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Covid : L’Europe ne résoudra pas les problèmes de la France dont le système de santé manque cruellement de moyens
Covid : L’Europe ne résoudra pas les problèmes de la France dont le système de santé manque cruellement de moyens
©MARTIN BUREAU / AFP

Atlantico Business

Les raisons de la stratégie de l’exécutif contre le Covid sont financières et politiques avant d’être sanitaires. Quant au Conseil européen, convoqué aujourd’hui en urgence, il ne résoudra pas notre déficit de moyens hospitaliers.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La situation se durcit dans certaines régions, dont l’Ile-de-France, à tel point que des déprogrammations de soins ordinaires sont organisées afin d’accroître les lits en réanimation. Manquent les ressources humaines et financières. Le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, convoqué ce jeudi, ne résoudra pas les problèmes de notre système de santé.

La stratégie anti-Covid est pour le moins confuse depuis une semaine. Face à cette troisième vague de l’épidémie formée par non seulement la circulation du virus, mais surtout par l’apparition de variants dont l’impact est difficile à décrypter, l’ensemble de l'exécutif a essayé de jouer sur tous les tableaux. Il a répondu à la demande des soignants qui craignent de voir les hôpitaux débordés et qui demandent un durcissement des procédures de confinement. Mais il a aussi entendu l’opinion publique qui supporte de moins en moins les mesures de restrictions.

Le Premier ministre a donc parlé d’un nouveau confinement, sans pour autant durcir les conditions de vie plus qu’elles ne l’étaient, sauf pour les commerçants non essentiels... Mais le président de la République, lui, a banni le terme de confinement, préférant faire appel à la responsabilité de chacun pour respecter les consignes et freiner le virus… Dans la foulée, il reconnaît qu‘il faut accélérer les campagnes de vaccination, sans pour autant avoir la garantie de posséder assez de doses pour remplir sa promesse d'immunité collective à l’été prochain.

La raison de cet imbroglio au niveau de la stratégie est très simple. Elle est financière, parce que l’hôpital n’a pas les moyens de gérer un pic de pandémie comme celui que le système a connu il y a un an ni celui d’aujourd’hui... mais par ailleurs, il ne veut pas prendre de risque politique au moment où il fait le pari que la vaccination nous sorte de ce piège. La France est en partie mise en pause, 16 départements dont les plus peuplés aujourd’hui et peut-être plus demain, parce que la gestion sanitaire de l’épidémie n’est pas à la hauteur.

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Un an après le début de la crise et malgré le vaccin, malgré les masques, malgré l’argent des finances publiques que l’Etat dépense sans compter, l’hôpital n’est toujours pas parvenu à se transformer.

Les difficultés financières sont évidentes. Les salles de réanimation sont encore une fois le creuset de la crise. Crise épidémique, mais aussi crise organisationnelle que l’hôpital connait depuis de trop nombreuses années.

Comme pour la première vague, le scénario tant redouté d’une saturation des capacités de réanimation est en train de se dérouler. En Ile-de-France, c’est l’alerte rouge dans les hôpitaux où des lits sont transformés pour recevoir de futurs patients Covid. En attendant, c’est la marche normale de l’hôpital et des soins ordinaires qui en pâtit.

Dans son rapport publié jeudi dernier, la Cour des Comptes faisait le constat que la gestion de la crise par l’hôpital avait, non seulement, été loin d’être suffisante, mais qu’en plus, les évolutions de l’hôpital sont à contre-courant des besoins structurels de la société française. A la Cour des Comptes, on rappelle que le sens de l’Histoire, le vieillissement de la population, plaide en faveur de l’augmentation de l’offre de lits.

1er constat : les lits en réanimation n’ont pas augmenté, comme annoncé.

Au 1er semestre dernier, il était question d’augmenter les capacités de réanimation en atteignant les 12 000 lits. C’est ce qu’a rappelé à de nombreuses reprises le ministre de la Santé lors de ses conférences de presse. Au plus fort de la première vague, l’hôpital a compté jusqu’à 10 707 lits, avant de diminuer 8 320 lits le 15 juin 2020. L’augmentation ne fut donc que temporaire.

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En octobre 2020, au commencement de la seconde vague, les capacités en réanimation étaient de nouveau en dessous des 7 000 lits (6 300). Seuls 800 lits ont été créés depuis avril 2020 de manière pérenne.

Et si la France dispose bien de 12 000 respirateurs, il s’agit d’une hypothèse maximale qu’elle ne peut pas aujourd’hui mettre en place, pour manque de ressources nécessaires pour les faire fonctionner en même temps, notamment d’aide-soignants et d’infirmiers disponibles et formés.

La Cour des Comptes préconise une augmentation pérenne des lits de réanimation, adaptée à l’augmentation de la proportion des personnes âgées.

2ème constat : le « Quoi qu’il en coûte » ne s’est pas appliqué à l’hôpital.

Pour le secteur privé, dont certains commerces sont fermés sans discontinuer depuis un an (les discothèques, l’événementiel), ou ceux qui ont dû refermer leurs portes ces derniers jours, les aides (fonds de solidarité, prise en charge de frais fixe, chômage partiel…) continuent et fort heureusement. Mais l’hôpital, lui aussi en crise depuis un an, n’a pas le droit à la même explosion budgétaire. Il y a certes ce « Ségur de la Santé », on peut compter 8 milliards d’euros pour la revalorisation des soignants et 19 autres milliards pour une « refonte » du système sur 10 ans – dont une partie déjà annoncé déjà annoncée dans le plan de relance, soit 27 milliards au total.

Dans le même temps, dans le budget de la Sécurité sociale pour 2021, décidée à l’automne dernier, on se servait de l’hôpital comme variable d’ajustement, pour de nouvelles économies en réduisant de près d’un milliard, par an, le montant attribué aux établissements publics.

L’hôpital est peut-être celui qui a le moins profité des mesures de soutien ou même du plan de relance. Le « Quoi qu’il en coûte » n’existe pas pour l’hôpital et le confinement et le couvre-feu en sont des conséquences logiques, plus financières que sanitaires.

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