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Le communisme fait-il de la Chine l’économie capitaliste la plus efficace au monde ?
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Écoco

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré mardi que l'économie chinoise dans son ensemble continue à croître selon les prévisions du gouvernement. Ses politiques de macro-contrôle expliquent en partie ce miracle.

Françoise  Lemoine

Françoise Lemoine

Françoise Lemoine est chercheure associée au Centre d'études sur la Chine contemporaine (EHESS) et économiste senior au CEPII. Elle a publié notamment L'économie de la Chine (Editions la Découverte - 2006).

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Atlantico : Si l’on écartait toute considération humaniste, pourrait-on dire que la dictature communiste –centralisée et autoritaire– a permis à la Chine de maintenir des coûts salariaux très bas, notamment grâce à son –très peu efficace– syndicat unique ?

Françoise Lemoine : Les bas coûts salariaux et la compétitivité chinoise ne sont pas exclusivement liés à l’existence d’un parti unique. Ils reflètent essentiellement le développement du pays. D’autres pays ont des coûts bas, sans être communistes. Mais le syndicat unique contrôlé par le PCC empêche les ouvriers de se rebeller et d’améliorer leurs conditions de travail.

C’est surtout la démographie de la Chine qui explique ce maintien des salaires très bas. Ajoutons l’exode rural et l’industrialisation, qui ont poussé les salariés du secteur primaire à aller travailler en ville. Cette arrivée massive a considérablement poussé les salaires à la baisse. Avec ou sans syndicat, le rapport de force entre main d’œuvre et emplois étaient trop en défaveur des salariés pour que le parti unique ait son importance.

Si l’on peut imputer quelque chose au gouvernement chinois c’est, d’une part, d’avoir développé les infrastructures nécessaires pour une industrialisation, ce qui a contribué à rendre la Chine attractive à la fois pour les investisseurs étrangers qui sont venus développer des capacités de production et d’exportation, et d’autre part l’éducation. De quoi fonder le succès du pays en matière industrielle.

Quid alors du centralisme que l’on prête aux systèmes communistes ; est-il une force pour administrer ce vaste pays ?

Le Parti communiste assure une centralisation politique. Mais sur le plan économique en revanche, la Chine est largement décentralisée. Les provinces sont extrêmement différentes, par leurs dotations, leurs proximités plus ou moins grandes des marchés internationaux, et s’il y a quelque chose qui, là-aussi, a joué à la baisse sur les salaires, c’est la politique sur les autorités locales pour attirer les investissements étrangers et pour développer leurs propres industries au niveau provincial.

Le pouvoir communiste a surtout assuré la stabilité politique. Un atout majeur et qu’on ne retrouve pas dans tous les pays de développement comparable. Depuis la crise de juin 1989, le parti a eu pour préoccupation majeure de maintenir son unité. Malgré des divergences au sein du Parti communiste, les décisions sont prises par consensus. Une fois que les décisions sont votées et que les différentes factions ont pu débattre, le PC affiche une relative unité.

Peut-on considérer que l’absence d’opinion publique permette au pouvoir d’être plus rapide et plus efficace ?

L’opinion publique ne peut pas exprimer de manière organisée des options politiques différentes de celles du gouvernement. Ceci étant, les autorités sont quand même obligées de tenir compte de l’opinion publique – même si elles le font trop tardivement. Les autorités locales ont été sensibles à l’accident de train de juillet dernier (trente-neuf morts, plus de deux cents blessés) ou à certaines questions de pollution liées à une industrialisation à outrance… Il est vrai que, par ailleurs, on constate une pression pour que la croissance soit aussi forte que possible. Cela permet-il d’aller plus vite ? Oui, jusqu’à présent. Mais ce qui se passe actuellement démontre que certaines opinions se reflètent au sein du Parti communiste grâce à sa relative ouverture à la société civile.

La dictature permet aussi de lier l’industrie au patriotisme et de légitimer un protectionnisme incontesté. Même si une partie du marché a été libéralisée, on observe des politiques industrielles extrêmement fortes, comme dans le secteur des télécoms ou de l’automobile. L’Etat est encore extrêmement présent : que ce soit dans les politiques industrielles ou par détention de capital. Il y donc une influence politique extrêmement forte sur un certain nombre de grandes entreprises.

Pourtant, le rôle de l’Etat s’exerce aussi par le fait que l’intégralité du système bancaire est étatique. A travers les prêts accordés par le système bancaire aux entreprises d’Etat, on a un système que les partenaires occidentaux, accusent d’être un système de subvention par le biais de financement privilégiés… en Chine, l’économie est sous la coupe de l’Etat.

Propos recueillis par Antoine de Tournemire

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