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Girl power ? Pas de ça chez elle : ce qu’Hillary Clinton a vraiment dit pendant son discours d’investiture à la convention démocrate
©CBS

THE DAILY BEAST MAISON BLANCHE 2016

La candidate démocrate a prouvé qu'elle était fin prête à donner son premier discours de l'Union. Trump en est toujours à bombarder des insultes sur Twitter.

Eleanor Clift

Eleanor Clift

Eleanor Clift est journaliste pour The Daily Beast.

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par Eleanor Clift - Copyright The Daily Beast

Hillary Clinton s'affirme comme une dirigeante sûre d'elle, une femme qui possède les connaissances, la stature et la personnalité requises pour diriger la plus grande armée du monde. Pendant quatre jours, les démocrates (et des républicains aussi) ont souligné le côté historique de l'investiture d'une femme par un parti, mais Hillary Clinton a attendu d'être bien lancée dans son discours d'acceptation pour aborder ce point . "Je suis là en tant que fille de ma mère et mère de ma fille. Je suis heureuse que ce jour soit arrivé. Et je suis heureuse pour tous les hommes et garçons car quand une barrière tombe en Amérique, elle tombe pour tout le monde".

Puis elle est passée à la suite. Devenir la première femme présidente n'est pas l'argument qui la fera élire. Pas plus que le story telling qui la vend comme chaleureuse et amicale. Dans ce discours très attendu, elle a fait un peu de tout. Elle n'a pas eu à refaire cette histoire, d'autres ont été chargés de la présenter comme la femme aux multiples facettes, une personne entière, une bonne amie, qui aime les enfants, qui fait ce qui est juste quand personne ne regarde.

Elle a évoqué les aspects de sa carrière qui étayent ce qu'elle est aujourd'hui, et pourquoi elle a choisi le service public. "Dans les mots 'public service', j'ai toujours préféré la partie service à la partiepublic", a-t-elle dit. Les sondages, les groupes de parole organisés auprès des électeurs, font remonter la perception d'une Clinton peu fiable, assoiffée de pouvoir, arrivée là où elle est grâce à son mari. "J'ai bien saisi. Certaines personnes ne savent pas quoi penser de moi", a-t-elle riposté durant le discours avant de rendre hommage à ses parents, à leurs valeurs et au socle de sa foi méthodiste.

Sa mère a été son étoile du berger, la première personne qui l'a poussée à résister aux petites brutes de la cour de récréation, et qui lui a dit : "Personne ne traverse la vie seul". Il y a vingt ans, Hillary avait titré un livre qu'elle avait écrit "It Takes a Village" . Il présentait toutes les facettes d'une collectivité qui, au-delà de la famille, entrent en ligne de compte dans l'éducation des enfants. Les républicains, à l'époque, y avaient vu une charge contre les valeurs de la famille, mais on retrouve cette notion de collectivité dans le slogan de la campagne Clinton, Stronger Together (Plus forts ensemble). 

Elle aurait appris tôt grâce à son éducation méthodiste à "faire tout le bien possible de toute les façons possibles aussi longtemps que possible". Clinton est une marathonienne. C'est une qualité fondamentale, qu'elle amène dans tout ce qu'elle entreprend. Elle a compris tôt en travaillant pour améliorer l'accès des enfants handicapés à l'école que "aimer n'est pas suffisant pour obtenir de véritables progrès, il faut changer les coeurs et les lois". Si Hillary Clinton est élue, nous ignorons si elle gouvernera de façon différente parce qu'elle est femme. Nous savons que les femmes au pouvoir ont un style de leadership plus 'inclusif'. Clinton hériterait d'un pays plus divisé maintenant qu'il ne l'était voici huit ans quand Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche en promettant d'unir le pays.

Nous savons aussi qu'un autre point fort de Hillary Clinton est sa résilience. Nous avons vu comment elle a rebondi après avoir perdu la bataille de l'assurance-santé en 1994, comment elle a sauvé son mariage d'un énorme scandale, et comment elle est devenue la partenaire de confiance de l'homme qui l'a battue en 2008, Obama. Son discours a été plus scolaire qu'inspirant, un tunnel des éléments qu'il faut additionner. On aurait dit un président en train de faire un discours de l'Union plus qu'un candidat politique servant de la viande rouge à ses fidèles.

Elle est ainsi. Les électeurs à la recherche d'authenticité peuvent en trouver dans les nombreuses batailles qu'elle a livrées et les non moins nombreuses personnes qu'elle a aidées sans en obtenir ou en attendre en retour de la publicité personnelle. Les délégués ont loué les Etats-Unis, les victimes du 11 septembre ont été saluées, les familles de policiers tués sont montés sur la scène. On se serait cru dans Retour vers le futur tant les démocrates se sont appropriés les symboles qui appartenaient à une époque aux républicains.

Durant son discours, les accents 'Girl power' ont été mis en sourdine. L'ascendance des femmes sur le parti démocrate est maintenant tellement évident qu'il n'était pas nécessaire d'en faire trop. Clinton sait que la route de la Maison Blanche doit laisser une place aux indépendants et aux républicains. La candidature de Trump a ouvert cette possibilité. Jeudi soir, alors qu'elle se tenait sur le fond bleu ciel de cette estrade dans son tailleur pantalon blanc nacré, on pouvait l'imaginer sur un ring avec Trump. Pour une femme à qui on reproche son manque d'humour, elle en a démontré une fine couche, en notant que Trump ne parle pas de ses plans parce qu'il n'en a pas, alors que de son côté, "au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, j'adore parler des miens". 

Elle sait aussi comment énerver Trump. Elle a cité par exemple Jackie Kennedy et la réponse de cette First Lady sur la crise des missiles cubains. Son mari craignait qu'une guerre puisse être déclenchée "non par de grands hommes... mais par de petits hommes poussés par la peur et l'orgueil". "Un homme qui voit rouge pour un tweet n'est pas un homme à qui on peut confier des armes nucléaires", a dit Hillary Clinton. Durant son discours, elle a abordé de façon si détendue tous les aspects de la présidence qu'on se demande ce qui a pu empêcher si longtemps une femme d'émerger et nous ne parlons pas de n'importe quelle femme, mais de l'épouse d'un ancien Président . C'est quelque chose que nous ne reverrons plus de sitôt.

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