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Comment et pourquoi Baroin va chercher à couper l’herbe sous le pied du "père Noël" Hollande au Congrès des maires de France
©Reuters

Entrée en campagne

Ce mardi se tient le dernier Congrès des maires de France avant la présidentielle de 2017. François Hollande devrait en profiter pour distribuer les cadeaux électoraux. Une initiative qui risque d'être éclipsée par l'offensive politique de François Baroin qui a convié le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l'événement.

Jean-Luc Boeuf

Jean-Luc Boeuf

Jean-Luc Bœuf est administrateur général. Auteur de nombreux ouvrages, son dernier livre : les très riches heures des territoires (2019), aux éditions Population et avenir. Il est actuellement directeur général des services du conseil départemental de la Drôme (26)

 

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Atlantico : Ce mardi 31 mai se tient le dernier Congrès des maires de France avant la présidentielle de 2017. D'après nos informations, François Hollande devrait profiter de l'occasion pour faire des annonces généreuses à l'égard des édiles. Dans un contexte tendu du fait de la baisse des dotations aux collectivités locales, comment le président pourrait-il redorer son image auprès des maires de France ? Dans quelle mesure ces derniers pèsent-ils électoralement ?

Jean-Luc Boeuf : Les maires et la République... Une longue histoire !  Déjà, à la fin du XIXème siècle, alors que la Troisième République cherchait à s'enraciner, les pouvoirs publics cherchaient à s'attirer les faveurs des maires. En témoigne le banquet des maires offert en 1900 par le président de la République à chacun des 36 000 maires de France et auquel plus de 22 000 se rendirent. La venue de François Hollande s'inscrit dans cette tradition chère également à un autre élu correzien, le bon docteur Queuille qui trouvait toujours "la" bonne subvention pour financer qui une salle des fêtes qui une maison de retraite.

Le congrès qui se tient ces jours-ci est le report de celui qui avait été annulé au lendemain des attentats du 13-novembre. L'actuel président de la République fait face à la colère froide des élus locaux devant la baisse cumulée des subventions depuis trois ans. La magistrature d'influence que représentent les maires est certes difficilement mesurable mais toujours présente. Le maire est cette personnalité en contact permanent avec ses concitoyens mais aussi avec les entrepreneurs, avec le tissu associatif, avec les professions du secteur public. Et, naturellement, un président sortant a tout intérêt à rechercher un quelconque soutien des élus. Et la, le message des élus est clair : ils veulent un allègement de l'effort financier qui leur est demandé. En termes plus clairs, que la loi de finances - en préparation - pour 2017 se traduise concrètement par un geste de l'État.

François Baroin, président de l'Association des maires de France, a réussi à faire venir à ce congrès le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Quels sont les dossiers européens qui concernent, directement ou indirectement, les maires de France ? Dans quelle mesure sa venue est-elle susceptible de faire de l'ombre à François Hollande, ou de limiter la portée de ses annonces ?

Il fut un temps pas si éloigné où le mot "Europe" signifiait "aides", "subventions", "fonds structurels'. Depuis quelques années, les fonds européens sont devenus moins généreux, notamment en raison du déport des aides de l'Europe vers les nouveaux entrants dans l'Union européenne.  Aujourd'hui,  dans l'esprit de nombreux élus locaux, l'Europe est de plus assimilée au respect des conditions d'équilibre des budgets. Rappelons que la France est le seul État de l'OCDE à n'avoir présenté aucun budget en équilibre depuis... 1979 !

Dans ces conditions, la parole du President de la commission européenne risque d'être assimilée à celle de la rigueur financière et du poids des normes. Et comme Jean-Claude Juncker ne vient pas avec le chéquier de l'Europe...

Quel est le calcul politique fait par François Baroin, dans le contexte de la campagne pour la primaire de la droite et du centre, à travers cette invitation de Jean-Claude Juncker ? A qui espère-t-il que cela nuise ou profite, et comment ?

François Baroin est président de l'association des maires de France. Tous ses prédécesseurs ont eu à coeur de présenter l'image d'une association modérée et sachant se faire écouter des pouvoirs publics. Personnalité politique d'envergure nationale, sa volonté est de parfaire sa stature de poids lourd politique, influent pour les prochains mois.

Les semaines qui s'ouvrent vont être marquées par ces petits gestes, parisiens et locaux, qui vont marquer l'entrée en campagne. Comment expliquer autrement la venue du président de la République pour inaugurer à Bordeaux la cité du vin ? Le maire de la ville y cotoiera le chef de l'État, autour d'un projet qui a réuni comme partenaires la ville, le département, la région. Preuve que les financements croisés n'ont pas disparu et que l'agitation législative autour de la fin de la clause générale de compétence aura été peu de choses... Paris vaut bien un verre - de Bordeaux - et la République des maires a de beaux jours devant elle !

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