Bruno Le Maire : "Nous payons au sommet européen les pots cassés de la politique menée par François Hollande depuis son élection"<!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire : "Nous payons aujourd’hui les pots cassés de la politique menée par François Hollande depuis son élection".
Bruno Le Maire : "Nous payons aujourd’hui les pots cassés de la politique menée par François Hollande depuis son élection".
©Reuters

Marche arrière

Alors que le Parlement européen a refusé de voter le nouveau budget en l'état, le constat de l'échec français est déjà entériné. Une petite victoire française sur la PAC tout de même, négociée par... Nicolas Sarkozy.

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire est député LR de l'Eure, et candidat à la primaire de la droite et du centre.

Il a été successivement directeur de cabinet de Dominique de Villepin, secrétaire d'État aux Affaires européennes et ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche.

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Atlantico : La presse parlait hier d’un Trafalgar pour François Hollande à la suite de la bataille sur le budget européen ? Peut-on parler en effet d’une défaite majeure pour la France ?

Bruno Le Maire : Cette nouvelle me remplit de tristesse car cet épisode est le signe clair de la relégation de notre pays sur la scène continentale. J’ai toujours considéré que la France devait être aux avant-postes de la construction européenne en avançant des propositions fortes. Cela n’a pu se faire dans le passé qu’à travers une discussion avec nos partenaires et l’on peut regretter que cette méthode n’ait pas prévalu ces derniers mois.

Nous payons aujourd’hui les pots cassés de la politique menée par François Hollande depuis son élection et je n’ai cessé de tirer la sonnette d’alarme depuis des semaines pour avertir du fait que la posture adoptée n’arriverait à convaincre personne. Les grands discours sur la nécessité d’une Europe de la croissance n’a jamais trouvé grâce aux yeux de nos partenaires et le résultat actuel est ici bien visible. Les propos presque injurieux de certains ministres du gouvernement actuel à l’égard de Mme Merkel n’ont par ailleurs rien amélioré et cela se paie au prix fort. La France est aujourd’hui en train de s’isoler et la situation des relations franco-allemandes devient de plus en plus préoccupantes. Ainsi l’image forte de la semaine de commémoration du traité de l’Elysée a été la photo d’Angela Merkel et de David Cameron au sommet de Davos, paradoxe en soit inquiétant. François Hollande porte toute la responsabilité de ce recul diplomatique et le vote d’aujourd'hui est clairement révélateur de cette dynamique regrettable.

Le budget de la PAC est néanmoins préservé. S’agit-il d’une victoire à la Pyrrhus qui a fait céder la France sur les autres questions ?

La victoire sur la PAC est une victoire de Nicolas Sarkozy, j’en suis le témoin. Nous avions obtenu en 2011 un maintien à l’euro près du budget de la Politique Agricole Commune et François Hollande ne fait ici que récolter les fruits de ce travail. Nous avions pu tomber d’accord avec Berlin grâce à un travail long d’un an et dans lequel je me suis beaucoup impliqué. Cet épisode est l’illustration la plus criante du fait qu’il n’y a pas de solution européenne pour la France sans accord avec l’Allemagne. Quand notre pays décide de faire cavalier seul, comme cela a été le cas avec François Hollande, il se retrouve seul et l’on ne peut que s’affliger d’une telle situation.

Ce sommet a aussi été celui de l’enterrement du pacte de croissance que François Hollande avait défendu corps et âme. Cela veut-il dire qu’il ne peut faire autrement que de s’aligner sur Angela Merkel ?  

La vérité est bien pire, et je le dis dans toutes mes interviews depuis juillet, ce pacte de croissance n’a jamais existé. Il n’est qu’un mirage politique, il n’est rien d’autre que du vent que l’on a vendu aux Français pour les rassurer.  Tous les observateurs honnêtes de la situation européenne vous diront la même chose que moi. Aujourd’hui dans ce sommet, nous n’avons rien fait d’autre que de récolter ce que François Hollande avait semé en nous vendant ce pacte comme un vrai projet, c’est-à-dire l’échec magistral de le diplomatie française européenne.

La baisse du budget européen est un événement historique sans précédent dans l’histoire de l’Union. Cela démontre-t-il d’une nouvelle conception de l’Europe ?

Une nouvelle conception je ne sais pas mais il est certain que l’Europe recule et que François Hollande en porte la responsabilité personnelle. L’Europe est malheureusement en train de faire un choix terrible qui n’est autre que celui de la renationalisation des politiques. Cela se constate notamment autour des politiques d’aide aux plus démunis dont les crédits ont été revus à la baisse. Le symbole est fort puisque cela veut dire que chaque pays va devoir s’occuper de ses pauvres lui-même et ce n’est pas une belle image de l’Europe que nous donnons là. En tout cas, ce n’est pas ma vision de ce que doit être une Union supposée être construite sur une base de solidarité. 

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