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Chine : attention à la chute... le reste du monde pourrait bien ne pas s'en relever
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Quand le dragon chinois s'essouffle...

Si la Chine semble triompher aujourd'hui sur le monde, d'un point de vue économique, plusieurs indices laissent suggérer quelques failles dans l'Empire du milieu. C'est notre feuilleton de cette fin de semaine. 3ème épisode : les conséquences d'une crise de la Chine sur le reste du monde.

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

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Imaginons que les Cassandre aient raison, que la Chine connaisse un fort ralentissement de sa croissance à partir de 2013 et une montée des troubles sociaux, quelles seront les conséquences pour le reste du monde et plus particulièrement pour les économies développées ? Avant tout, rappelons que la Chine est une économie très ouverte sur le monde, son degré d’ouverture mesuré par le ratio entre son commerce extérieur et son PIB dépassant 60%.

Chine : ogre en matières premières...

Atelier du monde, la Chine produit et exporte en quantité des jouets, des produits électroniques ou encore des voitures. De ces exportations résulte un appétit vorace pour les matières premières, qui fait d’elle le premier consommateur de cuivre (40% de la production mondiale), de nickel (20%) ou d’acier (44%) au monde. Elle constitue le principal débouché pour l’Australie qui lui fournit charbon, minerai de fer et gaz naturel, le cuivre du Chili, les minerais industriels extraits des sous-sols brésilien ou sud-africain. De nombreux pays d’Asie du Sud-Est sont des fournisseurs importants, du caoutchouc de Thaïlande au charbon indonésien en passant par le gaz naturel de Birmanie.

L’effondrement de la production chinoise signifierait dans bien des cas, une chute brutale des exportations et des rentrées monétaires, surtout quand une partie conséquente des infrastructures de production sont détenues par des opérateurs chinois. Corrélativement, des devises, comme le dollar australien, le real brésilien ou le peso chilien, qui ont atteint des records ces dernières années, pourraient revenir à des niveaux plus raisonnables.

mais également relais de croissance pour les entreprises occidentales

Mais le formidable appareil industriel chinois et la volonté de montée en gamme affirmée lors des derniers plans quinquennaux requièrent aussi l’importation de technologies étrangères. La construction des infrastructures de transport et d’énergie appelle aussi son lot de produits étrangers. La Chine est le premier utilisateur mondial de matériel de construction et l’Asie Pacifique est la première région en termes de chiffre d’affaire de matériel de construction du géant américain Caterpillar. La vitalité des industries lourdes des pays voisins, Corée du Sud, Japon, Taiwan repose sur ces exportations. Et que dire de l’Allemagne ? Elle fournit à la Chine des containers entiers de machines-outils nécessaires au développement industriel.

Enfin, les entreprises occidentales installées en Chine, qu’elles soient des distributeurs ou des chaînes de restauration rapide comptent sur ces accédants à la classe moyenne pour assurer le relais d'activité en stagnation sur les marchés développés. C’est le principal vecteur de croissance des entreprises de luxe françaises. Une maison comme Hermès a même créé en septembre 2010 une nouvelle marque, spécifiquement dédiée au marché chinois, Shang Xia.

Vers une guerre des prix ?

Le ralentissement de la croissance chinoise aurait une conséquence très directe : si la demande locale, d’origine immobilière et manufacturière, s’effondre, cela affectera la production. La surcapacité des usines chinoises, notamment dans la transformation des métaux acier (50% de la production mondiale), aluminium et de l’électronique, conduirait alors à une politique de prix agressive, entretenue par des incitations fiscales et des restrictions salariales, afin de maintenir les débouchés à l’exportation.

Ceci ne manquerait pas de susciter une levée de boucliers des industriels en Europe et en Amérique du Nord et pourrait même créer les conditions favorables à une prise de conscience politique, à l’heure où le protectionnisme retrouve une certaine vigueur dans les cercles de pensée.

Toutefois, ne jouons pas inutilement à nous faire peur. Les experts d’HSBC qui établissent chaque mois le PMI manufacturier, mesurant l’expansion ou la contraction de la production industrielle sont, pour l’heure, formels : même avec un indice tombant à 48, la croissance annuelle de la production industrielle se maintiendrait aux alentours de 12,5% et la croissance du PIB à 9%. Pour mémoire, cet indice était encore de 49,9 à fin août…

Feuilleton : Quand le dragon chinois s'essouffle...
Épisodes précédents :
1. La "Chine du bas" victime de la crise immobilière
2. Pourquoi la Chine pourrait s'écrouler en 2013

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