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Ces autres lourdes menaces pour la France que l'Etat islamique nous fait oublier
©D.R

L'arbre qui cache la forêt

Déclaré à la suite des attentats de Paris, le 13 novembre 2015, l'Etat d'urgence a été prolongé avant d'arriver à son terme. Il doit prendre fin le 26 février, s'il n'est pas re-prolongé. Néanmoins, il demeure primordial de verrouiller juridiquement son action et son lancement, au risque de rappeler de mauvais souvenirs.

Pierre Haas

Pierre Haas

Pierre Haas, après avoir servi comme officier dans les Forces françaises libres du Général de Gaulle, a fait carrière de 1950 à 1965 comme directeur général de Continental Grain France, puis à partir de 1963 à la Banque Paribas comme directeur des affaires financières internationales, puis président de Paribas International.

Il a été membre de nombreux conseils d’administration parmi lesquels on citera : Schneider S.A., Newmont Gold à Denver, Power Corporation du Canada et Power Financial.

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Passé le plus fort de l’émotion populaire induite par le massacre sanglant du Bataclan et des terrasses des cafés-restaurants ayant eu la malchance de se trouver sur le parcours des assassins, il appartient au Président de la République la délicate responsabilité de concilier la perpétuation d’un système sécuritaire efficace avec la nécessité de protéger les libertés fondamentales, formant le socle de notre régime démocratique républicain.

Règle plus facile à énoncer qu’à mettre en œuvre, mais essentielle, pour éviter de tomber dans le piège représenté par la sophistication des méthodes de communication et d’intoxication de Daesh.

Méthodes ayant pour objectif, par la multiplication des attaques individuelles, de créer un climat de provocation influençant le dosage liberté/sécurité de façon à obtenir le pourcentage le plus élevé pour cette dernière.

Manière de faire qui a déjà marché, puisqu’à mes yeux, elle constitue l’unique justification de l’envoi au Conseil d’Etat du projet de loi, dont l’exposé des motifs représente un danger pour l’avenir de nos libertés.

Qu’on en juge. Selon le Monde du 6 Janvier, le Gouvernement propose de « renforcer de façon pérenne les outils et moyens mis à la disposition des autorités administratives et judiciaires, en dehors du cadre juridique temporaire mis en œuvre dans le cadre de l’état d’urgence. »

Cela aux fins d’offrir au Ministère de l’Intérieur « des outils performants susceptibles de réduire la nécessité de l’état d’urgence. » Dans la foulée il est ajouté que les Préfets pourront autoriser les perquisitions de nuit.

Propositions qui, comme on le voit, n’envisagent aucune intervention du Parlement, sous quelque forme que ce soit, dans le processus envisagé.

En agissant de la sorte la France parait oublier qu’en dehors de la menace directe pour nos libertés de Daesh, il en existe une autre.

Un vent totalitaire souffle de l’Est, créé par les atteintes aux libertés projetées par les Gouvernements hongrois et polonais.

Menaces si précises qu’elles ont, non seulement, provoqué des avertissements de Bruxelles mais également de l’Ambassadeur d’Allemagne à Varsovie. Madame Merkel est sur le qui vive.

Ce vent, de surcroit, ne peut que fertiliser le terreau populiste et en répandre les semences un peu partout sur le Continent.

Dans ce contexte, la France, seconde puissance européenne et héritière de la Révolution de 1789, se voit revêtue d’une responsabilité l’obligeant à être le parangon des vertus républicaines.

Tout écart de sa part, au plan des libertés, en consolidant les forces de dislocation déclenchées par l’afflux des réfugiés mettrait fin à une réalisation, la Communauté Européenne, qui nous a assuré plus d’un demi-siècle de paix et un des niveaux de vie les plus élevés au Monde.

D’après ce que l’on sait du projet de réforme de la Constitution, la menace est réelle puisqu’il octroierait au seul Président de la République le droit d’instaurer l’Etat d’Urgence.

Cette proposition est d’une telle gravité qu’elle me contraint de rappeler que sa poursuite, par le Ministère de la Justice, ne lui poserait aucune difficulté, il lui suffirait, en effet, d’extraire de ses archives l’Article Institutionnel du 17 Juillet 1940 qui dans son Alinéa 8 dit, je cite : « Il (le Maréchal Pétain) peut déclarer l’Etat de Siège dans une ou plusieurs régions. »

A l’époque, aucune paix n’étant signée, l’Armistice n’était qu’une suspension des hostilités, d’où la déclaration de l’Etat de Siège qui est l’homologue guerrier de l’Etat d’Urgence.

Ayant vécu cette époque de lâche décadence, j’ai l’impression de ressusciter un cauchemar. 

Le Président Hollande, d’ancienne souche républicaine, ne saurait emprunter une voie dont la mise en œuvre par des mains autoritaires représenterait le moyen d’en finir, d’une façon légale, avec la Ve République. 

De ce point de vue, un simple rappel historique suffit pour mesurer l’ampleur de ce risque. A l’exception de Lénine en 1917, tous les dictateurs ayant régné en Europe sont parvenus au pouvoir légalement.

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