Bourse : le champagne va couler à flot sur les marchés mais Omicron va empêcher les feux d’artifice<!-- --> | Atlantico.fr
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La pandémie mondiale n’a pas entamé le moral des financiers. Les places boursières sont en hausse malgré la menace du variant Omicron.
La pandémie mondiale n’a pas entamé le moral des financiers. Les places boursières sont en hausse malgré la menace du variant Omicron.
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Atlantico Business

Le CAC 40 est à un sommet historique. Les marchés boursiers, dans leur ensemble, vont sabrer le champagne pour célébrer les performances 2021. Tout se passe comme si le Covid ne dérangeait pas les traders. Sauf que le variant Omicron peut cette fois dérégler la machine à gagner.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A la Bourse de Paris comme sur tous les marchés mondiaux, l’arrivée du variant Omicron, avec son tsunami de contagions, ne va pas empêcher les professionnels de la finance de sabrer le champagne mais préfigure un mois de janvier beaucoup plus compliqué que ce qu’ils ont vécu depuis le début de la pandémie. Cette vague de contaminations et l’annonce dans tous les grands pays du monde de nouvelles restrictions ne vont pas gâcher la fête, mais elles vont en ternir les couleurs.

La majorité des places boursières devraient se mettre en pause jeudi et vendredi.

Les volumes de transactions vont globalement rester faibles, mais c’est assez traditionnel. Les opérateurs soldent des positions avant de clôturer les comptes de fin d’année. On va donc assister un peu partout dans le monde, en Europe, aux Etats-Unis et en Asie à des prises de bénéfices.

Cette fin d’année a cependant deux caractéristiques qui vont la distinguer des précédentes.

D’abord, elle se termine en fanfare sur des records annuels inespérés, mais cette fin d’année donne aussi des signes d’inquiétude liés à l’explosion de l’absentéisme dans les entreprises.

1e point d’observation : Fanfares et champagne donc, pour terminer une année qui restera encore comme exceptionnelle, en prouvant que la pandémie mondiale n’a pas entamé le moral des financiers. Notamment dans les pays occidentaux. Au tout début de 2020, alors que tous les pays se confinent les uns après les autres, les marchés piquent du nez assez sévèrement mais dès le mois d’avril, tous les cours commencent à remonter. Alors que la plupart des économies sont à l’arrêt, les bourses dépassent leur niveau antérieur dès le mois d’août et battent de nouveaux records. Le mouvement haussier s’est poursuivi pendant toute l’année 2021. Paris signera l‘année avec une hausse annuelle de 29%, ce qui la place en meilleure position que toutes les autres bourses européennes, et même que la bourse américaine, puisque les trois indices américains enregistrent des progressions plus faibles entre 15% pour le Dow Jones et 23% pour le S&P 500.

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Les bourses asiatiques sont beaucoup moins bien loties. Au Japon, le Nikkei limite la casse et à Shanghai ou Shenzhen, les valeurs auront reculé de 5% en moyenne. Les investisseurs internationaux sont tentés de prendre leurs bénéfices sur les marchés asiatiques alors qu'ils restent acheteurs sur les places occidentales. Ce qui signifie qu’ils pensent que les Occidentaux resteront gagnants dans la redistribution des cartes mondiales de l’après-Covid. A vérifier.

Ce qui est certain, c’est qu’après deux années de pandémie, les investisseurs boursiers ont acquis la conviction que les systèmes d’économie de marché très décentralisés et en situation de concurrence faisaient preuve d’une résilience peu commune, à la condition que les actifs de production n’aient pas été détruits. Entre les vertus de l’industrie digitale et la réaction des banques centrales appuyée par les gouvernements, le système capitaliste, tel qu'il fonctionne en Occident, a prouvé qu'il pouvait renier, en état, les capacités de croissance et de progrès. Que ce capitalisme soit coté sur des marchés réglementés et surveillés ou alors qu’il ne soit pas coté. Parallèlement aux performances boursières, parfois extravagantes (dans l’industrie digitale notamment avec les Gafam), on a assisté à une euphorie au moins aussi importante du private equity, c’est à dire des investissements privés directs dans les entreprises. L’économie française en a profité avec la multiplication des licornes. Les levées de fonds et les augmentations de capital ont aussi battu des records en nombre et en valeur.

2e point : la grande question qui hante maintenant, les boursiers entre deux coupes de champagne est de savoir ce qui peut se passer en 2022.

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A très court terme, ils s’attendent à un ralentissement de l’économie réelle, compte tenu des incertitudes véhiculées par le variant Omicron. Les informations scientifiques disponibles ne permettent pas d’évaluer avec précision quel peut être l’effet de ce nouveau variant. On sait qu‘il est plus contagieux que le Delta, d’où l’explosion des contaminations mais on suppose qu’il est moins virulent, puisque les entrées à l'hôpital sont sous contrôle. Est-il moins grave, parce que la vaccination protège désormais une grande partie des populations ou alors est-il moins grave dans ses gènes, ce qui est probable si on en croit les épidémiologistes qui expliquent qu'avec les variants, le phénomène est assez fréquent. Ce qui annoncerait une évolution favorable de la pandémie dont les virus commenceraient à s’épuiser et à se banaliser comme un virus de la grippe.

Donc à plus long terme, l’ensemble des gérants d’actifs financiers considèrent que l’orage va passer dans les trois mois. Ils se permettront sans doute de spéculer un peu puisque c’est dans la nature du système, mais ils n’ont aucune raison de changer leur logiciel à plus long terme.

Il existe des gisements de croissance liés à l’innovation, à la lutte contre le réchauffement climatique et à la démographie mondiale.Dans ces conditions, le risque d’inflation brandi par certains analystes américains n’est pas pris très au sérieux sur le moyen terme dans la mesure où la majorité ne croit pas que le refroidissement des dirigeants chinois, qui est sans doute durable pour des raisons politiques, ne provoquera pas de ralentissement des échanges internationaux.

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La mondialisation débridée, qui s’est développée au cours des vingt dernières années, va sans doute se réguler mais ne peut pas freiner les échanges internationaux. Aux Occidentaux d’être à l’avenir un peu moins naïfs dans leurs négociations avec les Chinois mais de là à imaginer un blocage protectionniste, il y a un océan d’incertitudes.

L‘intérêt des peuples occidentaux comme des dirigeants chinois ou asiatiques est de protéger les échanges internationaux et quoiqu’on dise, la concurrence mondiale. La concurrence internationale est le meilleur rempart contre l’inflation qui a mangé une grande partie des progrès générés au 20ème siècle.

Au 21e siècle, les gouvernances mondiales ont fait preuve de plus d’intelligence qu'à la fin du 19e. Elles ont su éviter les catastrophes en l’an 2000, après les attentats du 11 septembre, en 2009 et 2010 après les subprimes et en 2020 pendant la pandémie. Les gouvernances ont su éviter que l’inflation vienne masquer les vrais problèmes.

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