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Sarkozy a-t-il vraiment 
perdu toute crédibilité 
comme l'annonce Le Parisien ?
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Opi-Gnons

Le quotidien a publié ce mardi une étude BVA qui montre une chute de la crédibilité du président de la République. Comme tout sondage, l'interprétation qui est faite des chiffres bruts peut être soumise à caution.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Atlantico : La crédibilité de Nicolas Sarkozy est-elle effectivement en perdition comme semble le montrer l'enquête BVA publiée par Le Parisien ? Comment expliquer la différence entre d'autres sondages sur le même thème faits au même moment (le IFOP/Match de la semaine passée notamment) ?

Guillaume Peltier : L’institut BVA choisit de comparer des traits d’image auprès de quatre candidats. Alors que les autres instituts (que ce soit Ifop ou Ipsos) lorsqu’ils comparent les éléments de crédibilité, préfèrent, et c’est plus logique, le faire entre deux candidats. Que l’on ne sache pas encore qui sera qualifié ou non pour le second tour, certes (et il est vrai que la qualification peut se jouer entre plusieurs prétendants), mais BVA choisit délibérément une configuration de 1er tour pour tester des items, des éléments de crédibilité comparée et de présidentiabilité, utiles dans la perspective du… second tour. Ce qui affaiblit selon moi la pertinence des résultats car les Français seront amenés à choisir le 6 mai prochain entre deux personnalités, et non pas quatre.

Quels sont les thèmes qui sont véritablement révélateurs de la crédibilité d'un candidat à la présidentielle ? Et ceux à l'inverse qui pourraient plus correspondre à ce qu'on attend d'un gouvernement ou d'un Premier ministre ?

Précisément les thèmes liés à la fonction présidentielle elle même ! Celui qui a le plus l’étoffe d’un Président de la République (40% pour Nicolas Sarkozy contre 22% pour François Hollande selon Ifop/Paris Match), celui qui est le plus capable de porter un projet pour la France (34/29 pour Nicolas Sarkozy), celui qui est le plus capable de mener une politique efficace contre la dette et les déficits publics (32% pour le chef de l’État, 25% pour François Hollande) ou encore celui qui est le plus capable de défendre les intérêts de la France à l’étranger (20 points d’avance en faveur de Nicolas Sarkozy par rapport à François Hollande, 43/23). Sur tous ces sujets, Nicolas Sarkozy garde une avance significative sur son rival socialiste.

A l’inverse, Nicolas Sarkozy est devancé sur deux sortes de qualités testées : celles qui appartiennent au logiciel historique de la gauche d’une part, pauvreté et précarité chez BVA, mener une bonne politique sociale à l’Ifop, capable de réduire les inégalités sociales pour Ipsos, et celles où l’opposition - quelle qu’elle soit - joue à domicile, par exemple sur l’idée d’incarner le changement. Comment s’étonner que François Hollande (46%), François Bayrou et Marine Le Pen (38%), incarnent plus le changement que le Président… sortant ? En tirer des enseignements définitifs serait erroné quand on sait que la crise affaiblit l'impact de la popularité au bénéfice de la crédibilité. Il ne s'agit pas pour les Français d'émettre un vote affectif mais bien au contraire un vote de devoir et de sérieux : qui est le mieux placé, le mieux armé, le plus compétent pour présider "la maison France" en ces temps de crise ?

Quels sont les thèmes où le Président est effectivement en mauvaise posture, voire en chute et ceux où il se maintient ? Comment expliquer que sur la sécurité, Nicolas Sarkozy apparaisse en perdition, loin derrière Hollande et Le Pen ?

Encore une fois, parce que les réponses se diluent entre 4 candidats et non 2 comme ce sera le cas au second tour ! Entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, ce dernier est, d'après l'Ifop, largement plus capable de mener une politique efficace contre l’insécurité : 38% pour Nicolas Sarkozy, 19% pour François Hollande et 43% disent « ni l’un, ni l’autre ». Cette répartition me semble plus juste et pertinente.

Certains sondages s'apparentent-ils plus à des opérations de com' qu'à des instantanés crédibles de l'opinion ?

Oui. Et cela n’est pas interdit d’ailleurs ! Mais il faut savoir raison garder et ne pas en être dupes ! Pour la droite comme pour la gauche, des instituts ont parfois été au cœur de polémiques à l'instar d’une dernière enquête sur le droit de vote des étrangers. Pendant toute campagne électorale, ces opérations existent. Ce qu'il faut impérativement, et c’est un devoir éthique, c'est respecter les règles édictées par le législateur et la Commission des sondages qui veille efficacement sur les échantillons, les quotas, les redressements...

NB : Guillaume Peltier est spécialiste des questions d'opinion, notamment auprès de l'UMP. Il a été candidat de l'UMP à Tours

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