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Conseil stratégique des industries de santé : pourquoi l’Etat français fragilise nos grands groupes pharmaceutiques (qui savent aussi le faire seuls...)
©GERARD JULIEN / AFP

Et surtout la santé

Le Conseil stratégique des industries de santé se réunit ces 9 et 10 juillet avec pour but de renforcer l'attractivité du pays pour ce secteur au moment où l'industrie se plaint d'une double peine composée d'obstacles tarifaires et réglementaires.

Claude Le Pen

Claude Le Pen

Claude Le Pen est un économiste français, professeur à l'université Paris-Dauphine où il dirige le master d’économie de la santé. Il est président du Collège des économistes de la santé.

 
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Atlantico : Le Conseil stratégique des industries de santé se réunit, comme tous les deux ans depuis 2004, ces 9 et 10 juillet, et aura pour objectif de renforcer l'attractivité du pays pour ce secteur. Quels sont les principaux enjeux pour le secteur de la santé dans l'économie française, notamment autour de la question des économies faites par les lois de financement de la Sécurité Sociale sur le médicament ? 

Claude Le Pen : Le secteur pharmaceutique a longtemps constitué un des atouts industriels de la France avec un marché dynamique et une balance commerciale très bénéficiaire. Cette position s’est dégradée au fil du temps. Les raisons sont multiples. Du côté industriel, des erreurs stratégiques ont été commises par exemple en sous-estimant le développement des biomédicaments, issus des biotechnologies. Or, ces traitements ont connu de formidables succès en cancérologie, dans les maladies auto-immunes, et sont devenus incontournables. Mais aucun n’est produit en France. Du côté des pouvoirs publics, on est en pleine schizophrénie. D’un côté on voudrait voir se développer un brillant secteur industriel dans les sciences de la vie, mais de l’autre la pharma est la seule industrie dont l’état organise méthodiquement la baisse du chiffre d’affaires au motif de maîtriser les dépenses d’assurance-maladie. Contrairement à une idée reçue les dépenses de médicaments n’ont pas explosé ces dernières années, même si les prix unitaires de certaines molécules ont pu être qualifiés d’« exorbitants » au moment de leur lancement. Mais la régulation publique des prix, qui est en France parmi les plus sévères, et la concurrence ont fait baisser ces prix.

Le secteur se plaint notamment des lourdeurs administratives, notamment concernant les autorisations, comparativement à d'autres pays. En quoi le système français peut-il être amélioré ? 

C’est exact que l’industrie se plaint d’une double peine avec des obstacles tarifaires combinés à des obstacles réglementaires. Au Royaume-Uni ou en Allemagne, par exemple, les nouveaux médicaments peuvent être lancés dès l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) avec une régulation des prix et du remboursement ex-post. Cela marche plutôt bien. En France, les décisions de remboursement et de prix interviennent avant le lancement et occasionnent des retards substantiels. Cela permet certes de gagner un peu de temps et d’argent mais au détriment des patients… Le problème est encore pire pour le secteur des technologies médicales hors médicament. Par ailleurs, au fil du temps les critères techniques d’évaluation pour décider du remboursement et des prix sont devenus ambigus et difficile à décoder pour des investisseurs étrangers.  

Que peut obtenir le secteur de la santé d'un tel Conseil stratégique ? Quelles sont les attentes du secteur et quels sont les résultats envisageables ? 

Le secteur réclame essentiellement des simplifications administratives et réglementaires pour l’accès au marché et une plus grande prévisibilité dans la politique de tarification. Plus que la sévérité des règles c’est leur instabilité qui pénalise l’investissement. Par ailleurs depuis l’affaire Mediator® les relations entre l’Etat et les industries de santé dans leur ensemble sont mauvaises. On est un peu passé d’un extrême à l’autre. En toute rigueur et en toute transparence il est sans doute possible de normaliser des relations qui sont nécessaires pour faire avancer la recherche publique et privée.  

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