Connaissez-vous les 22 autres candidats qui se présentent aux côtés d'Obama et de Romney ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Jill Stein, Gary Johnson, Rocky Anderson, Virgil Goode... Eux aussi sont candidats à l'élection présidentielle américaine.
Jill Stein, Gary Johnson, Rocky Anderson, Virgil Goode... Eux aussi sont candidats à l'élection présidentielle américaine.
©Flickr / ironypoisoning

Surprise du chef

Le prochain président des Etats-Unis sera, au choix, Barack Obama ou Mitt Romney. C’est une certitude. Pourtant, 22 autres candidats participent dans un quasi-complet silence à cette élection. Peuvent-ils jouer le rôle de faiseurs de roi ?

Non, il n’y a pas que Barack Obama et Mitt Romney qui sont candidats au poste suprême, décerné ce mardi 6 novembre 2012. L’élection présidentielle américaine n’est en effet pas un duel mais bien, comme en France et dans bien d’autres démocraties, l’affaire d’une myriade de candidats. Ils sont en fait 24 à lorgner sur le poste présidentiel et, en principe, tous ont la même chance de l’obtenir. En principe… seulement, car en pratique, aucun de ces 22 "petits" candidats n’excède les 3% d’intentions de vote.

Ceux-ci peuvent se classer en trois catégories :

- Les indépendants sans partis : ils sont au nombre de 6, à noter en particulier l’ancien journaliste Joe Schriner, le pasteur fondamentaliste Terry Jones et l’artiste proche du Tea Party Robert John Bruck (rappelez-vous, "Naked Cowboy") ;

- Les candidats issus de micro-partis : ils sont au nombre de 14, les principaux noms à retenir étant Virgil Goode (Constitution Party), Rocky Anderson (Justice Party) et l’actrice Roseanne Barr (Peace & Freedom Party) ;

- Les tiers partis "de longue date" : ils sont au nombre de 2, en l’occurrence le Parti vert avec Jill Stein, et le Parti libertarien avec Gary Earl Johnson.

A côté de certains candidats aux idées plus ou moins folkloriques (Randall Terry – qui a concouru pour l’investiture démocrate contre Barack Obama – a par exemple mis en avant sa lutte anti-avortement avec des vidéos de fœtus morts côtoyant des images de Barack Obama, Terry Jones – qui avait brûlé des exemplaires du Coran en 2011 provoquant un regain de violence en Afghanistan – a de son côté diffusé une vidéo où il pose à côté d’une tombe ornée d’une mention "Obama dead", …), d’autres ont un parcours politique plus consistant et, par conséquent, ne sont pas à prendre à la légère.

Débat alternatif

Quatre candidats parmi ces 22 (ceux qui sont en tout cas en position mathématique de remporter l’élection de par leur présence dans un nombre suffisant d’Etats) ont été invités à débattre le 23 octobre dernier dans un hôtel Hilton à Chicago à l’invitation de l’ONG Free & Equal Elections Foundation, modéré par Christina Tobin de l’ONG et surtout par l’ancien présentateur-phare de CNN Larry King, débat retransmis notamment sur Al-Jazeera English… mais pas sur les grands networks américains. Ils n’avaient par définition aucune chance de prendre part aux "grands" débats car, pour la commission qui les organise, seuls les candidats disposant de 15% d’intentions de vote dans au moins cinq sondages ont le droit d’y participer :

Rocky Anderson, même en vertu du fait qu’il ait été maire de Salt Lake City, capitale des Mormons, n’ira sûrement pas défendre Mitt Romney. Le candidat du Justice Party se place en effet à la gauche du parti Démocrate (il en était membre durant ses deux mandats et n’a quitté ce parti qu’en 2011), ce qui se ressent dans nombre de ses idées : opposition à l’intervention en Irak, politique de l’immigration plus souple, soutien aux droits des homosexuels, régulation du système bancaire, lutte contre le changement climatique et – il fut le seul maire d’une grande ville dans ce cas – favorable en 2004 à un empeachment de George W. Bush !

Gary Earl Johnson a été gouverneur du Nouveau-Mexique de 1995 à 2003 et, en 2011, a songé à prendre part à la primaire républicaine avant de se ranger derrière Ron Paul. C’est finalement l’investiture du Parti libertarien qu’il obtient en mai 2012. En termes d’idées, difficile effectivement de faire plus libertarien que Johnson : libéral économiquement parlant mais progressiste sur les questions sociales, il est ainsi favorable à la légalisation de la marijuana et à l’union civile pour les couples homosexuels – pour le social – tout en étant farouchement opposé à l’interventionnisme étatique.

