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Bruno Le Maire : "Je vous surprendrai"
©Reuters

Interview

L'ancien ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy est désormais candidat à la présidence de l'UMP. Déterminé, le député UMP de l'Eure, qui vole désormais de ses propres ailes, a choisi son axe de campagne : le renouveau.

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire

Bruno Le Maire est député LR de l'Eure, et candidat à la primaire de la droite et du centre.

Il a été successivement directeur de cabinet de Dominique de Villepin, secrétaire d'État aux Affaires européennes et ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche.

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Atlantico : Vous avez choisi d’axer votre candidature autour du thème du "renouveau", que vous défendez depuis quelque temps déjà notamment avec vos douze propositions pour une "révolution démocratique" lancées l’année dernière. Que préconisez-vous pour renouveler la vie politique ? Vous vous êtes entourés d’une jeune équipe d’élus depuis deux ans. Le renouveau de la vie politique passe-t-il aussi par le renouvellement du personnel politique, notamment à l’UMP ?

Bruno Le Maire :Le renouveau dans les pratiques politiques, c’est la limitation du nombre de mandats successifs à trois, c’est le refus du cumul de mandats. Pour ma part, j’ai refusé d’être candidat à la mairie d’Evreux ce qui n’a pas empêché la ville de basculer à droite grâce à Guy Lefrand. Le renouveau démocratique, c’est de réduire le nombre de députés, de 577 à 400, c’est de démissionner de la fonction publique quand on devient député ou sénateur. C’est le renouveau dans les pratiques. On ne peut pas demander aux Français des changements sans que nous même les responsables politiques nous changions. 

Le renouveau, c’est aussi dans le fonctionnement d’un parti. On doit aux militants la transparence totale sur les comptes d’un parti, on doit savoir quelle somme a été dépensée dans les réunions publiques, la communication, le personnel…Le renouveau politique, c’est aussi d’avoir un comportement politique exemplaire, on ne doit jamais céder à la tentation de la petite phrase, de la critique des uns et des autres. Il faut remettre de la dignité dans la vie politique et encore plus en ce moment. 

Le renouveau n’est pas une question d’âge, c’est une question de pratique et d’enthousiasme. J’ai autour de moi des jeunes élus locaux comme le maire de Ouistreham Romain Bail qui a organisé les récentes cérémonies avec beaucoup de talent, des députés dont on parle peu mais qui font un travail formidable comme Sylvain Berrios, Damien Abad, Sophie Dion, Claude de Ganay, Antoine Hert…J’ai aussi le soutien d’Alain Chrétien et Olivier Carré qui m’ont dit "vas-y fonce, on a besoin de toi" la semaine dernière. Ma candidature n’est pas individuelle mais collective. J’ai déjà plus d'une dizaine de parrainages et d’autres parlementaires me rejoignent. 

Ce renouveau passe nécessairement par une nouvelle approche des besoins de la France. Quel diagnostic en faites-vous, en quoi est-il différent des autres ? Et que proposez-vous pour répondre à ces besoins ? 

Je fais le même diagnostic depuis 2012, il n’a pas changé d’une virgule. Notre modèle social est à bout de souffle, il créer de l’injustice. Ce sentiment mine le corps social. Ceux qui travaillent ont le sentiment qu’ils vivent moins bien que ceux qui ne travaillent pas. Ceux qui payent des impôts en payent toujours plus, ils voient que Manuel Valls a décidé de retirer plus d’un million de personnes de l’impôt sur le revenu. Toutes les victimes de petits actes de délinquance voient que les responsables ne seront pas jugés et pas condamnés, ils ont le sentiment d’injustice et la loi Taubira ne fait que le renforcer. 

Il ne s’agit plus de mettre des rustines mais d’imaginer un nouveau modèle français, c’est ce que je veux porter comme projet en le faisant porter sur trois bases très simples : en un, un Etat régalien fort. On doit notamment avoir une justice qui juge et qui protège. En deux, donner de la liberté aux entreprises et aux entrepreneurs : moins de contraintes administratives, moins de paperasse, moins de charges, pour donner des emplois à la France. En trois, la rénovation complète de notre système éducatif qui ne permet plus à nos jeunes de s’élever socialement. Or l’ascenseur social et le mérite, c’est la première des promesses républicaines qui n’est plus portée aujourd’hui. J’appuie tout ça sur des valeurs. La première, c’est le respect des règles et des personnes, la deuxième, la liberté, et la troisième, le mérite.

La campagne pour les Européennes a mis à jour une rupture au sein de l'UMP entre conservateurs et libéraux. Comment expliquez-vous que la synthèse entre ces deux courants ne fonctionne plus ?

L’Europe est en panne. Quand c’est le cas et que les choses n’avancent plus, les divisions avancent elles plus rapidement. On peut avoir un point d’équilibre sur cette question avec les différentes sensibilités : le point d’équilibre, c’est arrêter d’élargir l’Europe, c’est le refus de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, c'est un meilleur contrôle des frontières extérieures de l’Union et enfin une intégration à 18 dans le cadre de la zone qui permette d’avoir une vraie convergence sociale, une vraie politique économique conjointe entre les Etats. 

