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Bureau politique des Républicains : d'accord sur rien, collectivement ridicules
©MIGUEL MEDINA / AFP

Bureau politique

Le bureau politique LR s'est tenu dans la plus parfaite pagaille. On semble reparti dans une bataille des chefs au moins aussi indigne que celle qui opposa Copé et Fillon au lendemain de la défaite de 2012...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Tempête sous les cranes, et surtout clarification. Clarification, c'est le mot d'ordre chez les Républicains au lendemain des élections qui ont vu un certain nombre de leurs responsables accéder au gouvernement, à commencer par le premier Ministre Edouard Philippe, désormais chef de la majorité présidentielle. Mais il y a aussi Bruno Le Maire, qui s'est fait réélire sous la bannière d'En Marche, Gérald Darmanin, désormais aux commandes des" Comptes Publics", Sébastien Lecornu, secrétaire d'État à la Transition Écologique, et, presque pire pour les députés, Thierry Solère et Frank Riester, tous deux à l'origine de la création d'un groupe dissident de L.R. à l'Assemblée, nommé " les Constructifs" formé par des députés LR, et des députés UDI. Les choses se sont encore envenimées lorsque Thierry Solère, avec l'appui de la majorité En Marche a raflé à la barbe d'Éric Ciotti, le poste très envié de questeur de l'Assemblée, traditionnellement dévolu à l'opposition. Le débat de politique générale n'a pas contribué à clarifier la situation. Parmi les constructifs, douze ont voté la confiance au gouvernement et vingt-trois se sont abstenus. Ils n'étaient pas les seuls : à la surprise générale, soixante-quinze députés L.R. " canal historique" (sur cent), ont fait de même...car tous ceux des élus LR "qui ont eu chaud" aux législatives, ont encore dans leurs oreilles les récriminations de leurs électeurs leur reprochant de s'être opposés de manière systématique. Clarifier, donc, mais comment ?  Il faut exclure les fêlons disent les uns. Pas de cela chez nous, ils se sont exclus d'eux mêmes, rétorquent les autres qui ne veulent pas être des coupeurs de têtes, et espèrent qu'une partie des dissidents reviendront au bercail. Tout cela se déroule sur fond d'absence de chef, et de ligne politique, " la ligne Buisson" faisant pour l'instant office de ligne de démarcation entre les deux camps qui se compteront au Congrès. Personne ne se réclame ouvertement de cette ligne mais elle est incarnée par les tenants d'une ligne dure, incarnée par Laurent Wauquiez ou Éric Ciotti, qui s'appuient sur les militants, mais qui est rejetée par nombre de sympathisants de la droite. (77% des sympathisants approuvent l'action du gouvernement, alors même que la cote du président de la République a baissé de 4 points le mois dernier d'après le sondage IFOP-Fiducial). Ceux qui la rejettent à l'instar de Christian Estrosi ou Valérie Pécresse qui dénonce" la tentation d'un rapprochement avec l'extrême droite". C'est dans ce contexte confus que le Bureau Politique s'est réuni pour trancher sur l'attitude à adopter à l'égard des ministres et des députés constructifs. Si les participants se sont rapidement mis d'accord sur la date du Congrès pour l'élection du nouveau président, (les 10 et 17 décembre prochains), il n'en a pas été de même pour d'éventuelles sanctions contre les dissidents. La suspension de Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu de leurs fonctions partisans au sein de LR  n'a pas fait problème, mais en réalité ce sont les instigateurs du groupe les Constructifs qui sont dans le viseur. Dans un premier temps il a été décidé qu'une commission composée de trois membres (Isabelle Le Callenec, vice-présidente de LR, les anciens ministres Patrick Ollier et Jean Léonetti), auditionnerait les députés "constructifs. "Ceux qui veulent revenir, reviendront, ceux qui veulent partir, partiront," philosophait Jean Léonetti en quittant les lieux avant la fin, pour repartir dans sa ville d'Antibes. Le Président du Sénat, Gérard Larcher," opposé à toute forme d'exclusion" , la député de Paris Brigitte Koster , qui estime" qu'on a besoin de tout le monde et qu'il ne faut pas fermer la porte", avaient également quitté les lieux lorsque la discussion s'est envenimée .D'anciens députés battus chez qui les ministres issus de LR sont venus soutenir leurs adversaires d'En Marche, ont vivement protesté contre cet attentisme et le communiqué publié à l'issue du bureau Politique qui a duré trois heures , parle finalement de "procédure disciplinaire engagée contre Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester et Thierry Solère", qui " se sont placés hors des règles de notre mouvement". Ils sont pour le moment " suspendus de leurs fonctions exécutives au sein du mouvement". Et "les députés élus avec l’investiture LR, s’étant engagés à siéger au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale doivent par loyauté respecter leur engagement", précise encore le communiqué. Un simple rappel à l'ordre, en attendant...l'élection d'une nouvelle direction, mais surtout qui traduit l'embarras des Républicains face à un gouvernement qui met en œuvre des réformes qui étaient au programme de la droite...Les Républicains s'installent donc dans l'attentisme : ils savent qu'ils seront inaudibles si la politique d'Emmanuel Macron et Edouard Philippe est couronnée de succès. Pour ce qui est de l'offre alternative, des propositions pour l'avenir, pour bâtir une alternative, ils ont le temps. Elle ne s'élaborera qu'au lendemain du Congrès. Mais d'ici là la clarification se sera peut-être effectuée, non pas à coup d'exclusions des uns ou des autres mais à travers un divorce en bonne et due forme, avec la construction d'une nouvelle entité politique "constructive".

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