Covid-19 : ce consensus mondial qui pourrait nous permettre de sortir de la pandémie sans risque sanitaire ni retour à des mesures drastiques <!-- --> | Atlantico.fr
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Un patient touché par la Covid-19 soigné dans un hôpital.
Un patient touché par la Covid-19 soigné dans un hôpital.
©Thomas COEX / AFP

Sars-CoV-2

Une étude publiée dans Nature permet d'établir une feuille de route pour de nombreux gouvernements concernant la politique à suivre afin de reprendre le contrôle face au Covid-19.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Une étude d’ampleur, A multinational Delphi consensus to end the COVID-19 public health threat, vient d’être publiée dans Nature. Quel est son intérêt ?

Antoine Flahault : La méthode Delphi est une recherche de consensus qui a été mise au point il y a plusieurs décennies par la Rand Corporation aux USA pour tenter de trouver des points d’accord sur des sujets complexes sur lesquels il n’y a pas ou pas encore de preuves scientifiques suffisantes. Au départ ce n’était pas du tout dans le champ de la santé qu’elle était appliquée, plutôt celui de l’armement ou de l’économie. Mais à la fin des années 1980, l’OMS avait eu recours à cette méthode pour envisager les investissements hospitaliers au début de la pandémie de Sida dans les différents pays du monde. Dans cet article de la prestigieuse revue Nature, les auteurs présentent les résultats d’un consensus obtenu auprès de près de 400 experts scientifiques, personnels politiques et de la société civile de 25 pays à propos de leur opinion sur les recommandations pour mettre fin à la menace que continue de faire peser la pandémie de Covid sur nos systèmes de santé, nos sociétés et la santé publique. C’est un travail de grand intérêt qui, devant la cacophonie parfois ressentie entre les experts eux-mêmes, tente de remettre un peu de lisibilité sur ce qui fait consensus aujourd’hui sur le plan international. Cette publication devrait aider à établir la feuille de route pour de nombreux gouvernements quant à leur politique à suivre pour reprendre le contrôle sur la menace qui persiste face à cette pandémie. Ce type d’étude vient donc utilement compléter, sans les remplacer bien sûr, les rapports de commissions et des panels indépendants produits jusqu’à présent sur le sujet. 

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Le panel a élaboré un ensemble de 41 déclarations de consensus et 57 recommandations aux gouvernements, quelles en sont les principales ? Comment résumer la philosophie de ces préconisations ?

L’élaboration d’un consensus se construit de manière itérative dans la méthode Delphi, et dans cette étude, après trois rounds de questionnaires. Seules les propositions ayant recueilli plus de 67% d’approbation ont été considérées comme consensuelles, ce qui représente un haut niveau d’accord et non une simple majorité. Les principales recommandations pour mettre fin à la menace pandémique dans nos sociétés classent tout d’abord le renforcement de nos systèmes de santé, c’est-à-dire le soin mais aussi la surveillance épidémiologique et le séquençage des virus. Puis vient la lutte contre la désinformation, et en troisième position l’adoption d’une politique appelée “Vaccination plus”, c’est-à-dire la prise de conscience que si le vaccin est indispensable pour réduire le risque de l’infection grave du Covid, il ne parviendra pas seul à réduire la menace pandémique. Il convient donc selon les experts consultés de compléter l’action du vaccin par des mesures non pharmacologiques, au premier rang desquelles figurent une meilleure ventilation et la filtration de l’air intérieur, en raison de la transmission par aérosols du SARS-CoV-2. 

Un consensus mondial sur ce sujet et une application de ces pistes pourrait-il véritablement nous permettre de sortir de la pandémie sans risque sanitaire ni retour à des mesures drastiques ?

Oui, c’est l’objet même de cette recherche. C’est un consensus large dans lequel une très grande majorité des chercheurs, experts, mais aussi décideurs politiques se retrouveront. Aucune des mesures préconisée n’est liberticide dans ce consensus mondial qui n’est ni anxiogène ni catastrophiste, mais qui montre que la communauté des experts converge aujourd’hui pour penser que la pandémie n’est pas terminée, qu’il faut rassembler nos forces et nos énergies pour la combattre et en venir durablement à bout. 

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Y a-t-il dans ces mesures des propositions inhabituelles ou s’agit-il principalement de choses déjà recommandées par les experts ?

Ces recommandations ne sont évidemment pas totalement originales, c’est presque la règle avec ce type de méthodologie qui vise à trouver les points d’accord entre des experts et des usagers d’un domaine. Ce sont donc de façon attendue des constats qui avaient été faits par nombre d’entre nous auparavant et des recommandations qui ont déjà été formulées maintes fois. Mais ce qui est nouveau grâce à ce travail, c’est le filtre que la méthode applique sur ces mesures, en retenant et classant en priorité celles qui font le plus consensus au niveau international. Par exemple, ce fut une bonne surprise pour moi (dans le canton de Vaud, on dirait que j’ai été “déçu en bien”) en voyant l’amélioration de la qualité de l’air intérieur classée très haut dans le consensus. Je pense aussi qu’il est très important que la communauté internationale réalise le danger qui nous guette de voir se propager la désinformation et le populisme scientifique si nous n’allumons pas de contre-feux suffisants.

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