Ce que m’ont dit Elon Musk, Jeff Bezos, Eric Schmidt et Marc Zuckerberg<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Ce que m’ont dit Elon Musk, Jeff Bezos, Eric Schmidt et Marc Zuckerberg
©JASON REDMOND / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Ils dominent le monde, mais ont plus que jamais les pieds en argile.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

Ils dominent le monde, mais ont plus que jamais les pieds en argile. Ils sont surpuissants, mais commencent à trouver leur maître, ailleurs. Ils nous ont rendu dépendants de leurs produits, contrôlent nos usages, mais la résistance s’organise, et ce n’est qu’une question de temps avant que leur modèle ne soit remis en cause, par le consommateur lui même, une fois éduqué. Ce qui, avouons le, peut prendre encore un peu de temps. Ou par les institutions, jalouse de leur pouvoir

J’ai parlé avec les Dieux du stade, ou peut être ai-je imaginé ces conversations, dans l’optique de la préparation de Day One. A vous d’en décider. Et voilà ce qu’ils ont pu dire ou ne pas dire, qui manifeste le doute qui se cache derrière une confiance pourtant affichée comme une tête de gondole.

Tout d’abord, l’un d’entre eux avoue que l’étourdissement consécutif à l’accession au rang de Dieu vivant, conduit à oublier la règle numéro 1 de l’entrepreneur à succès. Ne jamais oublier ce pourquoi on est pas fait. Garder la tête froide, ou au moins tiède. Sinon, le couperet peut tomber, car personne n’est plus fort que ses investisseurs. Des investisseurs qui peuvent décider qu’un homme de 50 ans devrait encadrer des fondateurs plus (trop) jeunes, qu’une femme devrait apporter une capacité de monétisation à un geek de génie, qu’une femme d’expérience devrait remplacer le gourou de la batterie et de l’espace, afin de rendre rentable ses idées de génie. Qu’un Etat, pourtant protecteur, peut décider que le bébé est devenu trop gros pour être acceptable et que son découpage, pourrait être décidé.

Ils indiquent que le rêve, que la plupart d’entre eux nourrit, d’une terre libertarienne et transhumaniste, pourrait pourtant prendre forme. Car ils nous promettent la vie éternelle et que peu d’hommes sur terre sont prêts à tourner le dos à cette promesse. Un peu plus au fur et à mesure que la fin approche et que l’échéance se précise. Ceux qui disent ne pas y penser, sont comme les riches qui déclarent que l’argent ne fait pas le bonheur. Ils avouent qu’ils ne savent pas vraiment si ce rêve sera offert à tous ou réservés aux plus riches. Donnant ainsi vie au délire le plus extrême, de cette poignée d’hommes immortels, qui commanderaient pour l’éternité, aux choses et aux hommes. Les nouveaux Dieux de cette nouvelle religion scientifique.

Ils comprennent que pour réussir leur pari et maintenir leur domination, il faudra lâcher du lest aux plus démunis. Des miettes, suffisantes pour les garder au chaud et maintenir le calme. Un peu d’opium pour le peuple, afin de préserver le « trip » extatique des « happy few ». C’est pourquoi ils financent de plus en plus de fondations, contribuent à l’éducation des plus démunis, proposent même une augmentation de salaire pour le bas de leur pyramide. Ils réalisent qu’ils créent 30 à 100 fois moins d’emplois directs qu’une société « traditionnelle » de « l’ancienne économie », qui est peut être dépassée, mais évitait de dépasser les limites du chômage. 

Ils comprennent qu’ils perdent du terrain chaque jour face à la Chine, qui non seulement capitalise sur l’utilisation de 2 milliard d’individus, mais tellement plus  du fait de la « profondeur » de la donnée récoltée. Car le Chinois fait tout via ses applis favorites, et livre ainsi la totalité de sa vie à des entreprises, qui obéissent à la ligne dessinée par le Parti et s’assure ainsi de maîtriser tous et chacun, dans tous les compartiments de sa vie, afin, en second lieu, de dicter de façon totale, leur comportement. Une profondeur et une collusion politique qui manque aux américains, une largesse de marché 7 fois supérieure en nombre, qui scelle son destin face à une Chine qui sortira vainqueur de la « courbe d’expérience » indispensable au succès dans une économie numérique. Pour le reste du monde, éviter que chacun tente d’imiter la Chine est une bonne nouvelle, mais pour la surpuissance recherchée par les américains, une mauvaise. Pour l’Europe, qui n’a pas de stratégie, cela ne change rien.

De plus, dans un monde où le commerce numérique représente 5% du PIB, le taux d’utilisation monte à plus de 60% parfois en Asie. Personne n’y résistera, car ils pourront alors en tirer des enseignements, qui leur permettront de concevoir des services plus performants que n’importe qui sur la planète, attirant ainsi à eux, les internautes de la terre, toujours plus prompts à chercher la facilité que le sens, la facilité au modèle de société que cela offre. Ce à quoi cela le condamne. Il n’y a pas d’intelligence collective, dans une masse crétinisée !

Alors ils me disent que, surveillés par leur propre gouvernement, qui ne souhaite pas laisser son pouvoir à quiconque, afin de ne pas signer son arrêt de mort et bornés par la Chine, qui progresse plus vite et sans contrainte, ils jouent une partie plus fine que leur domination apparente pourrait le laisser penser. Ils cherchent la parade, et se disent, que l’éducation des peuples et le partage de la valeur sera peut être la solution. Pas immédiatement, mais peut être rapidement. Nous verrons si ils le confirment, dans nos discussions, lors de Day One à Monaco, le 29 novembre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !