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Brigitte Bardot, un phénomène culturel et sociologique
©Capture d'écran / librest.com

Bonnes feuilles

La maison d'édition "Plon" publie La recluse, Le mystère de Brigitte Bardot de Michel Goujon. Extrait 1/2.

Adulte, elle est devenue une star, un personnage. Les journalistes l’appellent B.B. Le prestigieux New York Times déclare : « Brigitte Bardot a conquis l’Amérique en trois semaines. Jayne Mansfield à côté d’elle paraît aussi inof‑ fensive qu’une fille de banlieue. Quant à Marilyn, elle peut recommencer à poser pour des photos destinées à illustrer les calendriers. » Pour les Anglais, elle est « le plus grand choc européen depuis 1789 ». Ils la surnomment the sex kitten, le chaton sexy. Ils ont décelé son côté félin et son potentiel érotique. Provocatrice et dotée d’un certain sens de l’autodérision, elle n’hésite pas à déclarer dans la presse britannique : « Je ne suis pas une bonne actrice. J’aime‑ rais… mais c’est ennuyeux, alors… je préfère être sexy. » Le journaliste Gérard Lefort écrira plus tard dans Libération qu’elle est pour les Français « le symbole du bonheur retrouvé, l’incarnation de l’idée que la guerre est finie ». Elle en efface miraculeusement les blessures et les outrages.

Les écrivains la considèrent comme un phénomène culturel et sociologique. Jean Cocteau, le Prince des poètes, fait son éloge, déclarant : « Le destin l’a mise à la place exacte où le rêve et la réalité se confondent. Sa beauté, son talent sont incontestables, mais elle possède autre chose d’in‑ connu qui attire les idolâtres d’un âge privé des dieux. » Il note, subjugué : « Elle vit comme tout le monde en n’étant comme personne.» Oui, Brigitte est différente de ses contemporains. Pour Simone de Beauvoir, elle incarne « une force de la nature, dangereuse aussi longtemps reste indomptée». Françoise Sagan salue son goût pour la transgression, son érotisme irradiant, son « instinct d’animal femelle parfaitement libre de son rang et de ses impulsions». Marguerite Duras l’appelle « la Bardot » ou encore « la reine Bardot ». L’auteur d’Un barrage contre le Pacifique et d’Hiroshima, mon amour clame, élogieuse, que l’actrice représente « l’aspiration inavouée de l’être humain de sexe mâle, son infidélité virtuelle […] qui l’inclinerait vers le contraire de son épouse, vers la femme de cire qu’il pourrait modeler, faire et défaire à volonté, jusqu’à la mort incluse». Le romancier François Nourissier lui prête « un air de bébé au bord de la faute, un équilibre instable entre le caprice et la damnation». Vadim, qui la connaît par cœur, affirme que même dans un scaphandre elle garderait son pouvoir érotique. Dario Moreno déclare dans une chan‑ son qui connaît un immense succès qu’il l’aime autant que le chocolat ! De son côté, Robert Allen Zimmerman dit Bob Dylan, sans la nommer, esquisse son portrait dans « Just Like a Woman », le « tube » de l’album Blonde on blonde. Brigitte est devenue un sex-symbol international, l’objet de tous les désirs, de tous les fantasmes. Pour certains, elle est Vénus sortie des eaux ; pour d’autres Ève la Tentatrice, la mante religieuse dévoreuse d’hommes, la femme-Don-Juan, la Scandaleuse, et pour tout dire : la salope.

Par-delà le bien et le mal, Brigitte s’affranchit des codes, des conventions, de l’hypocrisie sociale. Elle ne suit pas la mode. Avant-gardiste, elle l’invente avec des bouts de tissu et une paire de ballerines Repetto. Avec sa démarche de danseuse lascive, sa moue boudeuse, ses yeux maquillés d’eye-liner noir, sa chevelure d’un « blond incandescent » et tout ébouriffée, ses effluves d’Heure bleue, son parfum fétiche de Guerlain, elle met en application, sans le savoir, la formule d’Honoré de Balzac : « L’élégance, c’est de paraître ce qu’on est. » Et elle est au fil du temps vichy, hippie, bohémienne, biker gainé de cuir… Mais toujours elle-même : sans fard.

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