Blocage d’une usine Lafarge : quand l’audiovisuel public « guide » les saboteurs écologistes <!-- --> | Atlantico.fr
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Une usine Lafarge, citée dans un reportage d'Hugo Clément pour France télévisions, a été arrêtée après des dégradations.
Une usine Lafarge, citée dans un reportage d'Hugo Clément pour France télévisions, a été arrêtée après des dégradations.
©FRANCK FIFE / AFP

Blocage d'une usine Lafarge

Suite à des dégradations menées par un groupe de militants écologistes, une usine Lafarge a été arrêtée. Celle-ci avait été pointée du doigt dans un reportage d'Hugo Clément pour France télévisions.

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi

Drieu Godefridi est docteur en philosophie (Sorbonne), juriste, et dirigeant d'entreprise. Il est notamment l'auteur de Le GIEC est mort, vive la science ! (Texquis, 2010), La réalité augmentée (Texquis, 2011) et De la violence de genre à la négation du droit (Texquis, 2013).

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Atlantico : Une usine Lafarge a été arrêtée suite aux dégradations menées par un groupe de militants écologistes. Certains n’ont pas manqué de souligner que cette usine avait été sous le feu des projecteurs suite à un reportage d’Hugo Clément pour France télévisions. Faut-il n’y voir qu’une simple coïncidence ?

Drieu Godefridi : La propagande écologiste est permanente. Quand le secrétaire général des Nations-Unies se permet de taxer l’humanité d’arme de destruction massive, vous mesurez le degré d’impunité atteint par l’écologisme, ce totalitarisme du XXIème siècle. Taxer ‘les Arabes’, ‘les Noirs’ ou ‘les Blancs’ d’armes de destruction massive vous vaudrait des poursuites pénales. Mais quand il s’agit de vouer l’humanité aux gémonies, tout est permis. Ce qui est impensable pour la partie (une race) devient sympathique et guilleret pour le tout (l’humanité). C’est la force de l’idéologie. Il n’est pas un seul événement climatique — froid, chaud, sec, humide, tempête, inondation, moyenne météorologique supérieure à la normale, moyenne inférieure à la normale — qui ne soit aussitôt mis en lien, par l’ensemble de la presse ‘mainstream’, avec le réchauffement climatique anthropique. Dans l’écrasante majorité des cas, sans la moindre validation scientifique. Ce mille- feuilles médiatique est truffé de conditionnels, de si et de peut-être, mais la propagande n’en est pas moins permanente. Alors oui, le militant écologiste que vous mentionnez, réputé pour son agressivité, s’inscrit merveilleusement dans ce cadre. Il en est le symptôme et l’expression, avec cette façon si ‘extrême gauche française’ d’en appeler à la violence sans rien d’explicite, sur le mode de la suggestion. Oui, ce journaliste est un militant écologiste assumé. La vraie question à se poser est de savoir si son ‘reportage’ sur l’usine Lafarge — forge du futur —contient des éléments délictuels. Si oui, je serais partisan de les poursuivre avec la plus grande fermeté. Mais ce ne sera jamais que le symptôme d’un phénomène autrement massif et dominant les médias occidentaux traditionnels.

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Dans quelle mesure certaines émissions, sur le service public, peuvent-elles contribuer à la réflexion (et à un potentiel passage à l’acte) de militants écologistes ?

Le lien est direct, vous avez raison. Lorsque l’on accrédite constamment l’idée que l’humanité est une arme de destruction massive, que toute émission humaine de CO 2 est problématique et que l’Homme est une sorte de virus qui prolifère à la surface de Gaïa, ‘cela ouvre des perspectives’, comme disait Lino Ventura. Lors que le simple fait d’être devient une agression, la violence en retour est légitime et nécessaire. L’encouragement au passage à l’acte est une technique délicate et sophistiquée, théorisée par l’extrême gauche américaine dans les années soixante, avant eux par les activistes nationaux-socialistes allemands. Mais c’est d’abord une stratégie marxiste, plus spécifiquement trotskyste. Elle consiste à créer un univers de référence, une réitération martelante des mêmes messages, sur le thème de l’injustice brûlante et de l’urgence à agir. Dans cet univers de références, le propagandiste ne prétend qu’au rôle de passeur. Il n’encourage jamais expressément la violence, tout au plus ‘l’action’. Toutefois, cette boucle herméneutique, qui n'est ouverte qu’en apparence — car sa raison d’être est de condamner les voies d’action classiques (démocratie, progression, débat rationnel) — rabat les esprits simples et moins formés vers cette conclusion : la violence est non seulement légitime, elle est la seule solution, et ne peut attendre. Il n’existe pas de lien personnel direct entre le propagandiste fielleux et celui qui passe à l’acte. Ils ne se fréquentent pas. Le propagandiste n’a pas besoin de connaître celui qu’il inspire. Sa créature, il est même préférable qu’elle lui reste étrangère. Pourvu qu’elle passe à l’acte. « Dans les lettres, le talent est un titre de responsabilité » : Charles de Gaulle, refusant de commuer la condamnation à mort de Robert Brasillach.

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A quel point, est-ce notamment dû à une présentation partielle et partiale des faits ? Dans quelle mesure cela se fait-il au détriment de la rationalité scientifique ? 

Allons à l’essentiel. Trois faits. Depuis que l’Occident a décidé de réduire les émissions mondiales de CO 2 (1992), les émissions mondiales de CO 2 ont explosé, et elles continueront de croître à belle allure. Pourquoi ? Parce que l’Inde, la Chine, l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique continueront de se développer. Bêtement, ces pays, quand ils ont le choix entre faire croupir dans la misère des centaines de millions de gens, ou les sortir du ruisseau, eh bien ils font le choix du développement. Égoïstement, les quelques régions d’Afrique centrale qui n’ont pas encore pris le train du développement considèrent que se chauffer en brûlant des excréments d’animaux n’est pas l’horizon ultime de leur développement. C’est un phénomène non seulement inarrêtable, mais souhaitable, et la dernière COP en témoigne, car ces pays se sont expressément refusé à limiter leurs émissions de CO 2 . Deuxième fait : le réchauffement climatique depuis le début de l’ère industrielle est d’un degré. Un. Ce sont les données du GIEC, plus exactement les instituts dont le GIEC synthétise les travaux, car le GIEC ne fait pas de science. C’est une réalité. Nous devons l’assumer. Mais il est inutile, vain et même criminel de crier au feu. Trois, l’alternative est entre l’adaptation à ce réchauffement, ou l’arrêt de la civilisation, l’arrêt du développement, la mise en panne de l’esprit humain et la réduction forcée de l’humanité à quelques millions d’individus, comme nous invitent les idéologues écologistes dans la lignée de Hans Jonas (‘la dictature bienveillante’), Paul R. Ehrlich et d’autres. Il n’y a qu’en Europe occidentale qu’on se pose sérieusement cette question de l’humanicide. Même en Europe, je ne crois pas qu’elle se posera très longtemps. Quand les gens comprendront la scarification existentielle qu’implique l’application de l’écologisme — la ‘sobriété énergétique’, cet hiver, leur en offrira un avant-goût — alors nous devrons reconstruire, en Europe, ce que l’écologisme a détruit. La confiance en l’avenir, et la conscience que nous — l’Homme, créature espiègle et sublime — le bâtira. Parce qu’il n’y aura personne d’autre pour y pourvoir.

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