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Coronavirus : une crise sanitaire sur fond de crise politique, sociale et morale
©Luis ACOSTA / AFP

Enjeux

L'épidémie de Coronavirus en France a fait resurgir une crise politique et morale. Quelles sont les réponses de la part du gouvernement qui pourraient rassurer la population ?

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès

Stéphane Rozès est président de Cap, enseignant à Sciences-Po Paris et auteur de "Chaos, essai sur les imaginaires des peuples", entretiens avec Arnaud Benedetti.

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La crise sanitaire liée au coronavirus a fait son apparition en France dans un contexte de crise politique et morale. Quelles en sont les raisons? 

Stéphane Rozès : Les sondages indiquent que le niveau d’inquiétude à l’égard du coronavirus (61%) est bien supérieur à celui des autres épidémies. Cela vient sans doute d’une part d’une différence de perception au regard de ce que disent les médias de cette épidémie partant de la Chine et s’étendant maintenant aux autres continents mais également au fait qu’une majorité de Français pensent majoritairement que des informations ont pu leur être dissimulés de la part des autorités françaises, au regard des informations dont les autorités disposaient. C’est évidement une défiance importante. Il y a sans doute à cela un faisceaux de raisons:

La première réside dans le contexte de défiance politique et  sociale. Cette crise sanitaire fait suite à des mouvements sociaux particulièrement mouvementés, notamment la crise des gilets jaunes, suivie du mouvement contre la réforme des retraites, lui aussi également soutenu par une majorité de Français. 

Ce gouvernement fait face à une défiance d’une majorité de Français rarement égalé dans la dernière période de notre pays.

La deuxième raison est liée au fait que l’actualité médiatique depuis 2 ans a été vampirisé sur les questions sociales. Et nos compatriotes n’étaient informés que de manière très relative de la crise du coronavirus alors que l’on voyait bien les autres pays affectés et prendre des mesures draconiennes notamment en Chine. 

Le scope médiatique ne traitait de façon que très relative la question du coronavirus et cela a pu donner le sentiment aux Français que des informations leurs étaient  cachées. 

Il y a donc une raison structurelle de défiance envers les institutions et des représentants politiques liée à l’actualité politique et sociale, mais également un effet de projecteur sur le fait que la classe politique et médiatique a été très polarisée sur la crise sociale et politique alors même que peu à peu montait à bas bruits le fait que d’autres pays subissait une contamination.

Par ailleurs , on peut également soulever une dernière cause à cette défiance, les autorités ont pu on lors de la précédente crise, sous Roselyn Bachelot, avec le  virus H1N1, donner le sentiment d’ en avoir fait beaucoup, sans doute même  trop. En effet, traditionnellement les autorités sont poussés à prendre le maximum de précaution parce qu’ils savent pertinemment que dans un pays comme la France, c’est le politique qui est pointé du doigt pour ne pas avoir pris suffisamment de mesures préventives de ne pas avoir été suffisamment préparé pour faire face à de telles crises. 

Enfin , si le gouvernement semble relativement  dépassé ou n’ayant pas pris la mesure par l’ampleur de la situation, c’est que face  à une pandémie complexe, il n’a pas pu compter sur les leaders d’opinion pour initier ou relayer spontanément les messages nécessaires.  

Les leaders d’opinion devaient être correctement informés en amont et cela n’ a pas été le cas. 

Toutes ces raisons concourent aux oscillations des français entre quiétisme et paniques et des attitudes contradictoires des autorités.

Quelles actions la population attend-elle du gouvernement face à ces crises multiples?

Du fait de notre histoire, le premier réflexe, que l’on observe à chaque crise majeure, quelle soit industrielle comme sur le site de Lubrizol, environnementale comme lors de marées noires ou encore sanitaire comme c’est le cas actuellement, c’est de considérer le responsable comme étant l’autorité politique. 

Comme dans aucun autre pays du monde, c’est aux politiques de prévenir, de réguler de contrôler. La population se tourne d’abord vers le gouvernement et le ministère concerné. 

Aujourd’hui, la réponse du gouvernement ne peut pas être purement technique et technicienne. La parole politique exige de la présence sur le terrain, des gestes symboliques … 

Dans les domaines sociaux, économiques et politiques, la symbolique de geste est primordiale. Il y a encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine.

Enfin, il faut dire que dans le cas de cette pandémie, il y aura beaucoup de gens touchés mais peu devraient décéder.

Il faut partout diffuser les consignes d’hygiènes et expliquer les limites des règles de confinement mais prudence et limitations nécessaires pour les grandes concentrations.

Le gouvernent apparaît mal préparé au coronavirus qui met à l’épreuve notre système de santé. Une mauvaise gestion de l’épidémie peut-elle durablement affecter la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron ?

La crise du Coronavirius s’inscrit dans un contexte de défiance politique et moral. 

Cette crise va amplifier un climat de défiance et selon la sortie de crise les effets seront variables.  On peut constater des impacts dès à présent. 

Pour toutes les représentants de LREM, la passe est déjà difficile. Mais si on prend l’exemple parisien , alors même qu’Agnès Buzyn aurait pu profiter d’une personnalité adaptée aux attentes des parisiens avec un meilleur positionnement , de son projet électoral, était plus adapté aux souhaits des Parisiens, ont sent bien aujourd’hui que cette crise du coronavirus peut handicaper la campagne de l’ancienne ministre de la santé. 

Ne précipitons donc pas les choses, restons prudent, nous verrons bien ce que donnera la capacité de notre système de santé à répondre à la crise.

Mais mal en point en amont du Coronavirus, si notre système de santé et nos urgences ne faisaient pas correctement face alors le gouvernement serait pointé du doigt et cela aura un impact électoral négatif pour le macronisme  aux régionales et présidentielle.

Sinon l’ exécutif profitera de cette parenthèse devant normalement susciter un réflexe d’union nationale.

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