Couacs en série : et même pour la réforme de la cellule com' de l'Elysée<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président de la République François Hollande.
Le président de la République François Hollande.
©Reuters

Éditorial

Le président de la République François Hollande s'est résolu à modifier la composition de son équipe de communication, changeant notamment le rôle de son conseiller politique Aquilino Morelle.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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C’est un cocktail de raisons qui est à l’origine des changements au sein de la cellule de communication élyséenne annoncés dans un article fort courtois (déférent ?) du Monde d’aujourd’hui. Il y a bien sûr, comme le rappelle le quotidien du soir, le constat que la communication de François Hollande n’est pas un modèle du genre et les tensions récurrentes entre les équipes de l’Elysée et de Matignon qu’il faut aplanir. Mais il y a aussi – et beaucoup – des histoires d’hommes et des stratégies personnelles.

Le Monde explique que François Hollande vient de « renforcer le rôle » de son conseiller politique Aquilino Morelle en lui confiant « la haute main » sur la communication de l’Elysée. En fait cette promotion a aussi beaucoup à voir avec d’autres mouvements au sein de l’équipe de François Hollande. Le départ de Romain Nadal, porte-parole aux affaires diplomatiques qui a rejoint le Quai d’Orsay à la demande de Laurent Fabius à l’automne dernier, a été sur ce point déterminant. Parce que Romain Nadal est un proche d’Aquilino Morelle qui se trouve donc privé d’un allié dans les jeux d’influence du Château (Nadal et Morelle sont tous deux d’origine espagnole, tout comme Paul-Jean Ortiz, conseiller diplomatique à l’Elysée, Pierre Herrero, conseiller spécial au ministère des Français de l’étranger, Anne Hidalgo ou Manuel Valls…). Aussi parce que c’est en grande partie de la fonction occupée par Romain Nadal qu’hérite Aquilino Morelle aujourd’hui.

Il y a encore le départ il y a quelques jours vers le Conseil d’Etat du brillant et discret Paul Bernard, la plume de François Hollande, dont les relations avec Aquilino Morelle s’étaient tendues ces derniers temps et la montée en importance parmi les conseillers de François Hollande de l’ami de quarante ans, Jean-Pierre Jouyet, ancien camarade de promo à l’ENA du chef de l’Etat et ancien secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon. « Tous ces mouvements sont aussi le signe que les cabinets sentent bien arriver le prochain remaniement ministériel, probablement en mai ou en juin. Ces changements sont aussi le signe que les conseillers ministériels commencent à songer à se recaser… » explique un conseiller à Matignon.

Ces modifications au sein de la cellule communication de l’Elysée illustrent encore deux tendances fortes de la présidence de François Hollande. D’abord,l’incapacité quasi chronique du chef de l’Etat à décider et à trancher. Celui qui annonçait fièrement pendant sa campagne « le changement, c’est maintenant » prouve une fois de plus toute la difficulté qu’il a à faire bouger les choses : certes les rôles de ses conseillers évoluent, mais dans un jeu de chaises musicales. L’équipe reste la même. Personne ne sort, personne ne rentre.

L’autre tendance, c’est ce décalage complet avec les changements de la société et ce manque cruel de confiance dans le progrès (pour un président socialiste, quel paradoxe !). En confiant « la  stratégie internet » à son conseiller Claude Sérillon, François Hollande prouve une fois de plus qu’il n’a rien compris. Journaliste de presse écrite puis de télévision, Claude Sérillon n’a jamais particulièrement travaillé avec les nouvelles technologies (il a même fait les trois quarts de sa carrière avant même l’arrivée du web dans les rédactions !) et sans faire de racisme « anti vieux », idiot comme tous les racismes, il est légitime de s’étonner de la nomination d’un homme de 63 ans à la tête de la stratégie digitale. En voyage officiel aux Etats-Unis, François Hollande pourrait facilement observer ce que fait Barack Obama. Assez logiquement, les conseillers web de ses campagnes électorales ont toujours eu 30 ans de moyenne d’âge. Les chefs des « Victory Labs » du président américain, Macon Philipps en 2008 et Harper Reed en 2012, sont tous les deux nés en 1978 !

Pire encore, si cette nomination de Claude Sérillon « dont le rôle est resté assez flou en interne » à l’Elysée est bien une placardisation comme le laisse entendre Le Monde, c’est à la fois cruel pour celui qui est souvent décrit comme un proche de François Hollande (voir les moqueries sur le web ici) et la preuve d’une désespérante incompétence dans le domaine des nouvelles technologies. Internet, un placard ?

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