Virgil Goode est également un homme politique expérimenté, représentant de la Virginie à la Chambre des représentants de 1997 à 2009. Sa boussole politique est légèrement plus à droite que celle de Mitt Romney : son principal combat est de réserver les emplois en priorité aux Américains.

Jill Stein, enfin, connait déjà bien Mitt Romney pour l’avoir combattu à l’élection du poste de gouverneur du Massachusetts en 2002. Diplômée du Harvard College et de la Harvard Medical School, ce médecin met au cœur de son programme un "New Deal vert" qui permettrait conjointement de relancer l’économie américaine et d’intensifier la lutte contre le changement climatique. Prolongements de sa pensée : légalisation de la marijuana, sortie du nucléaire, mise en place d’un système d’assurance-santé destiné aux personnes âgées, taxe sur les transactions à Wall Street. Les non-Américains ont eu jusqu’à présent deux principaux moyens de la découvrir médiatiquement : elle est soutenue par l’éminent et influent linguiste Noam Chomsky (ainsi que par le militant du logiciel libre Richard Stallman), et elle a été arrêtée le 16 octobre en essayant de participer au deuxième débat Obama-Romney dans l’université d’Hofstra.

Pour se convaincre de l’abysse séparant ces candidats aux deux mastodontes Obama et Romney, il suffit de regarder leurs comptes sur les réseaux sociaux pour comprendre que même sur Internet, le duopole a assis sa mainmise.

Ce qui se voit aussi dans les intentions de vote : Gary Earl Johnson ne dépasse pas les 3%, Jill Stein plafonne également à 3% et les autres candidats ne dépassent pas le 1% d’intentions. Pas de quoi lorgner sur la Maison Blanche. Mais, par contre, assez pour causer quelques sueurs froides aux deux principaux candidats à l’échelon local.

Chaque voix comptera

C’est en effet des "swing states" que se jouera l’élection, ces Etats qui ne penchent pas nettement en faveur d’un candidat ou un autre. Ce sont donc ces Etats qu’Obama et Romney ratissent de fond en comble durant les derniers jours de cette campagne, et c’est aussi dans ces Etats que chaque voix compte. Et donc, chaque voix qui pourrait atterrir dans les poches de ces 22 "petits" candidats.

- Les observateurs notent un point sensible : Virgil Goode en Virginie. Il a en effet été élu représentant de cet Etat au Congrès six fois de suite et, par conséquent, y bénéficie d’un fort ancrage local. Il est par conséquent à même de subtiliser un nombre important de voix à Mitt Romney (peu probable qu’en vertu de son programme il lorgne sur les platebandes d’Obama) et l’empêcher d’empocher les 13 grands électeurs de ce "swing state"  particulièrement surveillé par les observateurs.

- Avec ses 3% nationaux et ses idées qui peuvent plaire autant aux Démocrates qu’aux Républicains, Gary Earl Johnson détient également quelques clés du scrutin. C’est notamment au Colorado (où il est crédité de 2 à 4% des voix selon les estimations) et au Nevada – deux "swing states" pas si éloignés du Nouveau-Mexique où il a été gouverneur durant 8 ans – que ses voix pourraient valoir de l’or ainsi, dans une moindre mesure, qu’au New Hampshire.

- Enfin, Jill Stein et Rocky Anderson, de par leur positionnement idéologique plus à gauche que Barack Obama, pourraient capter de nombreuses voix stratégiques chez celles et ceux qui, électeurs ravis d’Obama en 2008, ont été déçus par son premier mandat.

Même si leur présence médiatique à l’international est faiblarde, et qu’au sein même du territoire américain elle soit proche du néant, ces quatre candidats n’oublient pas que ce rôle de faiseur de roi auxquels ils peuvent décemment aspirer a déjà frappé à deux reprises dans la récente histoire politique américaine. Ainsi, le milliardaire Ross Perot avait réuni 19% des voix en tant qu’indépendant et ainsi suffisamment rogné l’électorat de George Bush pour que Bill Clinton l’emporte. Aussi, en 200, l’écologiste Ralph Nader a vu ses 2,7% manquer à Al Gore pour battre George W. Bush – alors même que Gore l’avait emporté sur le nombre de voix total par rapport à son opposant républicain, Bush Jr avait remporté un nombre plus important de grands électeurs

Pourtant, loin de se remémorer l’exemple de son prédécesseur écologiste, Jill Stein l’assure : ces comptes d’apothicaire ne l’intéressent pas vraiment. Elle préfère ainsi rappeler aux "90 millions de personnes qui ne voteront pas le 6 novembre qu'un autre choix existe". Phrase lourde de sens car, au milieu des 15 candidats qui composent cette élection, reste une inconnue qui devrait l’emporter sur tous : l’abstention, qui pourrait dépasser les 40%…

Gwendal PERRIN

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