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Une vision des courbes du Covid-19 en 2020 dans un pays asiatique. Les marchés financiers ont été fortement impacté au début de la crise en 2020.
Une vision des courbes du Covid-19 en 2020 dans un pays asiatique. Les marchés financiers ont été fortement impacté au début de la crise en 2020.
©KAZUHIRO NOGI / AFP

Bonnes feuilles

Denis Jacquet publie « Covid : le début de la peur, la fin d'une démocratie » aux éditions Eyrolles. Depuis l'arrivée de la Covid-19, la gestion de la crise en Europe, et particulièrement en France, est chaotique. Denis Jacquet, à contre-courant du politiquement correct, brosse le portrait sans concession d'une France agonisant sous les effets du confinement et du couvre-feu. Extrait 1/2.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La récession consécutive à la gestion de la crise va accélérer les mouvements sociaux, accroître les écarts de richesse, condamner les plus fragiles, les plus pauvres, les territoires et villes petites et moyennes, inciter à abandonner les grandes causes, privilégier la démagogie, pousser aux mouvements sociaux violents et, de façon ultime, tendre la perche aux mouvements nationalistes déjà à l’œuvre.

De façon globale, les femmes sont les principales victimes, partout dans le monde. Explosion des violences faites aux femmes, en raison d’un confinement inutile qui les a livrées 24 h/24 à leurs bourreaux.

Les plus pauvres, pour une large partie, ne retrouveront pas leur emploi une fois la reprise autorisée, accroissant encore leur déclassement et réduisant leur espoir. Les minorités, partout, sont les plus touchées, par une maladie qui se transmet par le milieu familial en premier lieu et les oblige à rester «parquées» chez elles. Les étudiants qui utilisaient la formation comme levier pour s’extraire de la pauvreté ont abandonné leurs livres pour retrouver la rue.

Le confinement des vivants est un cauchemar dénoncé par tous, mais maintenu malgré tout. Le péril du plus grand nombre n’a pas d’importance aux yeux de nos politiques.

L’incapacité organisée

Nous avons mis le monde sous un masque qui interdit sa respiration. Selon la Banque mondiale, ce sont quinze à trente années de lutte acharnée pour sortir les pays émergents et leur cortège de travailleurs pas ou peu qualifiés que nous venons de ruiner. Si le paradis est pavé de bonnes intentions, nous avons certainement dû oublier la définition du mot «bonne ». Bonne pour qui? L’égoïsme de l’Europe, en particulier, insensible au désastre mondial qu’elle est en train de créer pour se soucier surtout de la responsabilité pénale de ses élites et de leur réélection (ou de leur héritage pour Angela Merkel), conduit ce monde à un désastre social et humain sans équivalent. Bien entendu, si nous parlions de l’Ebola, de la lèpre ou d’une épidémie implacable, je n’aurais pas le même discours.

L’Asie, en particulier, a prouvé que la maladie tuait peu, à partir du moment où on était préparé, organisé et doté d’une stratégie ferme. Si la maladie était à la hauteur de la peste ou de l’Ebola, tous les pays seraient en train de pleurer des millions de morts. Ce n’est pas le cas. Ce qui a tué, c’est l’incapacité, « organisée » par le démantèlement progressif de nos systèmes de santé (en Europe, France en tête), ou leur mauvais fonctionnement (États-Unis). La peur essentielle n’était pas de subir une maladie intraitable, mais de manquer de personnel pour la traiter. Avec des lits et du personnel, nous aurions eu un taux de mortalité classique, légèrement supérieur ou égal à la moyenne pour les plus de 65 ans.

L’Afrique a prouvé que la maladie ne tuait pas forcément, alors que chaque année 350 000 Africains meurent, dans l’indifférence générale, de crises de paludisme. Malgré cela, pas un seul dirigeant africain n’a pensé envisageable d’enfermer les Africains pour les protéger des moustiques! C’est pourtant ce que l’on fait en Europe. La précaution. La précaution, ce principe qui tue les sociétés trop riches, qui ont peur que leur ombre ne les dépasse.

À aucun moment, les pays occidentaux ne se sont pas souciés des conséquences pour les pays émergents. Leur seule boussole était leur journal de 20 heures, leur capitale (Paris notamment), un monde étriqué, fait de technocrates et politiques boursouflés d’arrogance et de suffisance, obnubilés par leur nombril et accaparés par le « qu’en-dira-t-on ». En clair, les sondages. Le reste du monde ? Quand on considère les siens comme « non essentiels», je vous laisse imaginer l’intérêt que l’on porte à ceux qui vivent en dehors de nos frontières!

De la Banque mondiale à la Fondation Bill Gates, de l’Unicef aux ONG de terrain, chacun a tenté d’envoyer des SOS, que nos politiques ont ignorés. Pourtant, les bilans sont terribles, même dans les pays occidentaux, dits « développés».

Aux États-Unis, une large partie des étudiants ou jeunes professionnels, au chômage, ravive le débat du remboursement de ses emprunts étudiants, devenu impossible faute de revenus. Cela représente la somme astronomique de 1,6 trillion de dollars en 2020. Le Congrès est en train de réfléchir à un plan d’abandon partiel ou d’étalement de cette somme qui représente, comme on le savait depuis dix ans, une forme de bulle à la «subprime », capable d’accoucher d’une nouvelle crise financière mondiale.

Partout dans les pays occidentaux, nous avons achevé les plus fragiles. Déscolarisés, violentés, abandonnés. Combien d’enfants auront perdu le lien fragile qui les rattachait à la république par l’école ? Combien d’enfants rendus dans de nombreux pays à l’obscurantisme islamique qui n’attendait que cela pour les récupérer? Combien de femmes battues (+30 à 60% pendant les divers confinements), parfois à mort? Combien d’agriculteurs, d’indépendants, tenus à l’écart des aides gouvernementales dans un premier temps. Combien de minorités, victimes majoritaires de la gestion du Covid. Les petits ont été lâchés, non essentiels selon les « enflés essentiels parisiens».

