Ces troubles psychopathes qui se cachent derrière l’augmentation des attaques au couteau<!-- --> | Atlantico.fr
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Des membres des forces de l'ordre et des militaires déployés à Annecy après une attaque au couteau, le 8 juin 2023.
Des membres des forces de l'ordre et des militaires déployés à Annecy après une attaque au couteau, le 8 juin 2023.
©OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP

Banalisation de la violence

Alors que ce fléau se banalise en France, la santé mentale des auteurs des attaques au couteau pose question.

Emma Oliveira

Emma Oliveira

Emma Oliveira est psychocriminologue.

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Atlantico : Dans le drame de Crépol, certains observateurs ont mis en avant un possible phénomène de mimétisme. Les agresseurs auraient tenté d'imiter l'action du Hamas en attaquant les personnes présentes au bal de la commune, comme le festival Nova en Israël. Est-ce possible ?

Emma Oliveira : Communiquer autant sur ce qui s'est passé avec le Hamas et médiatiser la violence peut avoir des effets notamment chez des jeunes individus ou des individus instables avec des problèmes pathologiques. 

Le mot mimétisme n'est pas adapté car il n'est pas complet. Il y a ce qu'on pourrait nommer une sorte de banalisation de la violence couplée à la médiatisation. Il y a à la fois cette recherche de médiatisation de la part des agresseurs, mais qui s'appuie sur la banalisation de l'acte en lui-même. La banalisation de l'acte en lui-même est possible lorsque l'individu est jeune ou atteint de ce qu'on pourrait nommer la psychopathie. La psychopathie étant un trouble du narcissisme qui fait qu'on ne ressent pas ou peu d'empathie pour autrui et qu'on se sert de l'autre pour jouir, pour se faire plaisir ou pour exister. 

Les jeunes sont particulièrement vulnérables à cette banalisation ?

Ce sont encore des personnalités relativement immatures. En fonction de l'environnement dans lequel ils évoluent, s'il y a déjà une banalisation de la violence ou si la violence est encouragée ; alors elle glorifie celui qui la commet. Les jeunes sont donc beaucoup plus vulnérables que quelqu'un qui est installé familialement, plus mature, plus responsable. 

Qu'est-ce qui fait qu'un individu porte aussi facilement un coup de couteau à l'autre ? Quels sont ses motifs ? C'est un trouble psychique ?

La majorité des gens le ferait pour un mobile de vengeance, de jalousie.

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Quand c'est quelqu'un qu'on ne connaît pas (une victime d'opportunité), on peut soit effectivement avoir un trouble psychique qui fait qu'on va porter atteinte à l'autre, soit parce qu'on le perçoit comme quelqu'un de menaçant comme dans les psychoses. 

Dans ce qu’on voit, on est quand même dans des phénomènes qui ressemblent plus à de la psychopathie. C'est motivé par le besoin de toute puissance qui va s'exprimer à travers la destruction de l'autre et la facilité avec laquelle l'acte est commis. 

Quand on détruit l'autre, que ressent-on ? De la jouissance ? De l'importance ?

Du pouvoir ! Il y a deux grands pouvoirs dans la vie : celui de la donner et celui de la retirer. 

C'est addictif ?

C'est une des raisons, selon moi, qui fait qu'on retrouve plus d'hommes dans la destruction que de femmes, puisqu'on a déjà un pouvoir immense qui est celui de donner la vie. C'est quasi un pouvoir divin. Celui de l'ôter, c'est aussi un pouvoir divin. Donc ça amène un sentiment de toute puissance pour celui qui le fait. Quand on tue quelqu'un qu'on connaît, c'est pareil, c'est une reprise de pouvoir. 

L'autre est menaçant pour différentes raisons. Cela peut-être des questions d'argent, des questions de sexe, des questions de jalousie. On reprend le pouvoir en détruisant l'autre.

C'est vrai qu'on observe en ce moment une sorte de banalisation de la violence, notamment dans certains environnements défavorisés.  Il y a une banalisation, voire même une glorification du passage à l'acte qu'on retrouve à travers le terrorisme, notamment. 

La société devient-elle de plus en plus violente ? 

Par nature, l’être humain a toujours été violent. Si on regarde derrière nous, l'humanité est faite de guerres, de conflits, de crises de territoires. Cela a toujours existé. 

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Le problème d’aujourd’hui, c’est Internet qui permet d’être spectateur en direct de toute cette violence, via les médias et via l'information qui circule maintenant sur toute la planète.  Avant, pour en avoir connaissance, il fallait lire des livres. Il fallait s'intéresser à ce phénomène qui, aujourd'hui, nous est livré. 

Avant, c'était l'Église qui parlait de la violence, maintenant, ce sont les politiques. C'est aussi un moyen de montrer aux citoyens qu'il a besoin de sécurité et que l'État est là derrière. 

La violence est un phénomène de société. Il y a une sorte de violence culturelle qui se reproduit. La violence est là, mais elle suit la société dans laquelle elle est née. Il y a longtemps c’était la Seconde Guerre mondiale, plus récemment la guerre en Ukraine. Donc, restons positif, cela ne va pas durer. 

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