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Cantonales : élections fantômes ?
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Drôle de campagne

Qui sait que le 20 mars, un certain nombre d’électeurs vont être appelés aux urnes pour renouveler leurs conseillers généraux ? Pas grand monde, et cela s’explique très bien...

Nicolas Colin

Nicolas Colin

Nicolas Colin est ingénieur en télécommunications, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, ancien élève de l’Ecole nationale d’administration, inspecteur des finances. Il est actuellement associé fondateur de la société d’investissement TheFamily. Il est également administrateur de la branche numérique du Groupe La Poste et commissaire à la Commission nationale de l’informatique et des libertés, où il a été nommé par le Président de l’Assemblée nationale en janvier 2014. Auteur spécialisé dans la transition numérique de l’économie, il a co-écrit, avec Henri Verdier,L’Âge de la multitude, Entreprendre et gouverner après la révolution numérique (éd. Armand Colin, mai 2012) et, avec Pierre Collin (conseiller d’Etat), un rapport d’expertise sur la fiscalité de l’économie numérique, remis au Gouvernement en janvier 2013. Il est également enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris. 

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Les élections cantonales sont le seul scrutin de l’année 2011, alors que les précédentes éditions (notamment 2008) ont toujours eu lieu la même année que des municipales, des régionales ou des législatives, scrutins qui attirent beaucoup plus l’attention des électeurs. Comme le Sénat, les Conseils généraux sont renouvelés par tranches. Seulement la moitié des sièges de conseillers généraux font l’objet d’une élection en 2011. Les cantonales ne concernant pas la France entière, elles sont difficiles à évoquer au « 20 heures ».

Aucun camp n’attire l’attention sur cette élection fantôme : ni la droite, qui sait d’avance qu’elle va perdre et préférerait le faire dans l’indifférence ; ni la gauche, dont la certitude de gagner est telle qu’elle fait à peine campagne.

Disparition des conseillers généraux

Du fait de la réforme dite du « conseiller territorial », les cantonales de 2011 seront les dernières du genre et leurs élus ne siégeront que trois ans. Dès 2014, de nouveaux conseillers territoriaux seront élus pour siéger à la fois au Conseil général et au Conseil régional. 

Seuls les électeurs des zones rurales connaissent leur conseiller général, intermédiaire indispensable pour solliciter les décideurs du chef-lieu – alors que les électeurs des grandes villes se contentent de solliciter leur maire, souvent assez puissant pour donner suite.

Il y a pourtant bien des raisons de s’intéresser aux Conseils généraux et à ceux qui y siègent. L’ampleur des missions des Conseils généraux et le montant de leur budget est un argument. La proximité avec les citoyens en est un autre, encore plus fort : dans notre système français centralisé et de plus en plus converti au système du scrutin de listes (aux élections régionales, européennes et sénatoriales), il est devenu rare d’avoir un lien univoque entre une circonscription et son élu, entre les citoyens et celui qu’ils ont désigné pour les représenter.

L'importance du contexte national

Les électeurs semblent apprécier les liens directs avec des élus de proximité. A les entendre, ce ne sont pas les considérations partisanes qui inspirent leur vote mais les projets, les engagements, les résultats. La réalité est plus nuancée : les cantonales en tant que telles intéressent peu les électeurs et, pour ceux qui prennent la peine d’y voter, la situation politique nationale compte bien plus que l’action sur le terrain. Peu importe le bilan d’un conseiller général de droite, peu importe la qualité de son rapport aux citoyens : si Nicolas Sarkozy est impopulaire, alors les candidats de droite aux cantonales seront sanctionnés.

Le conseiller général est une sorte de personnage jeffersonien dans une France qui porte historiquement un modèle opposé : élu local de proximité dans un pays où tout se décide à Paris ; élu au scrutin direct uninominal dans une démocratie où l’on ne se demande même plus vers qui se tourner pour demander des comptes. Faut-il chercher plus loin les raisons du désintérêt qu’inspirent nos conseillers généraux ?

L'obligation de rendre des comptes

Notre culture politique tarde à faire son deuil de la centralisation du pouvoir et à découvrir enfin les vertus des institutions démocratiques de proximité. Sur ce point, les citoyens ne sont pas moins coupables que les décideurs. Mais les élections cantonales des 20 et 27 mars sont une opportunité de redécouvrir ce fondement de la démocratie, l’obligation de rendre des comptes.

Demandez des comptes, exigez des résultats, récompensez l’action de terrain plutôt que de vous en remettre aux sondages nationaux : c’est une autre manière, sans doute la meilleure, d’aborder les élections cantonales et de redécouvrir nos conseillers généraux.

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