Une synthèse est parfaitement possible, on peut réconcilier ces familles. Je ne pense pas que les divisions des dernières semaines soient irrécupérables. C’est le rôle du futur président de l’UMP de rassembler et je veux être un chef qui rassemble. Il faut que les militants débattent et discutent, c’est à eux de faire des propositions concrètes sur divers sujets. 

Prenez le traité transatlantique. Je suis favorable à son principe car défendre nos intérêts commerciaux dans le monde n’est pas fermer nos frontières, c'est donner les moyens à nos entreprises de réussir dans le monde. En revanche nous devons gagner les guerres commerciales. Je demande donc plus de transparence sur les négociations et la stricte réciprocité des règles. Je refuse tout alignement de nos normes par le bas. Je demande enfin que le texte de l’accord soit soumis au vote du parlement français. 

Comment reconstruire la droite dans ces conditions ? Cette rupture vous semble-t-elle dépassable ? Une synthèse est-elle tenable sur le long terme ? A quelles conditions ? 

Il faut sortir par le haut  et éviter les querelles de personnes et une nouvelle guerre des chefs comme celle qui nous a miné à la suite des élections ratées de 2012. Il faut éviter d’avoir une soupe tiède comme projet. Je veux des propositions fortes et claires autour des trois grands thèmes que j’ai développés. Il faut un chef qui rassemble, des idées claires et un fonctionnement nouveau du parti.

J’appelle tous ceux qui se reconnaissent dans mon projet à adhérer ou à renouveler leur adhésion à l’UMP pour porter le renouveau en novembre prochain. 

Quel travail l'UMP doit-elle fournir jusqu'au Congrès de novembre ? Et après quelle devra être la priorité ? Comment le parti peut-il reconstruire une alternative crédible d’ici 2017 ? Quels devront être les thèmes que la droite devra réinvestir ?

Le bureau politique et le nouveau triumvirat a trois priorités: organiser correctement le congrès de novembre, et on sait que l’organisation est très lourde, il faut donc commencer dès maintenant. Ensuite, l’investiture pour les prochaines sénatoriales une échéance importante car on peut reprendre le Sénat. Enfin, la troisième priorité c’est la transparence sur les comptes du parti. On n'a pas le droit de louper l’élection de 2014, elle doit être le parfait contre-exemple de celle de 2012 et être réussie, sereine, transparente et poser des débats de fond. 

Le prochain chef de l’UMP ne devra pas être un chef de clan mais un chef de toute la famille. Il aura ensuite trois responsabilités majeures : s’opposer à François Hollande et au gouvernement, et je serai un opposant de fer si je suis élu président de l’UMP,  dire qui nous sommes et quels projets nous défendons ce qui est beaucoup trop confus pour l’instant, enfin préparer les primaires, qui est la manière la plus sereine de choisir le candidat. On devra réussir cet exercice qui sera une première pour nous. 

 Les trois piliers que j’ai développés doivent être les thèmes principaux de la droite. On ne doit laisser aucun sujet de côté, comme l’éduction qui est une préoccupation quotidienne.

Les Européennes ont aussi révélé l’existence d'une rupture entre le peuple de droite et les cadres et élus du parti, rupture que l'affaire Bygmalion semble avoir aggravée. Quelles causes voyez-vous à ce phénomène ? Et comment envisagez-vous d'y remédier ?

Quand on écoute et quand on fait confiance aux militants comme on l’a fait aux municipales, on a des résultats exceptionnels. Le peuple de droite existe, il est vivant, responsable et enthousiaste. Quand on a des divisions on voit le résultat comme aux européennes. Pour résoudre la fracture il faut consulter les militants et leur donner davantage de pouvoir. Je ferai des propositions en ce sens dans les semaines qui viennent.

L'UMP peut-elle fonctionner sans une figure forte ? Pensez-vous pouvoir l'être, sinon, qui ? Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent un côté techno et un manque de charisme ?

Il faut évidemment une figure forte à la tête l’UMP. Elle ne sera certainement pas un sauveur ni un recours. Il faut quelqu’un qui a les idées claires, quelqu’un de tempérament pour incarner l’opposition à François Hollande et au gouvernement. Vous verrez, je vous surprendrai. N’essayons pas de trouver un plus petit dénominateur commun, ce serait une erreur. 

Technocrate ? ça me fait rire et ils seront surpris pendant la campagne que je vais mener. Je l'ai lancée à Vernon dans mon département de l’Eure, puis dans le 9e arrondissement de Paris vendredi soir avec la nouvelle maire Delphine Burkli. Je serai à Colombey-les-Deux Eglises le 18 juin et dans l’Oise le 20. 

Propos recueillis par Julien Chabrout

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