Benoist Apparu : "Le gouvernement ne pouvait pas mieux s’y prendre pour faire fuir les propriétaires et les investisseurs"<!-- --> | Atlantico.fr
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"L’encadrement des loyers va faire baisser la production de logements".
"L’encadrement des loyers va faire baisser la production de logements".
©Flickr

A revoir !

Ancien ministre délégué au Logement, Benoist Apparu émet des réserves quant au projet de loi de Cécile Duflot qui propose un encadrement et une garantie universelle des loyers.

Benoist Apparu

Benoist Apparu

Benoist Apparu est un homme politique (UMP). Il est actuellement député de la Marne et maire de la ville de Châlons-en-Champagne. Il a été ministre délégué chargé du logement de février à mai 2012

 

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Atlantico : Cécile Duflot, ministre du Logement, présente ce mardi son projet de loi pour l'Accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) à l'Assemblée nationale. Quel est votre regard sur ce projet de loi ?

Benoist Apparu : Il y a trois types de mesures principales qui se dégagent de ce projet de loi. Tout d’abord, le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI) que j’approuve, car c’est à l’échelle intercommunale qu’il faut maintenant définir l’avenir des bassins de vie.

Ensuite, je suis résolument défavorable à l’encadrement des loyers et à la garantie universelle des loyers.

L’encadrement des loyers va faire baisser la production de logements, le gouvernement traite la conséquence d’un problème et en oublie la cause. La cause du problème c’est le manque d’offre par rapport à la demande. Quand on régule les prix, on s’attaque à la conséquence du problème, mais pas à la cause qui est le manque de production de logements à Paris et en Île-de-France. Ce sont les investisseurs et les futurs propriétaires qui créent les logements dont on a besoin, or cette mesure bloque leur rentabilité, il y a donc peu de chance pour qu’ils investissent. L’encadrement des loyers va aggraver le problème plutôt que de le solutionner.

Les assureurs montent au créneau concernant la mesure de Garantie universelle des loyers (GUL) qui permet aux propriétaires d’être assurés du versement de leurs loyers. Comment jugez-vous ce point particulier, vous qui aviez mis en place la Garantie des risques locatifs (GRL) ?

J’y ai cru, en montant la GRL, mais je n’y crois plus. L’idée était de loger les précaires : les détenteurs d'un Contrat à durée déterminée (CDD) et les intérimaires dans les zones dites "tendues" (Paris et Île-de-France notamment). On souhaitait garantir aux propriétaires leurs loyers via une assurance, pour ouvrir la porte du logement privé aux précaires en question. Or la GRL n’a pas fonctionné, elle a fonctionné dans les zones "détendues", là où il n’y a pas de problème d’offre et de demande. Dans ces zones le propriétaire peut envisager d'élargir sa clientèle car il a du mal à trouver un locataire, le tout en étant assuré. Mais en zone "tendue", le propriétaire, qu’on lui présente un dossier assuré ou pas, souhaite avant tout avoir la garantie d’être payé, donc il privilégiera toujours les locataires en Contrat à durée indéterminée (CDI). Le propriétaire veut son loyer, mais aussi le moins de paperasse possible, il ne veut pas faire de démarches supplémentaires. La GUL sera forcément un échec.

Quelles sont vos solutions pour les précaires ?

Il faut améliorer la rotation dans le parc social, forcer le destin pour les précaires pour leur donner accès au logement. Mais la solution principale reste de construire des logements, c’est la seule solution pour détendre le marché.

Dans une interview donnée au journal Le Monde, vous aviez déclaré que le "le plafonnement des loyers est une hérésie économique", comment donc régler le problème du prix des loyers qui ne cesse d'augmenter et des bailleurs parfois peu scrupuleux ?

Il faut stopper cette chasse anti-propriétaire qui est probablement bien pour l’électorat de gauche mais qui ne rend pas service au marché du logement. En théorie, la solution est très simple, il faut réguler le marché de l’offre et la demande. Pour faire stagner ou baisser les prix, la seule solution est de construire, il n’y en a pas d’autres même si c’est long et fastidieux.

Le président de la République avait fait de très belles annonces dans son programme : il devait construire 500 000 logements par an. Le résultat aujourd’hui est que la construction de logement est beaucoup plus faible en 2012 qu’en 2011, sera plus faible en 2013 qu’en 2012 et probablement la même chose en 2014. La construction baisse depuis plus d’un an. Certes, l’équation économique n’aide pas le gouvernement à construire plus de logements, mais ils n’ont pas pris les mesures nécessaires en termes de plan d’urgence pour aider la filière de la production de logements. Tous les signaux envoyés depuis un an sont anti-propriétaires et anti-investisseurs, ce qui les fait fuir du marché !

En tant qu'ancien ministre du Logement, quelles sont vos propositions pour pallier le problème du manque de logements, notamment dans la région parisienne ?

En région parisienne, 14 000 hectares sont constructibles, donc il y a une marge de manœuvre contrairement à Paris, où certes cela semble plus compliqué. Mais il y a d’autres solutions pour réinventer les fonciers, et le gouvernement n’a pas pris les mesures pour le faire.

Propos recueillis par Manon Hombourger

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