En Amérique du Sud, les organisations internationales présentent les femmes comme principales victimes de la crise. Des femmes par millions, que nous avions mis tant d’années à sortir du seuil de pauvreté, par l’éducation, la formation, l’insertion, entraînant avec elles, comme toutes les mères du monde, leur famille, leurs enfants. Elles ont perdu leur travail, leur logement, ont dû retourner dans ces régions agricoles sans espoir qu’elles avaient fuies pour ne pas mourir, parce que le cadre parisien ou l’ouvrier danois, de 18 à 45 ans, a cédé à l’idée de rester enfermé des mois sans travailler ou peu, de consommer moins pour compenser et de couper le robinet du commerce mondial. Pendant que nos économies s’assoupissaient dans leurs canapés, nous avons envoyé des femmes et leurs enfants vers la tombe.

La Bill Gates Foundation estimait, en octobre, que nous avions rendu au seuil de l’extrême pauvreté (moins de 1 dollar par jour) plus de 30 millions de personnes. Le chiffre terminera certainement à 50 millions au minimum. Et on ne parle là que de l’extrême pauvreté. Moins de 2,5 millions de morts du Covid, à ma droite, certainement 300 ou 400 millions de zombies de l’autre. Devait-on laisser faire cela?

La danse des plus riches

Chaque crise, celle de 2008-2009 en a été l’exemple, a toujours la même conséquence. Les plus riches deviennent plus riches. Les plus pauvres reculent d’un pas supplémentaire. Vers l’abîme. La fortune d’une poignée qui représente moins de 2 % de la population mondiale a progressé de près de 30 % entre le début et la fin de la crise des subprimes. Cette fois aussi. Malgré des mesures d’aide inédites aux États-Unis, le surcroît de 5 millions de chômeurs provoque une relégation supplémentaire, notamment des minorités noires américaines. Les chèques distribués ont permis de colmater une partie de la plaie, mais pas assez. Néanmoins, les conséquences sont moins graves aux États-Unis qu’en Europe. À fin décembre 2020, le niveau des faillites aux États-Unis était déjà redevenu inférieur à celui d’avant la crise. Pendant ce temps, la France prévoyait un taux de faillite du double de ceux de nos voisins européens. No comment… Une partie de l’enrichissement des plus riches est facile à expliquer. Plus de 60% des foyers américains gagnant plus de 150 000 dollars ont un portefeuille boursier. La valorisation boursière globale aux États-Unis a progressé de plus de 52% (jusqu’à 70%) sous les trois précédents présidents américains. Ainsi pour tout Américain «riche » ou aisé, les vingt dernières années ont été une magnifique source d’accroissement de l’épargne en actions. Pour ceux qui ont acheté des titres à l’effondrement de mars 2020, la Bourse aura été une source incroyable de profits depuis. Les heureux propriétaires de titres Amazon, Apple ou Tesla ont ainsi pu doubler leur mise en moins de six mois.

Sans parler de l’effet de la crise sur le bitcoin, devenu officiellement une valeur refuge, comme l’or, qui est passé de moins de 1 000 dollars à 61 000 en l’espace d’une année. Toute personne qui en possédait pour 30 000 dollars il y a un an est désormais assise, en janvier 2021, sur la coquette somme de 905000 dollars, une plus-value de 870 000 dollars, six années de salaires pour un cadre gagnant 150 000 dollars. Et ce n’est pas fini, puisque certains analystes évoquent un bitcoin à 140 000 dollars dans les prochaines années (300 000 dollars disent certains), ce qui porterait la même somme à 4,5 millions de dollars! Le bitcoin a profité de cette folie furieuse qui a consisté à tuer l’économie plutôt que de la laisser vivre (en Europe) et de faire marcher la planche à billets pour compenser les plaies béantes que nous étions en train d’infliger à un patient déjà fragile. L’ampleur possible de la récession et l’arrivée souvent consécutive de l’inflation qui l’accompagne, mais surtout la dépréciation monétaire qu’entraîne la création artificielle de monnaie, ont permis au bitcoin de s’envoler plus rapidement que prévu. L’exemple de la crise grecque – qui a montré qu’en cas de faillite bancaire, l’État, avec l’appui de l’Europe, pouvait ponctionner les comptes des particuliers, d’une façon spoliatrice et liberticide – a fait que chacun s’est replié sur une monnaie virtuelle échappant au contrôle central et dégagée de toute manipulation politique. Ce sera d’ailleurs l’une des leçons de cette crise, notamment en France : la centralisation tue et les citoyens vont tenter d’y échapper via les monnaies alternatives notamment.

C’est donc ainsi, mais pas seulement, que les plus riches deviennent encore plus riches. Côté milliardaires, si nos amis américains sont devenus, certains jours, les plus riches du monde (Jeff Bezos, par exemple), ce sont surtout les milliardaires chinois qui ont tiré leur épingle du jeu. Ils ont été les plus gros bénéficiaires des hausses de la valorisation des actions du numérique pendant la crise du Covid, qui a encore accéléré la tendance aux achats en ligne chez les Chinois. La Chine, rappelons-le, aura une croissance supérieure à 4% en 2021. Au même moment, la France commencera à payer l’addition et la Chine, elle, passera à la caisse, traversera à nouveau la case « Départ» et touchera 20 000 !

Extrait du livre de Denis Jacquet, « Covid : le début de la peur, la fin d'une démocratie : Quand le politique utilise les discours anxiogènes pour voler nos libertés », publié aux éditions Eyrolles.

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