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Austérité supplémentaire demandée à la Grèce : la goutte d’eau... ?
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Trop c'est trop !

Le Premier ministre grec Antonis Samaras entame cette semaine une tournée européenne. Il va devoir convaincre les dirigeants européens de lâcher du lest et d'assouplir les obligations de rigueur imposées par l'UE et le FMI à la Grèce.

Joëlle Dalègre

Joëlle Dalègre

Joëlle Dalègre est maître de conférences à l'INALCO, spécilisée en civilisation de la Grèce. Elle est notamment l'auteur de La Grèce inconnue d'aujourd'hui, de l'autre côté du miroir, l'Harmattan 2011, 252p. En collaboration avec 4 doctorants ou docteurs de la section grecque de l'INALCO.

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Le répit estival est terminé. Le premier ministre grec Antonis Samaras commence une tournée européenne, demander, promettre, assurer, supplier... Depuis plus d'un mois l'équipe gouvernementale réfléchit Comment convaincre les payeurs plus que réticents - Allemands, Hollandais, Finlandais - que la Grèce fait tous ses efforts et tiendra ses engagements, tout en cherchant à obtenir un délai ? Comment faire accepter aux électeurs grecs une nouvelle cure d'austérité ? Comment la faire accepter aux partis alliés de la Nouvelle Démocratie ?

Les discussions sont commencées et les bruits « filtrent » dans la presse pour préparer le terrain, le détail ne sera voté qu'à la fin des consultations avec François Hollande et Angela Merkel... oh indépendance ! Il s'agit de trouver pour 2013-2014 des économies de 11,6 Milliards €, 13,5 milliards € espère même le gouvernement, pour le cas où les TVA rapporteraient moins que prévu, ce qui est le cas cette année vu la chute de la consommation. Où diable les trouver ? Les solutions proposées sont, avec obstination, toujours les mêmes, mathématiquement simples, diminuer les dépenses et augmenter les recettes. Augmenter les recettes ?

Impossible d'augmenter les TVA parvenues presque toutes au taux maximum (l'essence vient d'atteindre les 2€ le litre) ni l'impôt sur le revenu (le double de celui que paye un Français en moyenne), difficile d'augmenter le nombre des impôts alors que plusieurs impôts nouveaux ont déjà été inventés en 2 ans. Alors ? Le possible salut viendrait de la lutte contre la fraude ; un service récent, le SDOE en croisant des fichiers informatiques sur les revenus déclarés, les signes extérieurs de richesses, les dépôts effectués à l'étranger, a déjà repéré des milliers de fraudeurs, des personnes qui n'hésitent pas à déclarer le revenu minimum quand ils achètent une Porsche ! Les contrôles se multiplient. Malheureusement, les procédures légales permettant d'effectuer des saisies, des ventes de biens aux enchères (il s'agit rarement de salariés) sont très longues - deux ans au moins - obtenir des fonds placés dans un pays étranger tout aussi complexe et donc... l'argent n'est pas encore rentré.

Alors, il reste à réduire les dépenses, c'est-à-dire reprendre et aggraver les mesures déjà prises. Les idées en l'air : placer 30 000 fonctionnaires en disponibilité avec 60% de leur salaire pendant un an en attendant le chômage l'année suivante, supprimer les quelques primes qui subsistaient encore, supprimer la catégorie des salaires « spéciaux » (militaires, pilotes par ex.) qui avaient échappé jusque-là au couperet, et s'attaquer aux retraites, baisse de 2 à 40 % par paliers des retraites au-dessus de 700 € mensuels, supprimer l'augmentation de 30 € (!!!!) mensuels accordées récemment aux retraites agricole (dont la retraite est de 360 €/mois), diminuer de moitié la pension de réversion versée au conjoint lui-même retraité, diminuer les allocations versées aux (rares) familles nombreuses, allonger de 5 ans la durée minimale du travail... Les chiffres annoncés varient d'un jour à l'autre mais le schéma reste identique.

Ce qui veut dire « faire payer les mêmes »... On comprend que les députés des partis dirigeants soient réticents. Comment faire avaler la pilule à une population alors que beaucoup annonçaient déjà une rentrée houleuse ? Une seule solution : compter sur la fatigue, la résignation née du manque d'espoir, le désir éperdu d'une partie de la population de rester en Europe – ou la peur d'en sortir, au risque de provoquer une nouvelle explosion sociale, au moment même où le déficit des comptes courants grecs -baisse importante des intérêts à verser, hausse des exportations vers les pays extra-européens, chute des importations- s'améliore. La décision n'est pas aux mains d'Andonis Samaras ;entrent en jeu le FMI les élections américaines, les législatives prochaines en Allemagne ou aux Pays-Bas, la situation des autres pays de l'Europe du sud... Andonis Samaras, réaliste, cherche déjà par quels moyens il pourra faire avaler progressivement les mesures à la population.

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