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BCE et hausse de l'euro : les étranges erreurs de raisonnement de Christian Noyer
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Il persiste et signe

Dans une interview publié ce lundi 14 avril par le quotidien Le Figaro, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, estime que la hausse de l'euro serait due au faible niveau d'inflation, confondant ainsi la cause et la conséquence.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le Figaro publiait une interview du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, ce lundi 14 avril. Une interview qui vient confirmer les propos tenus par le même gouverneur sur la chaine LCI, quelques heures après le discours de politique générale de Manuel Valls du 8 avril dernier. Suite aux déclarations du Premier ministre, mettant en cause la politique monétaire menée par la BCE, le gouverneur cherche à se défendre.

Le quotidien se pose alors la question de la relation entre euro fort et inflation :
Christian Noyer "Il est clair que la remontée de l'euro depuis le début 2013 vis-à-vis des monnaies de l'ensemble de ses partenaires commerciaux, et pas seulement du dollar, explique pour 0,5 point la faiblesse de l'inflation dans la zone euro, qui serait donc supérieure de 0,5 % si l'euro était resté stable. Cette évolution de l'euro est un handicap non seulement pour la croissance mais également pour le retour de l'inflation à notre cible qui est proche de 2 %."
Le quotidien poursuit sur sa lancée et le gouverneur enfonce le clou :
Christian Noyer : "Cette baisse est souhaitable, mais il est plus facile de l'invoquer que de l'orchestrer. La politique monétaire de la BCE n'explique absolument pas le niveau actuel de l'euro car elle est celle qui produit les effets les plus accommodants comme en témoigne le niveau des taux d'intérêt"
Pour Christian Noyer, la hausse de la devise européenne serait la cause du faible niveau d’inflation enregistré dans la zone euro. Une inflation qui affiche un taux de 0.5% pour le mois de février 2014. A la Banque de France, le gouverneur tente d’expliquer l’inexplicable. Car si l’euro progresse depuis quelques mois, c’est justement en raison de la baisse de l’inflation. Ou comment confondre cause et conséquence. Le pied écrase le frein et la voiture s’arrête ou l’arrêt de la voiture provoque l’écrasement de la pédale ?
Les acteurs économiques observent mois après mois l’évolution des chiffres de l’inflation. A partir du moment où cette évolution des prix subit un ralentissement, l’euro change peu à peu de statut en devenant justement un refuge anti-inflation. Ce refuge attire les investisseurs du monde entier, l’euro est acheté pour ses vertus de stabilités des prix, ce qui a pour conséquence de rehausser son niveau par rapport aux autres devises. Ces autres devises qui sont-elles même en proie au même phénomène. Le cas du Yen vient ici parfaitement expliquer la situation. En février 2012, le gouverneur de la Banque du Japon décide de passer d’un objectif d’inflation de 0 à 1%, puis, un an plus tard, de 1 à 2%. La monnaie nippone va alors s’écrouler de 30% à la suite de ses déclarations. Cause - Conséquence. Mais pour Christian Noyer, il semblerait que la croyance soit inversée.
Cette rhétorique ahurissante n’a qu’un objectif : dédouaner la responsabilité de la politique monétaire européenne et de la BCE qui, selon le gouverneur "n'explique absolument pas le niveau actuel de l'euro". Le gouverneur Noyer parvient à gagner des points dans le grand concours du déni. Et cela moins d’une semaine avant sa dernière sortie à propos d’une BCE qui serait selon lui la banque centrale la plus accommodante, que nous avions déjà traitée ici.
C’est bien la politique ultra restrictive de la BCE qui est entrain de transformer l’euro en un nouveau franc suisse, refuge de valeur pour tous les investisseurs de la planète, qui a provoqué la hausse de la monnaie au cours de ces derniers mois. Il est d’ailleurs tout à fait clair que la responsabilité en incombe à la BCE, car à dé faut de contrôler le cours de change de la monnaie unique, la BCE dispose du pouvoir de contrôler le niveau d’inflation.

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