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Fiscalité des plus riches : Roosevelt taxait peut-être à 92% au-delà de 5 millions de dollars de revenus mais combien ça ferait en monnaie d'aujourd'hui ?
©Reuters

Très mauvaise comparaison

L'artisan du New Deal a déjà été cité en exemple par Arnaud Montebourg pour sa taxation à 92% des revenus au-dessus de 5 millions de dollars. Mais cette comparaison est-elle valable ?

Florin Aftalion

Florin Aftalion

Florin Aftalion est professeur émérite à l'ESSEC.

Il a enseigné l’économie et la finance aux universités de New YorkNorthwestern et de Tel-Aviv. Il a cofondé la collection Libre Echange aux Presses universitaires de France

Son dernier ouvrage est  « Crise, Dépression, New Deal, Guerre », publié en 2012 aux éditions Economica

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Atlantico : Cette taxation, (voir ici) portait sur un palier de cinq millions de dollars plutôt que sur un pourcentage. A quoi ce niveau de revenu équivaudrait-il aujourd'hui ?

Florin Aftalion : L’administration du président Roosevelt a augmenté fortement les taux des impôts sur le revenu à deux reprises. La première fois en 1935 lorsque le taux sur la tranche la plus élevée fut porté de 63 à 79% pour des revenus supérieurs à 5 millions de dollars (85 millions d’aujourd’hui). Cette réforme dirigée « contre les riches » ne toucha qu’un seul contribuable : John D. Rockefeller, Jr. Mais elle donna l’impression de s’attaquer aux riches alors que la fiscalité du New Deal était fortement régressive à cause des taxes d’accise – sur les spiritueux et la consommation en général – rapportant en 1935 2,5 fois plus que l’impôt sur le revenu.

La seconde aggravation de la fiscalité américaine eu lieu au cours de la seconde guerre mondiale (qui a commencé pour les Etats-Unis à la fin de 1941). La tranche la plus élevée fut de fait portée à plus de 90% et augmentée par la suite mais d’innombrables déductions et exceptions rendaient les taux effectivement payés beaucoup moins élevés. D’après des estimations récentes, le 1% des américains les plus riches n’auraient été taxés qu’à hauteur de 60% de leurs revenus.

Mais les taux apparemment élevés rendaient la nouvelle fiscalité fortement symbolique à un moment où le nombre de contribuables était multiplié par quatre c’est-à-dire lorsque les classes moyennes furent fortement taxées. Roosevelt aurait même voulu taxer à 100% les revenus des « riches », ce que le Congrès refusa.

Le fait qu'un président américain ait pratiqué ce taux de 92 % sur les revenus les plus élevés suffit-il à justifier les 75 % défendus par le gouvernement ? Quelle est la part de sophisme dans cette comparaison ?

Comme on vient de le voir les fameux 92% (résultat en réalité d’une combinaison de taxes) ne représentait pas ce que payaient les contribuables les plus fortunés. C’était un symbole devenu inutile que Kennedy finit par abolir. Ils ne justifient en rien les 75% de François Hollande, taux expliqué uniquement par la concurrence électorale de la gauche de la gauche et que le président, une fois élu, a du réformer (car il devait s’appliquait à des gains individuels alors qu’en France l’impôt sur le revenu est calculé par foyer fiscal) et limiter dans le temps.

Il est évident que pendant les années de guerre le taux marginal élevé pouvait se justifier moralement car la guerre était une réalité à laquelle personne n’échappait et qui devait être financée. Dans ces conditions, il fallait persuader ceux qui la réglaient majoritairement (y compris par leur sang) que l’effort était partagé par tout le pays. Aujourd’hui c’est l’endettement de l’Etat qui est à financer. Ce qui dans l’esprit des gens ne doit pas être de la même gravité qu’une guerre.

Si l'on devait comparer la politique actuelle de Barack Obama en matière de fiscalité et celle de son prédécesseur Franklin D. Roosevelt, lequel serait le plus "dur" ? Les 1 % d'Américains les plus riches auraient-il déchanté face à Roosevelt ?

Tous les américains riches se sont opposés aux réformes fiscales de Roosevelt que ce soit celles du New Deal ou celles de la seconde guerre mondiale.

Il est difficile de comparer la fiscalité d’Obama à celle de Roosevelt tant les circonstances ont changé. Précisons seulement qu’en 1935 Roosevelt se préparait à une campagne électorale au cours de laquelle il devait affronter des candidats populistes aux thèses les plus extrêmes (n’oublions pas l’attrait que représentait alors le communisme et le nazisme). Alourdir la fiscalité pouvait passer pour ceux qui en seraient les victimes comme un moindre mal.

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