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Bernard-Henri Lévy reporter de guerre : un homme qui aime les Kurdes ne peut pas être entièrement mauvais…
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Caméra au poing

Le philosophe est allé passer du temps au Kurdistan. Il en est revenu avec un film, Peshmerga.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Parler de Bernard-Henri Lévy est un exercice périlleux, sauf à s'inscrire dans le registre du lynchage. Dans ce cas, ovations, flatteries et applaudissements sont garantis. Car Bernard-Henri Lévy réunit un très large public disposé comme dans l'ancienne Rome à mettre le pouce vers le bas pour réclamer sa mise à mort. Il arrive à se faire détester en même temps par l'extrême-gauche (lisez Mediapart) et par l'extrême-droite (allez sur Boulevard Voltaire). En outre, il est juif, le clame, le proclame et l'écrit. Ça ne doit pas arranger son cas.

Au dictionnaire des idées reçues de la France actuelle, à la rubrique Bernard-Henri Lévy figure la mention suivante : "toujours cracher sur". Il est donc admis, une vérité révélée, que Bernard-Henri Lévy est un m'as-tu-vu, un tricheur, et que partout où il met les pieds, il sème désolation, massacre et chaos. En plus, il est riche. Ce qui n'est pas bien du tout. Pour faire simple, il serait un faiseur de guerres comme d'autres sont des faiseurs de pluie.

C'est, paraît-il, à cause de lui que différentes milices s'étripent sauvagement en Libye. C'est lui aussi qui serait responsable des morts en Ukraine. C'est lui également qui est comptable du bordel qui règne en ex-Yougoslavie. Bernard-Henri Lévy a la bougeotte. Peut-être tient-il ça de quelques lectures de jeunesse : Rouletabille de Gaston Leroux et Tintin de Hergé ? Peut-être – et il préférera sans doute cette filiation – est-il inspiré par la geste héroïque de Lord Byron s'engageant aux côtés du peuple grec contre les Turcs ?

Il s'est donc rendu à Misrata pour encourager de sa présence et de son verbe les insurgés qui luttaient contre un psychopathe du nom de Kadhafi. Il a eu tort ? Pourquoi ? Il était si bien que ça, Kadhafi ? Il a couru à Kiev, où il a été acclamé par les manifestants de Maïdan qui se faisaient trouer la peau par les nervis de Viktor Ianoukovitch, le satrape pro-russe local. Il n'aurait pas dû ? Pourquoi ? Il était si sympa que ça, Ianoukovitch ? On l'a vu à Sarajevo où il a réussi à traîner Mitterrand pour tenter de sauver du massacre les musulmans (oui, des musulmans !) bosniaques. Fallait pas qu'il y aille ? Pourquoi ? Ils étaient si attendrissants que ça, les assassins nationalistes serbes ?

A charge contre Bernard-Henri Lévy, on retiendra quand même sa propension exagérément enthousiaste à voir partout où il va des démocrates. Il les aime tellement qu'il les multiplie et qu'ils parviennent à lui cacher ceux qui ne le sont pas. Ainsi, de quelques arbres il lui arrive de faire une forêt magnifique. C'est une faiblesse. Ce n'est pas un crime.

Caméra au poing, Bernard-Henri Lévy est allé au Kurdistan. Il y est resté longtemps. Le temps de filmer les combattants kurdes, les Peshmergas. Les seuls à affronter réellement les hommes de Daesh. Les seuls à avoir dans leurs rangs des femmes, ce qui en terre d'islam est synonyme de courage et de dignité. Dans cette région où les arbres de la mort poussent bien plus haut que les dattiers, les Kurdes sont le seul peuple sans État qui en mérite vraiment un.

Depuis plusieurs générations, ils se battent pour avoir le droit de vivre en Kurdes. Contre les Turcs, l'Iran, l'Irak de Saddam Hussein… Si la légitimité d'une patrie se mesure à la quantité du sang versé pour elle, alors les Kurdes ont largement payé leur droit d'entrée. Là-bas à Mossoul, c'est aussi pour nous qu'ils se battent. Ils sont, comme le dit Bernard-Henri Lévy, nos frères, nos cousins, nos amis. On devrait les aider, sans compter ni les armes ni l'argent. Le film de Bernard-Henri Lévy peut y contribuer. Alors, oui, bienvenue à Peshmerga.

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