels sur une famille toute entière -de sang comme d’affinités- que sur la victime elle-même, qui en l’espèce a souhaité ne pas être réduite à ce « statut ».
Les pervers existent dans tous les milieux sociaux et dans toutes les familles de pensée. 
Toutes n’ont pas construit pour autant de théories sur la liberté sexuelle envisagée comme support à l’épanouissement des enfants ou bélier pour la destruction d’un ordre social. 
Toutes n’ont pas non plus joui du pouvoir d’entregent, d’influence et d’omerta qu’était celui d’Olivier Duhamel.
Avec les grands privilèges viennent les grandes responsabilités. Avec le pouvoir -ou le magistère moral- vient la nécessité des contre-pouvoirs.
Suite à l’onde de choc provoquée par "La Familia Grande", le grand ménage dans les rangs de la gauche morale post-1968 est en train de se faire (par souci de justice comme probablement par anticipation d’un retour sans le fardeau de vieilles gloires devenues boulets).
Mais si les comptes d’il y a 50 ans se soldent aujourd’hui seulement, faudra-t-il aussi un demi-siècle avant que nous ne réagissions aux dégâts de l’application sans nuance ni recul des études de genre ? 
Ils émergent déjà en Suède ou dans les pays anglo-saxons.
La sous-estimation des souffrances psychologiques liées au déni de transexualité ou de droit à la différence sexuelle est réelle.
Mais les souffrances causées par des changements de sexe précoces ou des éducations sans aucun repère genré restent largement ignorées.
Respecter les différences sexuelles ou de genre est une chose (absolument nécessaire).
Livrer des enfants ou des ados à eux-mêmes et à ce qu’ils pensent être leur identité à un âge où elles ne sont pas figées en est une autre.
Ce monde fuit la notion même de maturité.
Après avoir précipité les enfants des 70's dans les lits de pervers, abandonnerons-nous ceux des années 2020 aux apprentis sorciers de la négation de l’identité sexuée ?
Lesquels apprentis sorciers se soucient souvent plus de la déconstruction de la civilisation occidentale que du sort de leurs « cobayes ».
Pire, abandonnerons-nous ces enfants à eux-mêmes ? 
Rares sont les êtres humains capables de se développer sans tuteur ni cadre protecteur, à fortiori lorsqu’ils souffrent de ne pas correspondre aux identités -non pas dans la norme- mais dans la moyenne statistique...
Rares aussi ceux qui pourraient prétendre échapper totalement à la biologie. Qu’elle ne détermine pas tout de nos comportements n’en fait pas un détail.
La survie de l’espèce et la vie même passent par là...
Ce n’est pas en jetant le désir des hommes -et notamment des ados sommés d’ignorer crop tops et autres mini jupes- avec l’eau du bain des abus sexuels trop souvent subis par les femmes que la situation s’assainira non plus.
Si les moments de prise de conscience comme ceux provoqués par Camille Kouchner sont utiles, espérons que ce ne soit pas uniquement en regardant dans le rétroviseur...
Et pas non plus en feignant d’oublier que certains drames intimes sont -aussi- le fruit de dérives idéologiques.
Personne ne devient un pervers sexuel sous la simple pression d’un modèle politique.
Mais le silence et l’aveuglement, certains crimes s’en nourrissent largement.

Pour retrouver le thread de Jean-Sébastien Ferjou, cliquez ici 

Atlantico.fr : Quels dégâts peuvent causer les excès de l'étude de genre dans le développement d'un enfant ?

Drieu Godefridi : Commençons par disperser le malentendu sur lequel prospèrent les idéologues du « genre » : il convient de distinguer, soigneusement et radicalement, les études du genre et l’idéologie du genre. Portant sur les variations dans le temps et l’espace des concepts du masculin et du féminin, les études de genre sont parfaitement susceptibles d’un traitement intellectuel rigoureux, objectif et dénué d’idéologie. Ces études sont, bien entendu, légitimes et, du reste, passionnantes : la signification du masculin, par exemple, a considérablement varié dans l’histoire occidentale du Moyen Âge à nos jours ; et les connotations du « féminin » varient nettement entre l’Occident contemporain et les pays arabo-musulmans. Prétendre que les concepts de masculin et féminin seraient purement naturels et ne varietur n’aurait évidemment aucun sens. Par opposition à ces études des variations du genre, se dresse l’idéologie du genre, un projet politique qui, quant à lui, n’a plus rien d’intellectuel ; la démarche n’est en rien de connaissance, elle est programmatique, au sens d’un programme politique. Ce qui fonde l’idéologie du genre — ses postulats — est la négation de la différence biologique entre l’homme et la femme, l’affirmation que les concepts du masculin et du féminin sont purement culturels — sans substrat biologique — que la binarité masculin/féminin est idéologique, patriarcale et violente et qu’il existe une infinité de genres possibles tout aussi légitimes que « masculin » et « féminin ». Tout ce qui, dans cette litanie, n’est pas simplement faux, relève du sophisme. Soumettre des enfants à cette idéologie, au reste intellectuellement pauvre, est regrettable. Comment expliquer à des enfants de 5 ou 7 ans qu’ils ne sont pas « garçon » ou « fille » par le fait de la nature mais par le fait d’une idéologie criminelle, violente et patriarcale sans que cela n’induise des troubles dans la perception qu’ils ont de leur identité ?

