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Crise financière : 
"Pas d'effondrement, 
juste des ajustements violents"
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Chutes

Les valeurs bancaires ont plombé les bourses européennes lundi, laissant planer le doute sur leur capacité à faire face à la crise de la dette européenne.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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ATLANTICO : Comment expliquer la journée noire qu'ont connu lundi les bourses européennes ? En quoi la situation des banques européennes a-t-elle entrainé la chute des marchés ?

Franck Margain : Il faut d'abord comprendre une chose très importante : la bourse de New York était fermée lundi. Il ne s'agit donc pas que des banques européennes, mais de l'ensemble du système financier. Rappelons que nous sommes aujourd'hui dans une crise financière - et non économique. C'est une crise de dettes, d'établissements bancaires, de crédit, de qualité de crédit. Voilà pourquoi les banques souffrent plus aujourd'hui dans les bourses. Vous verrez que, New York ouvrant, toutes les banques vont être malmenées.

Par ailleurs, les banques européennes, en moyenne, sont un peu plus exposées aux dettes européennes qui aujourd'hui posent problème. Même si les États-Unis ont été "downgradés", personne ne met en cause leur capacité à rembourser. En Europe, on a vraiment conscience - et c'est une réalité - que les Grecs ne pourront pas rembourser leurs dettes. Et s'ils ne peuvent pas le faire, on voit très bien que d'autres pays ne le pourront peut-être pas non plus. Cependant l'Irlande s'en sort avec un plan d'austérité aussi drastique, car il y a une dynamique économique qui est forte et permet d'enrayer la crise financière, autant la Grèce fait le contraire.

Qu'en est-il de la situation des banques françaises : certaines sont-elles menacées ?

Non. Elles ne sont pas menacées. Elles sont excessivement bien gérées et capitalisées. Il faut arrêter de crier au loup, c'est insupportable, et ce n'est pas vrai. Maintenant, si les banques françaises ne sont pas très exposées sur la Grèce, elles le sont sur l'Italie et l'Espagne. C'est pour cela qu'elles sont attaquées.

Que veut dire "attaquées" ? Cela signifie que l'on se rend compte que, dans les années à venir, les banques ne pourront pas verser les mêmes dividendes qu'elles ont déjà versés et, la bourse étant la mesure des dividendes futurs, le marché dit qu'elles n'auront plus la même capacité de rémunérer les actionnaires, et qu'elles n'ont donc plus la même valeur à l'achat. Schématiquement, si on estime que les bénéfices vont être divisés par deux, alors le cours est divisé par deux.

C'est donc la capacité bénéficiaire des banques à venir qui est remise en cause. Je ne dis pas que ce n'est pas grave, car si vous avez la moitié de votre capital qui s'effondre en bourse, la moitié de votre bilan disparaît et votre capacité à prêter baisse de moitié ; cela aura des conséquences sur la consommation des ménages ; on va moins prêter à l'habitat, aux entreprises, mais cela ne veut pas dire que l'on va faire faillite.

Le rapport de Goldmann Sachs sur le manque de liquidité des banques européennes et les récents propos de Christine Lagarde sur leur besoin de se recapitaliser ont-ils accentué le problème en rendant public ces difficultés auparavant tenues secrètes ?

C'est là tout le problème de la politique de madame Lagarde : c'est qu'elle a raison. Il y a énormément de banques européennes qui ne sont assez capitalisées. Elle parle des banques européennes, et non françaises. Il y a quand même eu des stress tests, que les banques françaises ont toutes passé haut la main.

Dire la vérité en la matière serait-il dangereux ? Nos dirigeants doivent-il cacher les difficultés aux peuples européens ?

Il faut faire très attention. Les marchés sont très violents car tout est mondial, les informations sont très vite intégrées. Les marchés s'ajustent rapidement à une déclaration. On peut avoir l'impression que tout s'effondre en ce moment, mais ce sont en réalité des ajustements très violents. On a déjà eu une très grave crise financière en 2008, qui s'est transformée en crise économique, et depuis 2009 les cours et l'optimisme étaient repartis à la hausse, tout comme les prévisions sur la capacité bénéficiaire des banques et des entreprises. Là, on est en train de vérifier que l'on est toujours dans la même crise, et on réajuste.

Les déclarations de dirigeants internationaux comme Christine Lagarde sont dangereuses car elles ajoutent de la volatilité et rendent la remise à prix plus rapide. Le langage est très important en matière politique.

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