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Radars pédagogiques : 
il va falloir s'habituer à être surveillé
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Sécurité Routière

Mercredi soir, les députés ont rendu leur rapport sur l'utilité des radars à Claude Guéant, Ministre de l'Intérieur. Les radars vont être de plus en plus nombreux, il va falloir s'y habituer.

Jean-Luc Nobleaux

Jean-Luc Nobleaux

Jean-Luc Nobleaux est un journaliste dans la presse automobile et moto. Il est un ancien pilote de vitesse, vice-champion de France en 1983. Il décide en 1996 de s'orienter vers le journalisme spécialisé. Il s'occupe de sujet comme les carburants alternatifs, l'environnement, la sécurité routière et les sujets de société.

 

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Atlantico : Le durcissement de la loi sur les radars, puis le démontage interrompu des panneaux d'avertissement, tout cela sur fond de campagne présidentielle et de levée de boucliers de certains députés de droite. Du grand n'importe quoi ?

Jean-Luc Nobleaux : Les panneaux avertisseurs seront bien démontés. Le seul « changement » notable depuis 2004 et la mise en place des radars automatiques par Nicolas Sarkozy, c’est que le Français moyen n’y comprend plus rien. Il se demande pourquoi ce nouveau palier dans le durcissement sécuritaire alors que les chiffres officiels prouvent l’inefficacité de ce type de répression plus ou moins aveugle (plus on installe de cabines, moins les progrès en terme de mortalité routière sont évidents). Il se demande aussi pourquoi le gouvernement prend un tel risque d’impopularité. Mais, si pour le profane, cette « politique » est incompréhensible, pour les connaisseurs du système c’est limpide au contraire. Ce nouveau palier franchi dans le « tout-radar » s’explique. Primo, l’équipe de Nicolas Sarkozy est très concernée, c’est un euphémisme, par les flux financiers générés par le flash routier ; il s’agit de gonfler le chiffre d’affaires. Important à un an de la campagne présidentielle ! Deuzio, le maillage des radars poursuit un but moyen-termiste plus ou moins caché : il est appelé à devenir le premier flic de France, une sorte de Very Big Brother. Or, en multipliant frénétiquement les cabines, Nicolas Sarkozy booste le moteur de ce futur système de surveillance globale, et rend la machine tellement lourde, que celle-ci devient quasi impossible à stopper, même par… un éventuel nouveau président de la République en 2012.  

Pensez-vous que les "radars pédagogiques" (qui ne produisent pas de PV) puissent être efficaces  pour lutter contre les accidents de la route ?

Bien sûr, puisque eux sont placés dans des zones accidentogènes, ils font office de panneau « attention danger », l’exact contraire des Sarko-boxes, appelés à être de moins en moins signalés, et pour l’immense majorité d’entre eux, installés dans un seul but de rente fiscale. Pour en revenir aux radars dits « pédagogiques », comme tous les autres miradors routiers (radars-cabines, de feux rouges, etc.) ont aussi pour but d’habituer l’usager de la route à être surveillé. Etre photographié pendant ses déplacements doit devenir une routine.  

Quel était le propos de votre pamphlet contre les radars ? 

D’abord prévenir que la partie est truquée. Que notre « sécurité routière » est une imposture. Mais le titre du livre « Radars, le grand mensonge » est un peu réducteur, dans la mesure où je traite cette « répression routière à la française » comme un véritable sujet de société. Les usagers de la route, c’est 97% de la population active. Ce rigorisme salopard adossé à une propagande moisie, dont le système « radars » est emblématique, est un formidable révélateur du mode de fonctionnement de notre petite société, et de ses dérives : puissance publique, partis politiques, police, médias, etc. Quant à cette politique imbécile du « tout-radar » mise en place par Nicolas Sarkozy, elle colle parfaitement à l’image de la carrière politique de Nicolas Sarkozy: opaque, caricaturale, affairiste… Un sujet passionnant pour un journaliste.

Pensez-vous que le problème ait changé ?

Mon livre – écrit en 2008, sorti en 2010-, n’a jamais été autant d’actualité. Tout ce qui est annoncé dedans est en train de se réaliser : flambée des tarifs autoroutiers, stagnation puis effondrement des progrès en terme de sécurité routière, durcissement des dispositifs de répression et de contrôle de la population, chasse aux deux-roues, malaise dans les Forces de l’ordre, montée de l’insécurité réelle, retour du Front National, etc. Ce qui va nous tomber dessus demain matin y est aussi écrit. Les choses ne changent pas, elles suivent leur cours

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