Comment Emmanuel Macron, via ses réformes, attise la France inflammable<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron
Emmanuel Macron
©Julien DE ROSA / POOL / AFP

Bonnes feuilles

Ivan Rioufol publie "Le Réveil des somnambules" aux éditions de L'Artilleur. Lors de la première manifestation des Gilets jaunes, le Peuple a su sortir de sa torpeur, les somnambules ont fait comprendre qu’ils pouvaient faire trembler les élites traîtresses. C’est ce grand réveil qu’il faut poursuivre. L’Histoire accélère. Extrait 2/2.

Ivan Rioufol

Ivan Rioufol

Ivan Rioufol est essayiste et éditorialiste au Figaro. Il tient quotidiennement le blog Liberté d'expression. Il vient de publier un nouvel ouvrage, La guerre civile qui vient (Editions Pierre-Guillaume De Roux).

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Non, les Français ne se mobiliseront pas pour le statut des cheminots. Les syndicats, qui espèrent faire plier Emmanuel Macron dans ce combat, risquent de laisser le peu de plumes qui leur reste. Ces contestataires sont les meilleurs promoteurs de l’image réformiste que veut se donner le chef de l’État. Ceux qui veulent croire au symbolisme des dates, cinquante ans après le mouvement du 22-mars qui annonçait Mai 1968, s’accrochent à un monde disparu : la journée d’hier, 22  mars 2018, s’est réduite aux grèves et aux processions tonitruantes d’organisations de fonctionnaires issues du XXe siècle. Ces furibonds, à l’emploi garanti, n’expriment qu’un mince aspect de la révolte française. Une indignation permanente s’est installée au cœur de la société. Mais cette exaspération sourde n’a plus la lutte sociale comme ressort. Ce sont les fractures identitaires, générationnelles, territoriales et existentielles qui sont devenues inflammables. Or la politique de Macron, qui dit ne pas « sentir la colère dans notre pays », attise ces tensions.

L’autorité du président est une façade. Certes, le chef d’État a bien revêtu l’habit présidentiel que Nicolas Sarkozy et François Hollande avaient mal porté. La Constitution permet à Macron de s’affirmer dans une personnalisation flatteuse. Toutefois, quand Dominique de Villepin prévient, dimanche, contre « le risque qu’on devienne isolé, solitaire, arrogant et coupé d’un certain nombre de réalités », l’ancien premier ministre pointe une faille déjà décelée ici chez Macron. Non content d’avoir à sa botte des députés godillots, un parti aux ordres, des médias bienveillants, le président exprime un autoritarisme qui l’éloigne de ceux qu’il méprise. Derrière son désir de limiter les amendements parlementaires, d’agir par ordonnances ou de mettre l’Internet sous surveillance au nom de l’antiracisme s’esquisse un despotisme capricieux et immature. Macron, qui se voit comme « un défenseur conquérant et ambitieux », s’aime trop pour être à l’écoute de la société. 

Un caractère dominateur et péremptoire ne suffit pas à faire d’un homme, même talentueux comme l’est Macron, le symbole d’un État fort. La pluie de « big bang » que Jupiter jette sur la France du haut de son empyrée donne le tournis et étourdit l’opinion. Mais les experts et technocrates ne produisent que des solutions complexes et déshumanisées. Le projet (suspendu mercredi) de suppression du quotient familial, qui a fait bondir la droite, voulait répondre à une « transformation structurelle globale pour une politique familiale universelle qui garantit réellement la dignité des familles » (député LaREM Guillaume Chiche). Ces verbiages pontifiants font corps avec le « bougisme ». Toutefois, dans cette marche forcée, Macron sait-il où il va ? Un manque de cohérence se dégage des réformes et des mesures qui tombent comme à Gravelotte. Les impasses en deviennent préoccupantes. 

En fait, la méthode présidentielle est hasardeuse. D’autant que la société civile n’a plus voix au chapitre. L’autoritarisme du chef de l’État est celui des faux durs. En s’en prenant aux faibles plutôt qu’aux forts, il crée des injustices, des déceptions, des rancunes. Au-delà des cheminots, elles s’expriment chez les retraités, les ruraux, la classe moyenne, les automobilistes, les chômeurs. Parallèlement, le chef de l’État se montre conciliant avec l’islam radical, quand cette idéologie totalitaire exige sa place spéciale dans la République. C’est pour dénoncer cette passivité que cent intellectuels venus d’horizons différents, dont votre serviteur, ont cosigné, mardi dans Le Figaro, une tribune  : « Non au séparatisme islamique ». L’alerte lancée n’est pas vaine  : le nouveau Conseil des villes, mis en place par le président, accueille parmi ses membres des militants de l’islam victimaire, comme l’humoriste Yassine Belattar qui accuse ses contradicteurs de vouloir « la mort des musulmans ». À quoi joue Macron ?

A lire aussi : L’islamisme, cette lèpre qu'Emmanuel Macron ignore

Extrait du livre d’Ivan Rioufol, "Le Réveil des somnambules, bloc-notes 2018/2019, chronique d’une colère qui monte", publié aux éditions de L'Artilleur. 

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