Ces femmes que le cap des 65 ans rend davantage vulnérables à l’alcoolisme <!-- --> | Atlantico.fr
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La consommation régulière d'alcool chez les femmes de plus de 65 ans est en hausse.
La consommation régulière d'alcool chez les femmes de plus de 65 ans est en hausse.
©Flickr / DigiDreamGrafix.com

Vieillesse ennemie

Les chiffres, britanniques comme français, sont formels, les femmes de plus de 65 ans ont une consommation d'alcool importante parfois bien supérieure à celle de leurs folies de jeunesse. Un phénomène d'origine sociale dont les conséquences peuvent être sérieuses.

Dan Véléa

Dan Véléa

Le Docteur Dan Véléa est psychiatre addictologue à Paris.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur les addictions, dont Toxicomanie et conduites addictives (Heures-de-France). Avec Michel Hautefeuille, il a co-écrit Les addictions à Internet (Payot) et Les drogues de synthèse (PUF, Que sais-je ?, Paris, 2002).

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Atlantico : Plusieurs séries de chiffres, britanniques (voir ici) et français (voir ici), révèlent une importante hausse de la consommation régulière d'alcool chez les femmes de plus de 65 ans. Si le phénomène est traditionnellement attaché aux hommes, comment expliquer que les femmes de plus de 65 ans enregistrent cette hausse de leur consommation d'alcool ? Comment cela s'explique-t-il ?

Dan Véléa : Ce phénomène, qui n'a rien de nouveau, trouve ses origines dans l'évolution de l'activité sociale des femmes autour de cet âge. Issu d'un alcoolisme mondain ordinaire, lorsque la vie des femmes évolue, cette dépendance s'aggrave. Les enfants ne sont plus à la maison et bien souvent les relations conjugales sont de plus en plus tendues ou au contraire trop inexistantes. Par ailleurs, si ce n'est pas le cas de toutes les femmes, certaines d'entre elles se retrouvent à cet âge très isolées socialement. Pour résumer, cette relation malsaine à l'alcool n'a rien de neuf dans la vie des femmes mais elle est exacerbée par une mauvaise gestion de la solitude, une mauvaise préparation de "l'après-vie de famille".

Quelles peuvent être pour les femmes les conséquences de cette addiction, sanitaires d'une part, mais surtout sociales ?

Si l'alcoolisme masculin est en quelque sorte "admis" dans la société, celui des femmes est extrêmement mal perçu. Les conséquences sociales et psychologiques sont donc parfois terribles pour les femmes qui n'arrivent absolument pas à gérer une telle image, ce qui bien sûr n'arrange rien quant à l'isolement social, l'alcoolisme lui-même et l'accès aux soins.

Sur le plan purement sanitaire, les conséquences sont les mêmes que dans les cas d'alcoolisme classique, auxquels s'ajoutent le facteur de l'âge, qui bien sûr n'arrange rien. Ainsi, les conséquences se retrouvent aussi bien aux niveaux hépatiques que gastriques et cardiaques.

Comment prévenir ce phénomène ? Où doit commencer la prévention pour éviter de continuer à créer des générations de sexagénaires alcooliques ?

Pour ma part, je suis un défenseur d'une prévention dite "primaire", qui commencerait à six ou huit ans. Il est en effet extrêmement important que les enfants, filles comme garçons, soient prévenus et éduqués très tôt aux dangers sanitaires et sociaux qu'impliquent les addictions, notamment l'alcoolisme. Mais la prévention ne doit pas s'arrêter là, elle doit continuer toute la vie, tant elle est importante. Pour ce qui est d'une proche qui serait dans cette situation, la seule solution est de la diriger vers un accès aux soins.

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