Si le genre est un questionnement important à prendre en compte chez l'enfant, des décisions lourdes (comme une opération) prises trop tôt pour que le consentement de l'enfant soit effectif ne peuvent-elles pas avoir de graves conséquences ?

Drieu Godefridi : On considère depuis l’époque romaine qu’il existe un âge en deçà duquel l’enfant n’est pas à même de consentir aux actes importants de la vie courante : acheter un bien immeuble, signer un contrat quel qu’il soit, se marier, etc. Or, ces opérations de réassignation sexuelle se décident de plus en plus tôt, quand l’enfant n’est pas capable d’émettre un consentement éclairé. Conçoit-on qu’un enfant de 11 ans vende des immeubles, spécule en Bourse ou pratique la médecine ? Un enfant qui n’est pas apte à acheter un vélo, serait capable de consentir à des opérations et traitements qui altèrent la substance même de son être ? 

Que peut-on retenir des pays anglo-saxons ou de la Suède qui ont institutionnalisé les études de genre ?

Drieu Godefridi : L’institutionnalisation des études de genre au sens objectif défini à l’instant ne pose aucune difficulté. Toutefois, la plupart de ces facultés ne pratiquent ni n’enseignent les études de genre, mais l’idéologie du genre, souvent dans ses formes les plus radicales et intolérantes.  Car, c’est une caractéristique notable de l’idéologie du genre de vouer une haine bruyante et vindicative à ceux qui questionnent ses postulats. N’en prenons qu’un exemple : le traitement, médiatique et académique, des auteurs féministes qui revendiquent le substrat biologique de la catégorie « femme ». Quand J. K. Rowling, mère de Harry Potter, soutient que la femme est d’abord une vérité biologique, et non culturelle, se déverse aussitôt sur les réseaux des torrents de haine. Est-ce un crime de constater que le concept de femme est une réalité, certes culturelle à la marge, mais avant tout biologique ? Autant d’évidences et de truismes que nient avec haine et fracas les tenants de l’idéologie du genre. Les aberrations du type « personne qui menstrue » au lieu de « femme » paraissent anecdotiques ; elles sont en tous points conformes aux postulats de l’idéologie du genre. Rien de tout ceci n’est anecdotique. Donner accès à des personnes nées biologiquement hommes aux compétitions sportives féminines revient à supprimer le sport féminin, aussi vrai qu’un homme biologique dispose sur les femmes d’un avantage déterminant. Assistera-t-on demain, à des combats de boxe ou de « MMA » (arts martiaux mixtes) entre une femme biologique et un Mike Tyson qui aurait décidé de donner le primat à sa part de féminité ? Terrible destin de ce soi-disant « féminisme » du genre d’en arriver à nier le concept même de femme, et ses réalités existentielles propres ! 

Que nous apprend le cas des "détransitionneurs", ces adolescents qui voulaient à tout prix changer de sexe et qui ont commencé le processus avant de l'interrompre en cours de route ?

Drieu Godefridi : Que nous devrions en revenir à des vérités simples : les enfants relèvent d’une manière de sacralité qui ne doit pas être profanée par l’idéologie. Attention, sur ce sujet il faut avoir égard aux nuances du réel : des personnes naissent « inter-sexes », c’est-à-dire avec un sexe biologiquement intermédiaire. C’est une réalité depuis la nuit des temps, présente dans l’ensemble du règne animal. Pour éviter à ces personnes les souffrances éventuellement liées à cette indétermination, il était d’usage de leur assigner dès la naissance le sexe le plus conforme à leur réalité biologique. Tout cela réclame prudence, modestie et humilité car il n’y a là rien d’évident (je renvoie ici aux travaux fondateurs du Pr. Bernard Saladin d'Anglure, qui relèvent des études de genre au sens le plus noble de cette expression). Ce que nous pratiquons n’a plus rien à voir avec ces cas d’indétermination biologique. Il s’agit à présent de soumettre des enfants dont le sexe biologique est parfaitement déterminé sans la moindre ambiguïté à de lourds traitements par chirurgie et hormones pour changer leur sexe biologique — que l’enfant en fasse la demande « spontanément », ou sous la pression de son entourage (la perméabilité à l’entourage est la définition même de l’enfance sur le plan cognitif). Soumettre des enfants qui n’ont pas atteint l’âge du consentement, voire la simple capacité de s’exprimer de façon rationnelle, à des traitements chirurgicaux et hormonaux qui altèrent pour toujours leur identité biologique, sans aucun motif médical, est un crime ontologique. Car, de ce type de traitement on ne revient pas, comme on décide de revenir sur ses pas : une femme biologique à qui l’on a ôté la capacité de procréer ne la retrouvera jamais. Un garçon biologique qui avale des bloqueurs de testostérone à 9 ans ou subit une orchidectomie (vaginoplastie) ne revient jamais en arrière. Que des adultes procèdent à ce type d’opération les regarde ; mais c’est une errance terrible de nos sociétés que d’y soumettre des enfants qui n’ont pas atteint l’âge du consentement.

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