Covid : Fin des PME, fin des territoires ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président français, Emmanuel Macron, et le ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, Alain Griset, à l'Elysée, le 1er mai 2021.
Le président français, Emmanuel Macron, et le ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, Alain Griset, à l'Elysée, le 1er mai 2021.
©LUDOVIC MARIN / PISCINE / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

"L’entrepreneur de PME, la TPE, le commerçant, l’artisan, est le dernier bastion qui protège la démocratie et la République, ce n’est plus l’État, qui, lui, abandonne ses territoires. Si nous oublions cette réalité, elle se rappellera à nous. Très vite. Très violemment".

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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On nous annonce des croissances records. Une avalanche de chiffres après la virgule, sur fonds de relance et de planche à billets. On nous dit que Paris a été touché et pourrait redémarrer moins vite. On nous dit être confiants sur les PME, et pourtant on nous dit que l’État, la Caisse des dépôts s’inquiètent pour les territoires, qui sont composées essentiellement de PME. Étrange !

La méthode Coué est indispensable, elle ne coûte rien, contrairement au déficit public, et si elle pouvait être auto-prédictive, j’en serais le premier heureux. Mais mon bonheur serait complet si nous avions un plan B, au cas où Coué ne serait pas suffisant à caresser la croissance dans le sens de la virgule. Nous n’en avons pas.

En France on aime la macro-économie et les tableaux Excel. Les moyennes. Elle évite les reliefs et permet d’avoir l’air intelligent, car en ignorant la réalité dans ses dimensions, on répond plus facilement aux questions qui vous sont posées, et l’on passe ainsi un message simple que chacun croit comprendre. Ce qui est bon pour le discours politique, est moins juteux pour l’entrepreneur de province. L’entrepreneur des petits territoires, de la petite ville rurale, déjà désertée par les services publiques et les moyens de paiement.

Je ne suis pas inquiet pour Paris. Elle rebondira, malgré Anne Hidalgo. A l’arrêt dans les transports routiers, et surpolluée par ses embouteillages massifs, elle regorge de sièges sociaux et centres de décision. L’emploi y reviendra toujours. C’est le propre des capitales qui capturent le pouvoir, les médias et les sièges sociaux. Pas aussi vite que prévu, peut-être. Mais franchement, qui peut s’inquiéter pour Paris ? Londres devient de plus en plus attractif, malgré ce que nous annonçaient les prophètes incompétents qui viennent peupler faute de mieux, les plateaux des chaînes d’info. Le Royaume Uni a même failli nous battre à la petite course aux investissements étrangers. Mais ça ira, ça ira ! (Phrase historique à Paris !).

Je ne suis pas très inquiet pour Lyon, Marseille, mais peu confiant pour Toulouse, massacré par la crise du transport aérien. Inquiet pour le Sud de la France, qui, cet été, fera un faux plein, faute de touristes étrangers. La France a décidé dans son arrogance et le deni de réalité qui caractérisent ce gouvernement, de classer en Orange les USA, qui sont juste 100 fois meilleurs que nous sur la contamination et la vaccination, et étant donné le taux d’occupation prévu aux USA pour cet été, on comprend que les américains iront aux USA, pas en France, ni en Europe, puisque pour une raison incompréhensible, seuls les vaccinés peuvent venir chez nous quand un test négatif au départ à l’arrivée suffiraient à accepter tout le monde. Bref.

Je suis inquiet pour Flers de l’Orne, où je suis né, qui tourne comme nombre de villes menées par des Maires socialistes déterminés à laisser l’islamisme monter en flèche pourvu que les votes suivent en masse. Tous les « Flers de l’Orne » de France, qui ne tiennent que par un petit fil, celui d’une dernière grande entreprise locale, qui, si elle craque, et plie les bagages, laissera la ville sans emplois, à feu et à sang, en proie aux luttes interculturelles et confessionnelles qui s’en suivront pour se disputer les restes. Toutes ces villes qui vont perdre des PME, ETI, ou grandes entreprises, qui leur permettent de survivre. A Flers c’est Faurecia et on connaît la situation de l’automobile en France !

Je suis encore plus inquiet pour ces villages, et petites villes de moins de 20 000 habitants. Elles ne tenaient socialement que par la présence de quelques entrepreneurs encore debouts, dont la sortie de crise nous apprendra s’ils seront là demain ou non. En effet, ils sont souvent dépendants de donneurs d’ordres, qui retiennent leurs plans de licenciement en attendant la rentrée et pourraient les entraîner vers le fonds, ou de consommateurs qui par peur, risquent de ne plus consommer. S’ils disparaissent, ils ne « repousseront » pas. Dans les petites villes, les cendres des uns ne font pas le terreau des autres.

S’ils disparaissent, les services publiques suivront. Les banques aussi. Les hôpitaux s’éloigneront un peu plus qu’ils ne le sont déjà, puisque nous avons continué à supprimer des lits d’hôpitaux pendant la crise du Covid alors que nous manquions soi-disant de lits !! Combien de villages sans Poste, sans distributeurs de billets de banque, sans école, sans hôpitaux à proximité ? Cette France a 3 vitesses, enclenchera alors la marche arrière, et les gilets jaune, la marche avant, vers Paris.

L’entrepreneur de PME, la TPE, le commerçant, l’artisan, est le dernier bastion qui protège la démocratie et la République, ce n’est plus l’État, qui, lui, abandonne ses territoires. Si nous oublions cette réalité, elle se rappellera à nous. Très vite. Très violemment. Les habitants de ces territoires ne comprennent pas les moyennes des tableaux Excel des macro-économistes de salon Parisien. Ils connaissent leur vie, et ses reliefs, qui leur donnent le vertige, mais pas celui des cimes, celui des abysses.

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