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Avec Bumble ou Shapr, la guerre des sites de rencontres se déplace sur le marché de l’emploi et du business
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Atlantico Business

Le succès des nouvelles applications n’avait pas fini de bousculer les vieux acteurs comme Meetic ou Attractive World. Les petits nouveaux se préparent à leur déclarer la guerre sur le marché du business.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Depuis 20 ans, les sites de rencontres personnelles ont connu un formidable succès en proposant à leurs utilisateurs de trouver l'âme sœur en deux clics de souris. Meetic, E-Darling, match.com ont créé et organisé l’industrie de la drague, jusqu' à ce que des petits jeunes arrivent sur le marché avec des méthodes un peu plus affutées permettant aux abonnés ou aux utilisateurs de faire le choix sur un panel sélectionné et correspondant mieux à leurs affinités.

C’est comme cela qu’Attractive World en Europe et Tinder dans le monde entier ont raflé la mise en quelques années.Alors, chacun a sélectionné sa cible de clientèle, Tinder s’occupant des jeunes et Attractive World s'intéressant plus précisément aux cadres supérieurs, les CSP+.

Mais l’idée était la même, il s’agissait de présélectionner les candidats les plus adaptés à la rencontre.

Le résultat des sites nouveaux n’a pas été meilleur que celui de leurs grands anciens.Le site de rencontres est resté un site de rencontres le plus souvent éphémères.

Aujourd’hui, tout cela risque d’être balayé par des nouveaux sites qui, avec les mêmes algorithmes, ont choisi de s’attaquer au networking, de favoriser les rencontres professionnelles dans le but de faciliter les prises de contact business ou même de se faire connaître pour changer de job.

Il y a dans beaucoup de pays développés des millions de chômeurs qui ne trouvent pas de job, alors qu’il y a des millions d’entreprises qui ne trouvent pas la bonne personne à embaucher. D’où l’idée d’utiliser la technologie des sites de rencontres par affinité.

Les deux principaux acteurs qui ont décidé de défricher ce nouveau marché le font à l'échelle mondiale. L’un est américain, avec BumbleBiz et l’autre est d’origine française, avec Shapr.

Bumble a été créée par Whitney Wolfe, 28 ans, qui a développé une application qui ressemble à celle de Tinder et qui permet de mettre en relation des personnes qui ont les mêmes affinités. On est donc dans le copié/ collé de Tinder à deux exceptions près. D’abord, Bumble se veut féministe puisque l’application donne aux femmes la possibilité de faire le premier pas pendant 24 heures. C’est un peu son accroche marketing dans un monde de la Tech qui est très machiste, Bumble n‘est pas passée inaperçu.

Ensuite, l’application va mettre en relation des utilisateurs qui ont des intérêts professionnels. Et cette particularité devrait devenir le cœur de l’activité mondiale.

Le concept de ce site est intimement lié à l'histoire de sa fondatrice, Whitney Wolfe, qui en dépit de son jeune âge, est déjà bien connue dans le milieu des nouvelles technologies. C’est elle déjà qui, à 22 ans, avait cofondé Tinder, devenu le monstre sacré que l'on connaît aujourd’hui. En 2014, elle se fâche avec les deux fondateurs et en profite pour dénoncer le climat antiféministe ainsi que le harcèlement sexuel qui pollue cette industrie nouvelle sans que personne n’ose en parler.

Elle, elle va en parler, et même porter plainte ce qui, au passage lui permettra de sortir de Tinder avec un paquet d’argent.

Du coup, Whitney Wolfe est sollicitée d’un peu partout, mais refuse de quitter le Texas et crée Bumble dans une chambre de bonne qu‘elle va louer avec quelques copines, comme d’autres avant elles ont débuté dans un garage de San Francisco.

C’est dans son histoire personnelle qu‘elle va construire l’ADN de Bumble sur les valeurs du féminisme avec cette pointe de provocation militante à l’encontre de sa mère qui lui reprochait de draguer un peu trop les garçons.Aujourd’hui, sa mère ne lui en veut pas trop.Whitney a un site qui, au bout d’un an, rassemble 22 millions d’utilisateurs dans le monde anglo-saxon et s’apprête à investir le reste de la planète cet automne. Toujours avec le même concept, défendre les femmes avec en plus un prolongement business.

Le net working, la relation professionnelle, la formation, le marché de l’emploi sont, pour elle, les grands gisements de croissance dans les années qui viennent. D’autant que les femmes sont partout dans le monde beaucoup moins bien traitées que les hommes sur le marché du travail. Moins de salaires et de promotions.

Toujours est-il que le buzz est bon. Les investisseurs se bousculent. Whitney confirme qu’elle a dépensé 8 millions de dollars depuis la création en développement de l’algorithme qui ressemble comme un petit frère à celui de Tinder, en marketing et en proportion commerciale. Elle affirme qu’après moins d’un an, son exploitation gagne de l’argent avec les abonnements au site qui sont payants (9 dollars par mois).

La rumeur indique, dans le milieu de la Tech, qu’elle aurait refusé 500 millions de dollars pour céder son jouet. Elle ne commente pas la rumeur.

A plus d’un égard, son parcours ressemble à celui de Mark Zuckerberg, puisque moins d’un an après avoir fondé Facebook, il avait refusé 1 milliard de dollars. Facebook vaut aujourd’hui 70 milliards de dollars. Tout cela pour avoir mis au point dans un amphi de Harvard, une messagerie intranet destinée à communiquer en toute discrétion avec sa petite amie.

Le deuxième acteur sur ce secteur tout neuf est un français, c’est Ludovic Huraux, qui vient de créer Shapr, une application qui permet de mettre en contact des relations d’affaires, professionnelles ou plus si affinités mais la question n’est pas là. Muni d’un système de géolocalisation, le site vous donne chaque jour les contacts qui pourraient vous être utiles et agréablesdans la région où vous habitez ou celle où vous travaillez. Avec ces contrats, les rendez-vous se prennent, ou pas. Ludovic Huraux a levé 8 millions d’euros pour financer son développement aux Etats-Unis où il est déjà positionné.

Alors Ludovic n’est pas un débutant dans ce métier. C’est lui qui avait co-créé et animé Attractive world, un site de rencontres déjà classique qu‘il avait positionné sur le haut de gamme. Attractive World se voulait classe, chic et par conséquent cher.

Sur ce marché, il s’est aperçu que les CV valait de l’or, et que les affinités de chacun étaient très orientés business. D’où l’idée de créer Shapr. Sans savoir qu’aux Etats-Unis, la reine des rencontres sur Tinder faisait la même analyse.

Pour ceux qui s’aventurent sur ce marché, le potentiel de développement leur paraît important et plus solvable que sur le marché de la rencontre amoureuse.

Tout le monde se prépareà vendre des produits dérivésà leurs clients. Des tests de potentiel, des cours de formation, des moocs , des conférences sur le modèle des TEDx..

A moins, à moins qu’un jour prochain, dans 2 ou 3 ans, ils cèdent aux sirènes de LinkedIn. Parce que LinkedIn, formidable réseau socio professionnel, n’a pas équipé son application d’une fonction recherche des affinités, il a peut-être loupé le coche. Du coup, le site LinkedIn sert surtout de dictionnaire des affaires ou de Who’swho du business. A chacun d’y faire son marché.

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