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Ce que le déplacement des migrants de la porte de la Chapelle révèle de la nature actuelle des flux migratoires en France
©Reuters

Immigration économique

Derrière une prétendue défense du droit d'asile, c’est en réalité l’organisation d’une immigration économique illégale qui est en train de se banaliser dans le plus grand mépris des lois de la République.

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier

Guylain Chevrier est docteur en histoire, enseignant, formateur et consultant. Ancien membre du groupe de réflexion sur la laïcité auprès du Haut conseil à l’intégration. Dernier ouvrage : Laïcité, émancipation et travail social, L’Harmattan, sous la direction de Guylain Chevrier, juillet 2017, 270 pages.  

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A Paris, 2771 migrants ont été évacués des campements de la porte de la Chapelle vendredi. Un gigantesque campement sauvage s’y était installé et grossissait de jour en jour. Des migrants qui vivaient inévitablement dans des conditions d’hygiène désastreuses, attendant d’être hébergés, car cette situation rendait inéluctable pour les pouvoirs publics la nécessité d’y mettre fin. L'opération a été menée par la préfecture de police, la préfecture d'Île-de-France, l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii), la ville de Paris et les associations France terre d'asile et Emmaüs. Elle a mobilisé près de 350 effectifs de la préfecture de Police ainsi qu'une centaine de personnels de l'État et de ses partenaires. Une soixantaine de bus ont été réquisitionnés pour l’occasion pour emmener ces migrants vers une vingtaine de structures. Comme le rappelait dans un communiqué laconique commun la préfecture de police de Paris et la préfecture d'Ile-de-France : «Ces campements illicites, qui présentent des risques importants pour la sécurité et la santé de leurs occupants comme des riverains, ont fait l'objet d'un arrêté du préfet de Police permettant d’y mettre fin». Cette évacuation est la 34ème depuis juin 2015 à Paris !

Le flottement de la politique d’immigration du gouvernement favorise une fuite en avant

Une situation qui intervient dans un contexte de flottement de la politique d’immigration du gouvernement qui parait en incapacité de réagir. La situation est pourtant grave. Car derrière les cris d’alarme des associations favorables à un accueil inconditionnel des migrants et les propositions de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui pour faire face à cette crise migratoire, ne trouve rien de mieux que d’initier un projet de loi qui prône, notamment, l’ouverture dans les grandes métropoles hexagonales de centres à l’image de celui de Paris, « pour une répartition organisée des migrants sur l’ensemble du territoire » (coûtant la bagatelle d'environ 100 millions d’euros supplémentaires dans ce domaine), c’est en réalité l’organisation d’une immigration économique illégale, qui sous couvert de droit d’asile, est en train de se banaliser dans le plus grand mépris des lois de la République. C’est la fuite en avant !

Une immigration économique déguisée derrière la défense du droit d’asile

Les 2800 migrants de la porte de la Chapelle sont, Afghans, Soudanais, Somaliens… Mais où sont passés les Syriens ? De plus, ce sont essentiellement des hommes, et donc relevant largement d’une immigration économique, comme les analystes le repèrent, car on ne laisse pas sa famille, ses enfants derrière soit lorsqu’elle craint pour leurs vies. Le droit d’asile devient un prétexte pour justifier une immigration économique illégale. On sait depuis une enquête de l‘ONU de 2015, que c’est une majorité d’hommes qui migrent, jusqu’à 72% des migrants, 66,6% par exemple en Allemagne. Le coordinateur national du programme de relocalisation des demandeurs d'asile arrivant de Grèce et d’Italie vers la France, Kléber Arhoul, constatait en mars 2016, que la population accueillie était très majoritairement masculine. On ne rêve donc pas !

L’immigration économique est règlementée et s’inscrit dans les 200.000 arrivées annuelles d’étrangers légaux, ce qui représente déjà le doublement du nombre de ceux qui arrivaient avant les années 2010. Des migrants qui eux font l’effort d’entrer en respectant les obligations que tout pays est en droit d’exiger pour admettre au séjour, souvent dans la perspective d’une installation durable avec le regroupement familial en perspective. C’est un contrat réciproque d’engagement, entre le migrant qui vient s’installer pour travailler et participer de faire fructifier la société d’accueil, dans le respect des lois et principes de la République, et l’Etat, qui se doit de fournir tous les moyens nécessaires à l’intégration civique, sociale et économique, de ces personnes. Voilà tout ce qui est balayé sans le moindre questionnement sérieux par ceux qui, par leur attitude d’ignorance de nos frontières et de nos lois, de l’intérêt général, créent les conditions de cet appel d’air aux conséquences incalculables, en se faisant passer pour les meilleurs des humanistes.

L’action humanitaire ne saurait se substituer à une politique d’accueil et d’intégration 

On ne peut pas reprocher à la France de ne pas pratiquer une politique d’asile et d’accueil ambitieuse, car nous avons largement accueilli avec la multiplication par deux depuis 2010 des demandes d’asile en France, pour dépasser, comme on le pressent au rythme des demandes actuelles, un chiffre de 100.000 en 2017. Ces demandes ont donné lieu à 35% de réponses favorables, triplant ainsi dans la période le nombre d’admis au séjour. L'acquisition de la nationalité française hors mariages, a progressé entre 2015 et 2016 de 10%.

Ceux qui aujourd’hui justifient cette immigration économique illégale, se rendent responsables d’une situation qui va voir une large partie d’entre eux, après avoir été déboutés du droit d’asile, se retrouver dans une extrême précarité, sans titre de séjour, pour venir grossir le flot des SDF et des sans travail. Et là, les mêmes associations qui en appellent à l’accueil inconditionnel des migrants et les élus qui les y encouragent, crieront à la violation des droits de l’homme, pour réclamer leur régularisation sans condition. La boucle est bouclée, mais est-ce bien raisonnable ?

Certainement non ! L’action humanitaire ne saurait se substituer à une véritable politique d’accueil et d’intégration, qui implique la maitrise des flux migratoires.

Un accueil sans mesure qui porte en lui tous les dangers

Il faut aussi bien voir qu’accueillir sans mesure comprend le risque pour les migrants comme pour notre société, qu’à défaut de pouvoir s’intégrer ils ne développent des regroupements communautaires, avec leur fonctionnement clanique, contraire à nos principes républicains et à leur intérêt. 

Nous connaissons déjà de sérieuses difficultés d’intégration avec la montée des affirmations identitaires, qui se font de plus en plus prégnantes, avec des groupes de pression bien organisés qui jouent sur une victimisation à outrance des étrangers ou de leurs descendants, pour contester la République, ses principes, tout particulièrement sa laïcité. Une partie d’entre eux est tentée par le communautarisme, derrière la logique collective duquel s’effacent les individus et leurs droits, mettant en danger l’unité et la cohésion de notre pays à travers la mise en cause de notre modèle républicain, qui au contraire fait prévaloir que seuls les individus doivent être titulaires de droits. On relèvera au passage qu’encourager cette immigration économique promise à ne pas pouvoir trouver sa place dans notre société, ignorant les principes qui la régissent au risque de favoriser le multiculturalisme et les séparations ethnico-religieuses, revient à faire voler en éclats ces forces sociales dont se réclament souvent les défenseurs inconditionnels des migrants, qui font contrepoids aux politiques libérales. 

Attention donc à ne pas encourager une immigration économique illégale essentiellement masculine, derrière le droit d'asile, à laquelle on ne pourra répondre, créant du malheur sur le malheur, promettant la division à plus ou moins court terme, et une marmite du diable pour les extrêmes.

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