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Faut-il se préparer à un baril de pétrole à 250 dollars en cas de frappes sur l'Iran ?
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Le baril flambe

Soumis à un blocus économique, l'Iran a annoncé une baisse de ses exportations de pétrole vers l'Europe. Résultat : les cours du pétrole brut de Mer du Nord frôlaient à nouveau la barre des 120 dollars mercredi. Une situation qui pourrait empirer si les pays de l'OPEP jouaient contre l'Europe en soutenant l'Iran.

Thomas Porcher

Thomas Porcher

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à PSB (Paris School of Buisness) et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Introduction inquiète à la Macron-économie (Les Petits matins, octobre 2016) co-écrit avec Frédéric Farah. 

Il est également l'auteur de TAFTA : l'accord du plus fort (Max Milo Editions, octobre 2014) ; Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).

Il a coordonné l’ouvrage collectif Regards sur un XXI siècle en mouvement (Ellipses, aout 2012) préfacé par Jacques Attali.

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Le prix du Brent (pétrole brut de la Mer du Nord) a atteint un record en 2011 avec 112 dollars en moyenne contre 79 dollars en 2010, et 97 dollars en 2008 (année du pic à 148 dollars). Cette hausse des prix a été tirée par la demande des pays émergents dans un contexte de révoltes arabes faisant peser des doutes sur l’offre. Pourtant, le cours du baril n’a pas battu son record de 2008 car la diminution de la production libyenne, passant de 1,6 million de barils par jour à 50 000 barils, a été compensée par l’Arabie Saoudite. Le marché pétrolier est donc resté en équilibre, mais néanmoins sous tension notamment à cause du spectre d’une propagation de la contestation aux grands pays producteurs de pétrole (Arabie Saoudite, Koweit, etc.).

Aujourd’hui, alors que le marché est toujours sous tension, tous les regards se tournent vers l’Iran et la question est de savoir quels seraient les effets d’un arrêt de la production de l’Iran, semblable à celui de la Libye l’année dernière ?

L’Iran est actuellement le deuxième pays producteur de pétrole de l’OPEP, avec un débit d’extraction de 3,5 millions de barils par jour. Le marché du pétrole est un marché tiré par la demande, notamment par celle des émergents. Les chiffres l’attestent : en 2011, le monde brûlait 90 millions de barils par jour contre 87,4 millions en 2010 et 85 millions en 2009. Le taux de croissance de la demande s’élève à 4% par an contre une moyenne de 1,4% de 1983 à 2000. Dans la décennie 1990-2000, le monde consommait chaque jour 1 million de barils de plus qu’un an auparavant, désormais ce chiffre est de 3,3 millions de barils en plus par jour. Du côté de l’offre, l’OPEP (Organisation des pays exportateur de pétrole) ajuste toujours ses quotas en suivant l’évolution de la demande, de sorte que l’offre égale tout juste la demande. C’est d’ailleurs pour cela que le marché du pétrole est un marché très sensible.

Dans ce contexte, une baisse de l’offre provenant d’un arrêt de la production iranienne pourrait entraîner une hausse rapide des cours, car le marché du pétrole se retrouverait dans une situation où l’offre diminue alors que la demande augmente. Dans ce cas de figure, l’ampleur de la hausse des prix du pétrole dépendra de deux scénarii :

  • Premier scénario, l’Arabie Saoudite et les autres pays de l’OPEP ne coopèrent pas avec l’Iran, et tentent de compenser entièrement la production iranienne. L’Arabie Saoudite, qui produit actuellement 10 millions de barils de pétrole par jour, a affirmé qu’elle pourrait augmenter sa production de deux millions de barils pour remplacer le pétrole iranien. Les 1,5 millions de barils restant pourraient être compensés par les autres pays membres de l’OPEP et par la reprise de la production en Libye. Dans ce cas de figure, le prix du pétrole grimperait mais les fondamentaux étant en équilibre, la hausse des cours serait majoritairement due à la spéculation, qui représente 30% du prix du pétrole quand l’équilibre est tendu.
  • Deuxième scénario, les pays de l’OPEP décident de coopérer avec l’Iran et n’augmentent pas leurs quotas de production. L’équilibre déjà fragile du marché pétrolier est rompu et la pénurie du marché entraîne une flambée rapide des prix du pétrole, soutenue et alimentée par la spéculation. Dans ce contexte, le prix du pétrole pourrait atteindre des sommets records.




    NB : ce papier a été publié par erreur vendredi matin avec la biographie de Philippe Chalmin. L'auteur du texte est bien Thomas Porcher.

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