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Confessions d'un procureur face au crime : du violeur de bébés au violeur gérontophile
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Bonnes feuilles

Le procureur Jacques Dallest nous invite à un fascinant voyage au pays du crime. Ce magistrat de terrain revisite trente années de tragédies sanglantes et nous montre les assassinats dans leur diversité et leur complexité. Dans leur épaisseur sordide aussi. Extrait de "Mes homicides - un procureur face au crime", publié chez Robert Laffont (1/2).

Jacques Dallest

Jacques Dallest

Jacques Dallest est magistrat depuis trente ans. Il a notamment exercé cinq ans en Corse (1996-2001) et cinq ans à Marseille (2008-2013). Après avoir débuté en 1984 comme juge d'instruction, il est aujourd'hui procureur général à Chambéry, dans sa région d'origine.

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« La sexualité contrecarrée débouche sur la violence », prévient René Girard. Une sordide affaire en est le vivant exemple.

1er juillet 1998. Gérard, 25 ans, ouvrier saisonnier, est mis en examen par un juge d'instruction d'Ajaccio après une double agression sordide dont a été victime un jeune couple de campeurs tchèques. Un collègue du parquet a ouvert une information judiciaire criminelle d'une gravité exceptionnelle.

Après une soirée arrosée, l'auteur présumé qui avait sympathisé avec le couple se montre pressant auprès de la jeune femme. Les jeunes Tchèques campent aux bords de la Gravona sous le pont d'Ucciani. Pris d'un accès de violence, Gérard abat d'une balle dans la tête le jeune homme à l'aide d'une carabine 22 long ri¯e et se jette sur la jeune femme. Il lui porte de multiples coups et lui in¯ige des viols répétés. L'intervention des gendarmes mobiles qui patrouillaient dans le secteur permet de sauver la jeune ®lle, prostrée près du corps de son compagnon. Un second meurtre avait été évité par cette arrivée providentielle.

L'auteur à la personnalité borderline sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de vingt-deux ans de période de sûreté en mai 2001. La deuxième condamnation à perpétuité en vingt ans en Corse du Sud ! La démonstration que les jurés corses sont capables d'une grande sévérité, s'il le faut.

La pulsion sexuelle pousse à l'agression. Plus rarement, elle conduit à l'homicide. Les affaires de viol suivi de meurtre sont heureusement peu nombreuses devant les cours d'assises. Un certain nombre de dossiers ne sont pas élucidés, l'instruction ne parvenant pas à identifer l'auteur faute d'indication biologique incontestable. Ils vont rejoindre la longue cohorte des affaires inabouties au grand désespoir des familles. L'échec est amer pour les enquêteurs et les magistrats.

Deux types de situation criminelle se rencontrent en la matière : le viol, ou la tentative de viol, d'une victime suivi de son meurtre. L'intention homicide délibérée aggrave sensiblement la peine encourue, les deux faits étant en concomitance. L'auteur tue sa victime par haine, par volonté de faire souffrir ou pour ne pas être démasqué. Le meurtre est conscient et a été voulu ;

Ð le viol qui entraîne la mort de la victime est réprimé moins sévèrement. L'intention de donner la mort n'est pas exigée. Seules les conséquences mortelles aggravent le crime de viol.

Alors que j'étais en poste au parquet général de Bordeaux, j'eus connaissance d'une affaire épouvantable qui montre jusqu'à quelle extrémité peut conduire la recherche de l'assouvissement d'une pulsion ?

En Dordogne, un ouvrier agricole de 22 ans, père naturel d'un nourrisson de 3 mois et demi, avait sodomisé à mort son enfant après l'avoir changé. L'autopsie du bébé démontrait que le décès était la conséquence d'une hémorragie interne, elle-même en lien avec des lésions viscérales profondes de la zone anale. Le père reconnaissait les faits qu'il mettait sur le compte de la consommation de produits stupéfiants. Les psychiatres ne détectèrent aucune pathologie mentale chez lui. Un crime sans nom qui glace d'effroi.

Jugé pour viol sur mineur de moins de 15 ans par ascendant ayant entraîné la mort, il sera condamné à la peine de trente ans de réclusion criminelle.

Le registre du crime sexuel est malheureusement inépuisable.

Le 19 juillet 2005, un Algérien de 25 ans, en errance sur le territoire français, pénètre dans l'appartement d'une femme âgée de 90 ans à Périgueux. La vieille dame est au lit. L'homme se jette sur elle, lui donne des gifles et lui serre le cou. Il enlève sa couche de protection et la viole. Il tente de la ligoter, s'empare de son portefeuille et quitte les lieux.

Le psychiatre qui a examiné ce violeur gérontophile n'a relevé aucune pathologie mentale, mais un état dangereux criminologique certain. La frustration sexuelle l'avait conduit à un acte inimaginable.

Il fut condamné à treize ans de réclusion criminelle.

Extrait de "Mes homicides - un procureur face au crime", de Jacques Dallest, publié chez Robert Laffont, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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